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Elles sont banales, pourtant encore taboues et mal comprises : les infections urinaires (cystites) touchent chaque année des millions de personnes dans le monde. Douleurs en urinant, envies pressantes, ces symptômes gênants doivent vous alerter.
Dans ce guide complet, nous verrons ensemble tout ce qu’il faut savoir sur le b.a.-ba des infections urinaires. Vous découvrirez leurs causes, leurs différents types, les examens médicaux nécessaires pour les diagnostiquer. Je vous donnerez également des remèdes disponibles pour soulager rapidement ces symptômes, et surtout, vous saurez comment éviter que ces infections se répètent !
Les causes multiples des infections urinaires
Les infections urinaires peuvent survenir pour de nombreuses raisons. En effet, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés par la recherche médicale.
Le sexe féminin, une prédisposition anatomique
De par leur anatomie, les femmes sont plus vulnérables face aux infections urinaires. Leur urètre étant plus court, les bactéries intestinales remontant de la région anale parviennent plus facilement jusqu’à la vessie. De plus, l’environnement vaginal constitue un réservoir microbien propice à la prolifération de germes pathogènes.
Les rapports sexuels, vecteurs de contamination
L’acte sexuel favorise les infections urinaires par un double mécanisme. D’une part, il occasionne un brassage de la flore microbienne entre partenaires, d’autre part, il engendre une pression mécanique sur la région vésicale. Ainsi, la pénétration vaginale pousse littéralement les bactéries présentes vers les voies urinaires supérieures.
Le diabète sucré affaiblit les défenses immunitaires
Le diabète sucré, en provoquant une hyperglycémie chronique, diminue l’efficacité du système immunitaire. Les globules blancs deviennent moins performants pour phagocyter les agents pathogènes. De plus, l’excès de sucre dans les urines favorise la pullulation microbienne.
L’utilisation de sondes urinaires ouvre la porte aux germes
L’introduction d’une sonde urinaire, que ce soit de façon temporaire ou permanente, constitue une porte d’entrée pour les bactéries. En effet, ce dispositif médical crée un pont direct entre la flore cutanée périnéale et l’arbre urinaire, court-circuitant ainsi les mécanismes de protection naturels.
Des anomalies anatomiques facilitent la migration des bactéries
Certains problèmes structurels au niveau des voies urinaires, comme un reflux vésico-urétéral, des lithiases rénales ou des malformations congénitales, favorisent la survenue d’infections. En perturbant la circulation normale de l’urine ou en créant des zones de stase, ils offrent un terrain propice à la pullulation microbienne.
Un système immunitaire déficient est démuni
Face aux agressions bactériennes, un système immunitaire affaibli est en position de faiblesse. Que cette immunodépression soit secondaire à une pathologie, à un traitement médicamenteux ou à l’âge, elle entrave les réactions de défense de l’organisme. Ainsi, les infections parviennent à s’implanter et à proliférer plus facilement.
La grossesse modifie l’équilibre urinaire
Durant la gestation, la pression accrue de l’utérus gravide sur les voies urinaires ainsi que les modifications hormonales fragilisent les barrières naturelles contre l’infection. De plus, l’évolution du pH urinaire en milieu alcalin favorise le développement des germes.
La petite enfance et le grand âge, des étapes de vulnérabilité
Aux deux extrémités de la vie, le risque infectieux est majoré. Chez le nourrisson, l’immaturité relative du système immunitaire le rend plus sensible. Chez la personne âgée, l’immunosénescence due au vieillissement cellulaire diminue les capacités de lutte anti-infectieuse.
Ainsi, de la constitution anatomique aux fluctuations physiologiques, de nombreux facteurs expliquent la survenue des infections urinaires.
Symptômes
Les infections urinaires peuvent se manifester par divers symptômes, plus ou moins intenses selon le degré et la localisation de l’infection.
Symptômes urinaires
Ces symptômes sont liés directement à l’acte d’uriner. Ils témoignent d’une irritation ou d’une inflammation de la vessie et de l’urètre.
Le symptôme cardinal est la dysurie, c’est-à-dire la sensation de brûlure en urinant. Cette brûlure est parfois si insupportable que la personne retient volontairement ses mictions.
On observe également très souvent des mictions impérieuses. La personne ressent un besoin intense, urgent et fréquent d’uriner. Cependant, seul un faible volume d’urine est émis à chaque miction.
L’urine peut aussi présenter un aspect troublé, prendre une teinte rosée due à la présence de sang, ou encore dégager une odeur nauséabonde.
Douleurs pelviennes et lombaires
L’infection et l’inflammation peuvent irradier hors des voies urinaires et causer des douleurs dans les territoires adjacents :
- Douleurs abdominales basses, au niveau du pubis ou des aines ;
- Douleurs lombaires, de type lombalgie, souvent unilatérales.
Ces douleurs traduisent une extension locorégionale de l’infection, par exemple une pyélonéphrite avec atteinte d’un rein. Elles signent une infection grave.
Signes généraux
Lorsque l’infection urinaire devient sévère et qu’elle n’est pas contenue localement, des signes généraux peuvent apparaître :
- Fièvre élevée ;
- Frissons intenses ;
- Grande fatigue et courbatures généralisées.
Cet état fébrile témoigne d’une réaction inflammatoire systémique de l’organisme face au foyer infectieux.
Troubles digestifs
Certains patients présentent des troubles digestifs tels que nausées, vomissements ou diarrhée. Le mécanisme physiopathologique n’est pas clairement élucidé. Ces symptômes sont plus fréquents chez l’enfant.
Confusion mentale du sujet âgé
Chez la personne âgée, l’infection urinaire peut se manifester de façon atypique par une altération de l’état mental : apparition ou aggravation d’une confusion mentale, désorientation temporo-spatiale, troubles du comportement. Ce tableau correspond à une infection urinaire surajoutée à une fragilité cognitive préexistante.
Diagnostic
Le diagnostic d’une infection urinaire repose sur plusieurs examens permettant de confirmer la présence d’une inflammation ou d’une infection.
Analyses d’urine
Plusieurs types d’analyses d’urine sont réalisées pour diagnostiquer une infection urinaire.
Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
L’ECBU est l’examen de référence pour le diagnostic des infections urinaires. Il s’agit d’une analyse microscopique et bactériologique d’un échantillon d’urine, visant à détecter :
- La présence de globules blancs (leucocytes) témoignant d’une inflammation ;
- La présence de hématies révélant des lésions de la muqueuse urinaire ;
- L’identification du germe responsable de l’infection urinaire et sa numération ;
- La réalisation d’un antibiogramme pour tester la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques.
Examen biochimique des urines
En complément, un examen biochimique permet de doser certains composants chimiques anormalement présents :
- Protéines témoignant de lésions rénales ;
- Nitrites suggérant la présence de bactéries ;
- Leucocytes confirmant l’inflammation.
Imagerie médicale
Des examens d’imagerie peuvent aussi être prescrits pour visualiser d’éventuelles anomalies de l’appareil urinaire.
Échographie
L’échographie permet de vérifier l’état des reins et de la vessie, et de détecter :
- Des dilatations des cavités excrétrices (bassinets et uretères) ;
- Des reflux vésico-urétéraux ;
- Des images évocatrices de pyélonéphrite aiguë.
Uroscanner
L’uroscanner est un examen tomodensitométrique des voies urinaires utilisant un agent de contraste iodé injecté par voie intraveineuse. Il apporte des informations sur :
- Des anomalies morphologiques fines ;
- D’éventuels obstacles sur les voies urinaires ;
- Des lésions parenchymateuses rénales.
Traitements
Le traitement d’une infection urinaire dépend de plusieurs facteurs et vise à soulager les symptômes et à éliminer l’infection.
Traitements médicamenteux
Antibiotiques
La prise d’antibiotiques constitue la pierre angulaire du traitement d’une infection urinaire. Ces médicaments agissent en détruisant les bactéries à l’origine de l’infection ou en limitant leur croissance.
- Choix de l’antibiotique : Le type d’antibiotique et la durée du traitement sont déterminés en fonction du germe en cause, de la localisation de l’infection dans l’appareil urinaire et des antécédents du patient. L’uroculture, qui identifie la bactérie responsable, guide le choix de l’antibiothérapie la plus appropriée.
- Respect de la prescription : Il est primordial de prendre les antibiotiques selon la posologie et la durée prescrites, même si les symptômes disparaissent au bout de quelques jours. Un arrêt prématuré du traitement favorise la récidive de l’infection et le développement de résistances bactériennes.
- Effets secondaires : Certains antibiotiques peuvent provoquer des effets indésirables comme des nausées, de la diarrhée ou des éruptions cutanées. Le médecin pourra ajuster le traitement si ces effets deviennent trop pénibles.
Anti-inflammatoires
En complément des antibiotiques, la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permet de soulager rapidement les symptômes douloureux ou la fièvre causés par l’infection urinaire.
Mesures d’hygiène
L’adoption de bonnes habitudes d’hygiène permet de prévenir la contamination ou la réinfection :
- Boire abondamment, au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour, afin de diluer l’urine et de laver les bactéries hors de la vessie ;
- Uriner fréquemment et ne pas retenir ses mictions ;
- S’essuyer toujours de l’avant vers l’arrière après être allé aux toilettes ;
- Uriner avant et après un rapport sexuel ;
- Éviter l’utilisation de savons parfumés, de sprays ou de déodorants intimes qui peuvent irriter la zone urogénitale.
Traitements préventifs
Chez les patientes souffrant d’infections urinaires à répétition, un traitement préventif au long cours peut être envisagé.
Antibioprophylaxie
La prise quotidienne à faible dose d’un antibiotique permet de prévenir la survenue de nouvelles infections. Le choix de la molécule, de la posologie et de la durée de traitement se fait au cas par cas.
Autres options
D’autres alternatives non antibiotiques ont démontré une efficacité dans la prévention des récidives :
- Compléments alimentaires à base de canneberge, qui empêchent l’adhérence des bactéries aux parois de la vessie ;
- Probiotiques vaginaux, qui rétablissent l’équilibre de la flore vaginale ;
- Œstrogènes locaux chez la femme ménopausée, qui regénèrent les tissus atrophiés du vagin et de l’urètre.
Complications
Les infections urinaires non traitées peuvent conduire à des complications graves, voire mortelles. Il est donc essentiel de consulter un médecin et de suivre le traitement antibiotique prescrit dans son intégralité.
Complications rénales
Pyélonéphrite aiguë
La pyélonéphrite aiguë est une infection bactérienne du rein, généralement causée par une infection urinaire non traitée qui s’est propagée de la vessie vers les reins.
Les symptômes comprennent :
- Fièvre élevée ;
- Frissons intenses ;
- Douleur dans le dos, sous les côtes ou dans la région lombaire ;
- Nausées et vomissements.
Sans traitement, la pyélonéphrite peut entraîner un choc septique et insuffisance rénale. Elle nécessite des antibiotiques par voie intraveineuse à l’hôpital.
Cicatrices rénales
Des épisodes répétés de pyélonéphrite peuvent causer des lésions irréversibles aux tissus rénaux sous forme de cicatrices. Ces cicatrices peuvent entraîner à long terme une insuffisance rénale chronique.
Sepsis
Le sepsis urinaire est une complication extrêmement grave des infections des voies urinaires. Il s’agit d’une réponse inflammatoire incontrôlée à une infection bactérienne qui se généralise dans l’organisme.
Les signes de sepsis urinaire incluent :
- Fièvre supérieure à 38°C ou hypothermie ;
- Tachycardie (rythme cardiaque rapide) ;
- Tachypnée (respiration rapide) ;
- Confusion mentale ;
- Pression artérielle anormalement basse.
Sans prise en charge médicale d’urgence, le choc septique et le décès peuvent survenir en quelques heures. Le taux de mortalité du sepsis urinaire non traité dépasse 40%.
Le traitement du sepsis repose sur :
- Réanimation intensive : oxygénothérapie, volémie, vasopresseurs, ventilation mécanique ;
- Antibiothérapie à large spectre en intraveineuse ;
- Recherche et contrôle du foyer infectieux : drainage chirurgical si nécessaire.
Le mot de la fin
Il existe de nombreux conseils simples pour prévenir les récidives d’infections urinaires : boire suffisamment, ne pas se retenir trop longtemps d’aller uriner, traiter d’éventuels problèmes gynécologiques, etc. Si toutefois des symptômes apparaissent, consultez rapidement un médecin pour confirmer le diagnostic et débuter le bon traitement. Suivez-le consciencieusement jusqu’au bout avant d’arrêter. Avec ces mesures, vous devriez pouvoir vous en débarrasser, et retrouver le plaisir d’aller au petit coin sans douleur.