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La polykystose rénale (PKD) est une maladie génétique caractérisée par la formation de kystes dans les reins, qui grossissent et détruisent progressivement le tissu rénal normal. Cela conduit à une insuffisance rénale, nécessitant souvent une dialyse ou une transplantation rénale. La PKD affecte environ 12,5 millions de personnes dans le monde.
Récemment, des recherches(1) ont montré que le régime cétogène (ketogenic diet), pauvre en glucides et riche en graisses, pourrait aider à contrôler la progression de cette maladie.
Qu’est-ce que la polykystose rénale et comment affecte-t-elle les reins ?
La polykystose rénale est une maladie génétique caractérisée par le développement progressif de multiples kystes liquidiens au niveau des reins. Ces kystes résultent d’une croissance anormale de l’épithélium tubulaire rénal et grossissent progressivement, conduisant à une augmentation du volume des reins.
Les reins sont affectés de plusieurs façons :
- Les kystes compressent et détruisent progressivement le parenchyme rénal normal, altérant la fonction de filtration des reins. Cela conduit à terme à une insuffisance rénale chronique.
- L’augmentation du volume des reins déforme l’architecture rénale et obstrue les voies urinaires, ce qui favorise les infections urinaires et la formation de calculs.
- La présence des kystes et l’hypertrophie des reins sont responsables de douleurs abdominales ou lombaires chroniques.
- On observe fréquemment une hypertension artérielle, conséquence de la compression des vaisseaux rénaux et de la libération de rénine par les kystes.
Ainsi, la polykystose rénale est une maladie évolutive qui altère progressivement la structure et la fonction rénale, aboutissant le plus souvent à une insuffisance rénale terminale nécessitant la dialyse ou la greffe. L’atteinte des reins par les kystes explique la majorité des symptômes observés au cours de cette maladie.
Preuves de l’efficacité du régime cétogène
En décembre 2022, une étude clinique menée par l’Université de Cologne a confirmé que le régime cétogène était efficace pour contrôler la PKD chez l’homme.
Dans cette étude, 66 patients ont été répartis en 3 groupes :
- Un groupe ayant suivi un régime cétogène strict pendant 3 mois ;
- Un deuxième groupe ayant effectué 3 jours de jeûne hydrique une fois par mois ;
- Un troisième groupe témoin ayant suivi les recommandations alimentaires standard.
Résultats : chez les patients ayant le régime cétogène, la croissance des kystes rénaux a été significativement ralentie. Le volume total des kystes a diminué de 8 %.
Une amélioration de la fonction rénale a également été observée dans ce groupe.
Mécanismes d’action
Les mécanismes exacts par lesquels le régime cétogène agit sur les kystes rénaux ne sont pas totalement élucidés. Cependant, plusieurs pistes sont explorées :
Réduction de la prolifération cellulaire : la cétose semble inhiber certains facteurs de croissance impliqués dans la prolifération des cellules bordant les kystes.
Amélioration du métabolisme énergétique : la cétose pourrait corriger des anomalies du métabolisme énergétique des cellules rénales kystiques.
Effets anti-inflammatoires : la cétose diminuerait l’inflammation chronique associée à la PKR.
Inhibition de mTOR : la cétose inhiberait l’activation de la voie mTOR, impliquée dans la croissance cellulaire.
Quels que soient les mécanismes exacts, il est clair que l’état de cétose induit par le régime cétogène a un effet bénéfique direct sur les cellules bordant les kystes rénaux.
Bénéfices pour les patients
Pour les patients atteints de PKD, ces résultats représentent un espoir de mieux contrôler l’évolution de leur maladie grâce au régime alimentaire.
Le Dr Thomas Weimbs, biologiste à l’Université de Californie et investigateur principal de l’étude clinique, s’est dit “vraiment heureux” des résultats obtenus. Selon lui, “nous avons maintenant la première preuve chez l’homme que les kystes n’aiment vraiment pas être en cétose”.
Concrètement, adopter un régime cétogène pourrait permettre aux patients de :
- Ralentir la destruction de leurs reins et préserver plus longtemps leur fonction rénale ;
- Retarder le recours à la dialyse et à la transplantation ;
- Réduire les douleurs liées à l’augmentation de la taille et du nombre des kystes ;
- Améliorer leur qualité de vie.
Autres bienfaits et limites du régime keto
Outre son effet sur la progression de la PKR, le régime cétogène présente d’autres bénéfices potentiels :
- Perte de poids, en particulier de la graisse viscérale ;
- Amélioration du contrôle de la glycémie chez les diabétiques ;
- Diminution des facteurs de risque cardiovasculaire ;
- Effets neuroprotecteurs (maladie d’Alzheimer, Parkinson…).
Cependant, ce régime drastique n’est pas dénué d’effets secondaires :
- Possibles carences en micronutriments si mal réalisé ;
- Effets indésirables digestifs fréquents (constipation, diarrhée) ;
- Difficulté d’adhésion au long cours pour beaucoup de patients ;
- De plus, les effets à très long terme (plusieurs années) ne sont pas connus.
Ce qu’il faut retenir
Bien que des études supplémentaires soient nécessaires, les patients motivés peuvent d’ores et déjà essayer un régime cétogène, de façon réfléchie et sous surveillance médicale. Associée à d’autres mesures hygiéno-diététiques, cette approche nutritionnelle innovante pourrait permettre de préserver durablement la fonction rénale et d’améliorer la qualité de vie des personnes malades.
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Sources éditoriales et fact-checking