Notre style de vie moderne, notre régime alimentaire et les polluants auxquels nous sommes exposés au quotidien entraînent généralement ce que l’on appelle un encrassement de l’organisme. Ainsi, le drainage constitue l’une des bases essentielles de la naturopathie.
Le drainage consiste à éliminer, par l’intermédiaire de nos émonctoires (foie, reins, poumons, peau, côlon), les toxines qui peuvent encrasser notre corps (ou certaines de ses parties) ainsi que les substances nocives qui peuvent l’empoisonner.
La détoxication est un terme voisin, mais plus ciblé, qui désigne plutôt l’élimination de toxiques et éventuellement la faculté de l’organisme à résister à l’addiction qui conduit parfois à s’intoxiquer.
Ainsi, un alcoolique doit non seulement éliminer l’alcool qui pollue son corps, et notamment son foie, mais également éliminer toute dépendance à la substance toxique.
Bien sûr, le drainage favorise la détoxication de l’organisme, mais il n’agira pas suffisamment en profondeur pour éliminer une addiction, qu’elle soit physiologique ou psychologique.
Il sera nécessaire de compléter avec des plantes capables de lutter contre l’addiction physiologique et d’apporter un équilibrage énergétique (élixirs floraux, sophrologie ou autres techniques de gestion émotionnelle) pour éliminer ou gérer la prédisposition psychologique à l’addiction.
Toxines
Les toxines sont généralement des déchets, qui peuvent être produits par la digestion ou par la dégradation des bases azotées des molécules d’ADN, ou encore par le fonctionnement de la cellule. Il est donc tout à fait naturel que l’organisme produise des toxines.
Les toxines sont en quelque sorte les déchets ménagers dont la cellule et le corps doivent se débarrasser quotidiennement. Le plus courant de ces déchets est l’urée, qui est dérivée de l’ammoniac, généralement produit par la transformation des acides aminés dans les cellules.
Cet ammoniac étant très toxique pour les reins et le système nerveux, le foie le transforme en urée, un déchet qui peut ensuite être éliminé par le système rénal.
Les acides pyruvique et lactique, des déchets issus de la dégradation du glucose dans les cellules, en particulier pendant la respiration cellulaire ou la fermentation, provoquent des crampes. Une autre toxine courante est l’acide urique, qui peut se cristalliser en urates dans les articulations, provoquant une crise de goutte ou des rhumatismes.
Ces toxines sont plus ou moins présentes dans notre organisme, en fonction de notre alimentation. Certains aliments comme les abats, le chocolat, la viande rouge ou le soja peuvent être source d’une quantité excessive de toxines (acide urique et ammoniac).
Mais une mauvaise oxygénation des tissus peut également être en cause. Enfin, il faut savoir que la consommation d’aliments allergènes peut générer des toxines.
Toxiques
Le toxique est plus dangereux que la toxine. Alors que la toxine s’accumule insidieusement avant de générer une pathologie, le toxique peut être dangereux lors d’une exposition dite aiguë, c’est-à-dire qui ne dure pas plus d’une journée, par opposition à une exposition continue, qui se déroule sur une période longue et déterminée. La toxicité aiguë entraîne souvent des problèmes de santé qui peuvent nécessiter l’intervention d’un centre antipoison.
Le toxique est un poison au sens ancien du terme, capable de provoquer la mort en cas de surexposition. Il peut être d’origine naturelle, comme de nombreux médicaments contenant des alcaloïdes (cocaïne, morphine, héroïne, nicotine, etc.), l’alcool, les alcaloïdes des plantes et champignons toxiques (digitaline, amanitine, colchicine, etc.), les métaux lourds, etc. ou artificielle, comme les pesticides, les polluants de synthèse (dioxines, par exemple) ou les médicaments de synthèse (dont les drogues artificielles).
Dans le cas d’une allergie, une surexposition peut également entraîner la mort du patient, mais dans ce cas, la cause n’est pas la substance elle-même, mais une hyperréaction de l’organisme à la substance, et en particulier de son système immunitaire, qui peut provoquer, par exemple, un œdème de Quincke. Une substance toxique l’est pour tout le monde, alors qu’une substance allergène ne l’est que pour un certain nombre de personnes.
Comment éliminer ces substances nocives ?
C’est évidemment la première question qui vient à l’esprit, même si tout le monde n’a pas besoin de recourir à des techniques de drainage. Il existe de nombreuses pratiques, souvent très basiques et aux origines très anciennes.
Les méthodes de drainage les plus basiques sont le jeûne, les régimes et les monodiètes, qui sont des régimes basés sur un seul aliment. On peut citer par exemple le régime de la soupe de légumes et de pommes de terre, un grand classique du drainage, mais aussi les monodiètes à base de raisin ou de riz cuit, qui sont particulièrement drainantes.
On peut aussi effectuer des cures de printemps ou d’automne, les cures devant être faites plutôt lors des saisons de transition.
Au printemps, lors de la montée de la sève, il est conseillé de faire des cures d’aubier de tilleul ou de sève de bouleau. La cure de printemps peut également être réalisée avec de jeunes pousses, des plantes de printemps, comme l’ortie ou le pissenlit. Ces pousses et plantes de printemps permettent un drainage des toxines à la sortie de l’hiver, période où l’on s’encrasse avec une alimentation souvent trop riche (céréales, plats en sauce, produits hypercaloriques…).
En automne, les cures les plus adaptées se font avec des légumes racines, des choux ou certains fruits drainants et peu acides comme les pommes, les poires ou les raisins. Cette cure d’automne permet non seulement de drainer l’organisme, mais aussi de le renforcer contre les rigueurs de l’hiver.
Par exemple, le chou ou la pomme sont utiles pour renforcer le système pulmonaire et ORL contre les maladies liées au froid. Ce type de drainage peut être renforcé par la prise de plantes drainantes plus ou moins spécifiques, comme la bardane, excellent draineur de lymphe et de sang.
Une autre grande pratique est le drainage lymphatique, qui consiste à palper différentes parties du corps pour activer la circulation de la lymphe.
Tout d’abord, il faut savoir que si le sang est facile à drainer grâce aux émonctoires, les toxines et toxiques qui encombrent la lymphe sont en revanche plus difficiles à éliminer, car cette dernière circule très lentement dans les tissus, et peut même stagner.
Le drainage lymphatique favorise la circulation de la lymphe et la ramène autant que possible dans la circulation sanguine. Les toxines ainsi renvoyées dans le système veineux seront alors plus faciles à éliminer.
Il est enfin utile de prendre des élixirs floraux qui agissent sur les états émotionnels propices à “faire du mauvais sang”. C’est le cas lorsqu’une personne rumine ses soucis.
L’élixir de marron blanc peut être conseillé dans ce cas, en plus d’un traitement drainant. On conseille également aux personnes dont la peau est très encrassée de prendre un élixir de pommier sauvage, pour agir sur l’aspect émotionnel de l’encrassement cutané.
Le rôle des émonctoires
Je ne développerai pas ici le mécanisme d’action d’une détoxication, qui est très complexe et qui implique une action nécessaire de régulation des neurotransmetteurs, par les plantes en particulier. Nous allons plutôt nous concentrer sur la description du fonctionnement des émonctoires, puisqu’ils sont les principaux acteurs du drainage.
Il existe quatre émonctoires principaux (foie, reins, côlon, poumons) et un secondaire (peau), qui peuvent rapidement être encrassés.
Les reins
Le rein est l’organe qui nettoie le sang des toxines. Ce drainage est effectué par le néphron, une unité fonctionnelle du rein qui élimine les petites molécules toxiques et toxiniques telles que les toxines mentionnées ci-dessus, ainsi que les métaux lourds (mercure dans une moindre mesure), les médicaments de synthèse, les dioxines, les drogues…
Parallèlement, il laisse passer les petites molécules utiles à notre organisme (glucose, acides aminés, oligo-éléments, sels minéraux, eau…) que les vaisseaux sanguins entourant le néphron vont récupérer dans un second temps. De cette manière, le rein n’élimine que ce que l’organisme ne sait pas ou ne peut pas utiliser.
Le foie
Le foie est un éliminateur de déchets, notamment par la bile, mais aussi un transformateur de déchets.
Lorsque les globules rouges meurent, l’hémoglobine qu’ils contiennent est récupérée.
Le problème est que cette grosse molécule contient un élément central complexe impossible à recycler et à éliminer : l’hème. Cet hème est acheminé vers le foie, qui le transforme en un déchet éliminable, la bilirubine. Ce déchet, de couleur jaune, est évacué via la bile.
La jaunisse révèle une insuffisance de la fonction hépatique à éliminer ce déchet, de sorte qu’il s’accumule dans le sang et la lymphe et nous donne un teint jaune prononcé.
Le foie transforme également l’ammoniac en urée, comme nous l’avons expliqué précédemment, permettant ainsi aux reins de l’éliminer. Le foie est également un garde-fou post-digestif. Lorsque nous mangeons des aliments qui contiennent des toxines ou qui en génèrent, les molécules issues de la digestion traversent la barrière intestinale pour passer dans le sang et la lymphe.
Les toxines et les toxiques qui pénètrent dans la circulation sanguine sont dirigés vers le foie par la veine porte hépatique. Le foie filtre et neutralise alors ces substances indésirables. Ainsi, les drogues, l’alcool, l’ammoniac, etc. sont d’abord neutralisés par le foie.
En cas de consommation excessive d’alcool, le foie est débordé et libère dans le sang de l’éthanol non traité ; c’est ainsi que se manifestent les premières vapeurs d’ivresse.
Le côlon
Le côlon élimine principalement les cellules mortes des muqueuses intestinales et une partie de la bile de la vésicule biliaire. Mais il est aussi un éliminateur de métaux lourds. En effet, le côlon élimine 90% du mercure, alors que les reins n’en éliminent que 10%.
Les poumons
Les poumons, quant à eux, éliminent l’excès de dioxyde de carbone, limitant l’acidose du sang ainsi que certaines substances malodorantes, bien connues des mangeurs d’ail et de poireau, et de leur entourage qui les subissent…
La peau
La peau est un organe émonctoire secondaire, mais néanmoins nécessaire. Certaines personnes sont mortes dans le passé après s’être badigeonnées la totalité de la peau de peinture lors d’un carnaval.
Environ 10% des déchets sanguins sont éliminés par la peau, tandis qu’environ 90% sont éliminés par les reins. Si les reins ou le foie sont surchargés, la peau s’encrasse rapidement et des éruptions d’acné, d’eczéma, de furonculose et de boutons apparaissent.
L’utérus
L’utérus ? En effet, chez la femme, les menstruations peuvent être un facteur d’élimination des déchets. C’est pourquoi certains considèrent l’utérus comme un émonctoire supplémentaire, même si sa fonction première est de donner la vie. Cela dit, le fait que les femmes éliminent mieux les déchets peut expliquer leur plus grande espérance de vie que les hommes.

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Les émonctoires ont besoin de beaucoup d’énergie. D’où l’intérêt des diètes et des jeûnes par exemple. En effet, ces pratiques mettent le tube digestif au repos, ce qui permet de mobiliser et stimuler les émonctoires.
Ainsi, lors d’un régime ou d’un jeûne, non seulement on ne consomme pas d’aliments toxiques ou générateurs de toxines, mais on élimine davantage les toxines et les toxiques en activant notamment le foie et les reins. Ainsi, dans les premiers jours d’une diète ou d’un jeûne, les urines sont souvent foncées et malodorantes.
Les aliments dépuratifs, comme les asperges, produisent également une urine sombre et malodorante. Ce sont également des aliments de drainage. Mais le drainage peut être plus spécifique : par exemple, la racine de bardane draine la peau, le sang et la lymphe.
Le drainage, pour qui ?
Si une personne est intoxinée sans être carencée, elle peut pratiquer un jeûne (de préférence avec un suivi thérapeutique) ou un régime.
Si une personne est à la fois carencée et intoxinée, il est préférable de ne pas faire de jeûne ou de régime. Il est plutôt conseillé de prendre des plantes drainantes ou de la sève de bouleau. Comme il n’est pas facile de savoir si l’on est carencé (sauf dans les cas classiques comme l’anémie, la déminéralisation ou la carence en protéines), il est conseillé de consulter un médecin naturopathe pour savoir si le drainage est indiqué ou non.
Lorsque la charge en toxines est très élevée, comme c’est le cas chez les gros mangeurs de charcuterie, de produits industriels et transformés, de soja ou de levure (aliments riches en purine), il convient de procéder à un drainage doux, car la libération de grandes quantités de toxines ou de toxiques dans le sang peut produire ce que l’on appelle un choc de désintoxication.
Celui-ci se manifeste généralement par des boutons, ce qui peut être désagréable, mais est généralement bon signe. Ces poussées s’atténuent et disparaissent progressivement, ce qui indique que le corps se débarrasse des substances nocives.
Il existe des indications claires où le drainage est essentiel. Lorsqu’une personne souffre de rétention d’eau ou d’œdèmes, cela est généralement dû au fait que la lymphe s’est chargée de toxines, et retient alors l’eau comme pour diluer les produits toxiques ou toxiniques. Il est nécessaire dans ce cas d’activer le foie et les reins. Les cures les plus appropriées sont la sève de bouleau ou de tilleul, ou l’utilisation de plantes comme le pissenlit, le chiendent ou l’ortie.
Une personne qui a consommé des drogues ou de l’alcool peut bénéficier d’un drainage, mais, bien entendu, la dépendance doit être traitée.
Une personne souffrant de troubles veineux peut également faire un drainage. Idéalement, il convient de drainer le foie et les reins et de prendre de la racine de bardane comme draineur du sang. Ce traitement peut être complété par des veinotoniques comme la vigne rouge.
Il faut noter que seuls les adultes sont concernés par ces pratiques ; les enfants et les adolescents étant en pleine croissance, ils éliminent beaucoup plus les toxines, en principe.
Cependant, des plantes comme la racine de bardane ou l’ortie peuvent être utiles aux adolescents et aux enfants. D’une manière générale, le drainage ayant pour effet de rajeunir les tissus et de les débarrasser des toxines en excès est utile à toute personne qui en a accumulé au fil du temps.
Plus une personne a accumulé de toxines par de mauvaises habitudes de vie, plus le drainage sera utile. Mais il ne faut pas oublier de réguler son alimentation par la suite, afin de ne pas s’y exposer à nouveau.
De nombreuses personnes recherchent le drainage miracle, mais négligent ensuite d’intégrer dans leur alimentation des principes de base qui permettent d’éviter une nouvelle intoxication, ce qui rend alors le drainage infructueux.
Contre-indications
En dehors du cas des femmes enceintes, il existe des contre-indications au drainage. Tout dépend des méthodes utilisées.
Le drainage lymphatique sera par exemple totalement interdit à une personne qui a de gros problèmes veineux, car, en cas de phlébite, le risque est de faire remonter un caillot de sang dans les vaisseaux pulmonaires et de générer une embolie pulmonaire.
En outre, de nombreuses techniques de drainage sont déminéralisantes. C’est le cas de la cure de tilleul, qui n’est pas recommandée pour une personne souffrant d’ostéoporose ou d’arthrite.
Le drainage, entre besoin et nécessité
Le drainage ne doit pas être pratiqué en automédication. Il faut d’abord vérifier sa nécessité, puis identifier ce qui doit être drainé et par quels moyens. Certaines personnes sont obsédées par cette pratique, comme si elles ressentaient un besoin, conscient ou inconscient, de se purifier.
Dans ce cas, il convient de recommander uniquement des élixirs floraux, comme le pommier sauvage, utile pour les personnes qui se sentent mal dans leur peau. Le drainage doit alors être, dans ce cas, purement émotionnel. Mais attention, il ne faut surtout pas céder à ce besoin mental de purification, car le drainage physiologique et métabolique n’est souvent absolument pas justifié dans ce cas.
Si vous voulez vous drainer, contentez-vous de techniques simples au changement de saison, comme la prise de sève de bouleau. Et surtout, demandez à un médecin naturopathe d’identifier ce qui doit être drainé, ainsi que la méthode qui vous sera la plus adaptée.