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Au fil des saisons, la nature nous offre d’innombrables plantes sauvages dont les vertus nutritionnelles s’accompagnent d’effets bénéfiques sur l’organisme, notamment pour le “nettoyer”.
Nos pays dits tempérés sont en fait assez froids en hiver, à tel point que rien, ou presque, n’y pousse pendant quelques mois. Autrefois, lorsque les fruits et légumes ne faisaient pas encore le tour du monde, nous devions nous contenter de conserves, de céréales, de légumineuses et de viande salée pendant la mauvaise saison.
Ces aliments “riches” étaient connus pour encrasser l’organisme et même “épaissir le sang”. Le printemps était attendu avec impatience : les jours rallongeaient, la température augmentait et la nature verdissait. C’était la saison des jeunes pousses et des salades tendres, et chacun se précipitait, panier en main, pour récolter la douce mâche, le pissenlit au goût amer et les jets de houblon, les “asperges sauvages” de nos buissons.
Cette tradition de la récolte printanière se retrouve dans des cultures très différentes. Chez les Juifs, la Pâque rendait obligatoire la consommation des “herbes amères”, qui régénéraient le corps. Le carême chrétien, un jeûne de quarante jours, était basé sur la même idée de “purification”, à laquelle s’ajoutait la notion de pénitence pour expier les souffrances infligées au Christ. Au Japon, il est encore de tradition de consommer les “sept herbes du printemps” à la fin de l’hiver, souvent très rigoureux dans l’archipel : stellaire, bourse-à-pasteur, lampsane, œnanthe, gnaphale, navet et daikon.
En bref
- Les plantes sauvages, comme le pissenlit et la chicorée, sont riches en nutriments et fibres, et ont des effets bénéfiques sur le foie et le système digestif ;
- Ces plantes ont des propriétés médicinales, par exemple, le pissenlit est recommandé pour traiter l’insuffisance hépatique et la constipation ;
- La consommation régulière de ces plantes peut être considérée comme une forme de médecine préventive, en accord avec la philosophie d’Hippocrate qui disait : “Que ton alimentation soit ton médicament”.
L’exemple de la Crète
Il n’y a probablement pas de meilleur exemple des bienfaits de la consommation de plantes sauvages que la Crète. Sur cette île méditerranéenne, la morte-saison pour la végétation est l’été : la sécheresse et la chaleur se combinent pour brûler la végétation, qui se repose ensuite jusqu’aux premières pluies d’automne. Ce qui est pour nous la trêve hivernale se révèle être l’explosion printanière de la verdure dans la région méditerranéenne. Les Crétois se précipitent dans la campagne pour cueillir les herbes abondantes que la nature leur offre.
Près de 150 espèces sont couramment récoltées, consommées quotidiennement et vendues sur les marchés : chaque matin, des femmes vêtues de noir descendent des montagnes avec de grands sacs remplis de leur récolte et se tiennent dans les rues d’Héraklion, de Réthymnon et de La Canée pour satisfaire la demande des citadins, jamais très éloignés des traditions rurales.
Ces derniers peuvent également déguster de l’agria horta (“légumes sauvages”) dans des restaurants spécialisés. Les habitants des villes prennent souvent un jour de congé (généralement sur leur temps de travail) pour venir récolter le stamnagathi, une chicorée épineuse si prisée qu’elle se vend plus cher que la viande… et ce sont les hommes qui la récoltent !
Ce qui est frappant, c’est la conscience, toujours vivante aujourd’hui, qui sous-tend cette approche de la cueillette dans la nature. Les femmes, avec leurs tabliers remplis de pousses de tamaris, de rosettes de coquelicots, de feuilles de cèpes et de jeunes tiges de carottes sauvages, et les hommes attablés au kafenio du village sont unanimes : “C’est bon pour la santé !”. On sait que les Crétois ont été les lauréats de deux études américaines de 1948 et 1952 comparant la longévité et l’incidence des maladies cardiovasculaires dans plusieurs pays du monde.
De là est née la notion du fameux “régime crétois”, à base d’huile d’olive, de vin rouge et d’escargots… La réalité est à la fois plus complexe et plus simple : l’état de santé particulièrement brillant des Crétois est principalement dû à une consommation massive et régulière de plantes sauvages, cueillies dans la nature, généralement cuites à l’eau et servies de manière extrêmement simple avec un filet de citron et une généreuse dose d’huile d’olive.
De vrais “alicaments”
Dès que l’on se penche sur la composition des légumes et des fruits sauvages, l’explication devient claire : de manière générale, les plantes sauvages sont de véritables “alicaments”. Elles regorgent de tous les éléments dont notre corps a besoin et dont notre alimentation actuelle, basée sur les produits cultivés, manque cruellement…
Il est donc facile de comprendre que la consommation régulière de ces plantes est bonne pour l’organisme : on peut parler d’une véritable médecine préventive, en accord avec la recommandation d’Hippocrate il y a 2 500 ans : “Que ton alimentation soit ton médicament”.
Nos premiers aliments
En fait, y a-t-il lieu de s’en étonner ? Les plantes sauvages sont notre nourriture originelle : l’être humain, né il y a plusieurs centaines de milliers d’années, a dû évoluer en se nourrissant des produits qui lui convenaient le mieux, comme tous les animaux vivants dans la nature. L’agriculture n’a que 10 000 ans et n’a longtemps concerné qu’un petit nombre de plantes.
Cela fait donc très peu de temps que nous utilisons des produits qui ont été modifiés pour leur rendement, leur taille, leur aspect visuel et leurs qualités organoleptiques, au détriment de leur contenu en nutriments.
Pourtant, ces plantes sont toujours présentes autour de nous et nous pouvons facilement profiter de leurs avantages. Parmi ceux-ci, nous avons vu que leurs vertus dépuratives et détoxifiantes sont connues depuis longtemps. De manière générale, les plantes sont exemptes de graisses saturées et de purines que les produits animaux apportent en abondance.
Par ailleurs, ils sont riches en fibres, qui ont un effet de “ramasseur” sur l’intestin et favorisent ainsi l’élimination des toxines. Une consommation abondante de légumes et de fruits est donc en soi un facteur de santé et contribue également au “nettoyage de l’organisme”. Ceci est particulièrement vrai pour les plantes sauvages, qui sont exceptionnellement riches en fibres et ont souvent un effet spécifique sur le foie ou les émonctoires.
Le pissenlit
Le meilleur exemple est sans aucun doute le pissenlit (Taraxacum officinale). Il augmente la quantité de bile produite par la vésicule biliaire : une décoction de feuilles fraîches double le volume de bile excrétée, une décoction de racines fraîches le quadruple ! Elle est recommandée pour traiter l’insuffisance hépatique, les crises de foie douloureuses et la jaunisse.
En stimulant la fonction biliaire, le pissenlit favorise le transit intestinal et combat efficacement la constipation. Comme il est également diurétique, c’est un excellent dépuratif qui aide l’organisme à éliminer les toxines d’origine infectieuse ou apportées par l’alimentation et l’environnement.
Il est recommandé en cas de problèmes de peau comme l’acné, l’eczéma et le psoriasis, de rhumatismes ou de cellulite. Grâce à ses principes amers, qui stimulent les sécrétions digestives, le pissenlit possède également des vertus apéritives et toniques. En outre, il peut être utile pour lutter contre les taux excessifs de “mauvais” cholestérol. L’effet d’une simple salade de pissenlit va donc bien au-delà du simple plaisir de la consommer.
La chicorée
La chicorée (Cichorium intybus), humble plante de bord de route aux fleurs bleu pâle, possède les mêmes vertus que sa célèbre cousine. Elle stimule remarquablement la production et l’excrétion de la bile et tonifie le foie et le système digestif.
Ses jeunes feuilles, récoltées au printemps, forment l’une des salades sauvages les plus populaires de la région méditerranéenne, à laquelle notre plante est loin d’être confinée, puisqu’on la trouve dans toute la France.
Elle est également consommée cuite en accompagnement ou en soupe. La culture en a fait naître plusieurs variétés : certaines ont de grosses racines que l’on torréfie pour en faire un substitut de café, d’autres produisent des endives ou des barbes de capucin, certes savoureuses, mais beaucoup moins actives que la forme sauvage.
La racine de bardane
La racine de bardane (Arctium lappa) est traditionnellement utilisée contre les maladies de la peau : elle offre de très bons résultats dans la furonculose, l’acné, certaines formes d’eczéma, les croûtes de lait, etc. Les polyacétylènes qu’elle contient ont un effet antibiotique et la plante agit efficacement sur le staphylocoque.
Diurétique et surtout sudorifique, la bardane est un bon dépuratif général qui favorise l’élimination des éléments résiduels de l’organisme par les glandes sudoripares.
De plus, elle contient une substance hypoglycémiante, ce qui explique la nette action de la plante contre la furonculose, cette maladie étant souvent liée à un excès de sucre dans le sang. Il est important d’utiliser la racine fraîche, car ses propriétés disparaissent lorsqu’elle est séchée. Il est intéressant de noter que cette plante, considérée comme une “mauvaise herbe” à détruire dans notre pays, est couramment cultivée comme légume au Japon et en Corée, où l’on consomme sa grosse racine brune, qui peut atteindre un mètre de long.
Au Japon, la racine est coupée en tranches et sautée dans l’huile, puis cuite avec un peu d’eau et de sauce soja (tamari).
L’herbe aux goutteux
Autre exemple, l’égopode podagraire, ou “herbe aux goutteux” (Aegopodium podagraria), est un puissant diurétique qui élimine les dépôts d’acide urique responsables des crises de goutte douloureuses. Par ailleurs, toutes les plantes diurétiques ont un pouvoir détoxifiant intéressant, puisqu’elles favorisent l’élimination des déchets de l’organisme par les reins.
Elle peut être consommée de toutes les manières imaginables : jeunes pousses en salade, feuilles en soupe, comme légume, avec une sauce légère, en sushi (avec du riz), etc.
Entre sauvage et civilisé
Pour nous faire du bien de manière agréable, acceptons les dons que la nature nous offre, comme l’ont fait les hommes jusqu’à ce qu’ils pensent pouvoir s’affranchir de ses lois. À nous de trouver l’équilibre entre les aspects positifs du sauvage et du civilisé.