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L’intestin est un organe crucial chez l’être humain, c’est là où les nutriments issus de notre alimentation vont pouvoir passer dans notre corps puis dans nos cellules. L’intestin fait donc office de « frontière » entre l’extérieur et nous, assurant la correcte assimilation de toutes les molécules nécessaires au vivant. Dès lors, la science s’est particulièrement intéressée au fonctionnement de cet organe.
En bref
- Le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans la digestion, l’assimilation des nutriments et la réponse immunitaire. Un « bon » microbiote est donc essentiel pour la santé globale ;
- La greffe fécale, une pratique médicale ancienne, consiste à transférer le microbiote intestinal d’un donneur à un receveur. Cette méthode pourrait avoir des avantages pour la santé, notamment en modifiant la composition microbienne du receveur ;
- Des études récentes suggèrent que le microbiote intestinal pourrait influencer le processus de vieillissement. Transférer le microbiote d’individus jeunes à des individus plus âgés pourrait améliorer leur santé et augmenter leur espérance de vie.
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
L’intestin, ou plutôt les intestins (intestin grêle et gros intestin) ne sont pas des organes comme les autres. En effet, cette partie profonde du tube digestif héberge de nombreux hôtes : des bactéries, des champignons et autres micro-organismes jouant un rôle crucial dans son bon fonctionnement.
On parle de « microbiote » pour désigner l’ensemble des micro-organismes qui vivent dans un endroit donné. Le microbiote intestinal représente donc l’ensemble des micro-organismes vivant dans nos viscères digestifs ; on retrouve aussi l’appellation de « flore intestinale » dans la littérature médicale.
À noter que d’autres microbiotes existent chez l’humain, les microbiotes cutané (surface de la peau) et pulmonaire (dans les poumons) par exemple.
Si la science a rapidement pu montrer l’existence du microbiote intestinal, son rôle exact et ses effets n’ont commencé à être compris que récemment.
On sait ainsi que les bactéries intestinales jouent un rôle dans la digestion et l’assimilation des nutriments. En outre, elles jouent aussi un rôle important dans la protection et la réponse immunitaire.
Un « bon » microbiote intestinal est donc crucial au bon fonctionnement de notre intestin, de notre organisme, et donc de notre santé.
La greffe fécale, thérapie datant du IVe siècle !
Dans le domaine médical et de la recherche, le transfert du microbiote intestinal d’un individu à un autre porte de nombreuses appellations : on parle de greffe fécale, bactériothérapie fécale, fécalothérapie, transplantation fécale, ou de transfusion fécale.
Une transplantation de microbiote fécal consiste à administrer à un individu une solution de matières fécales provenant d’un donneur, dans le tractus gastro-intestinal d’un receveur, afin de modifier directement la composition microbienne du receveur et de lui conférer un bénéfice pour la santé(1).
La première description connue de l’utilisation des matières fécales en tant que thérapie a été faite par Ge Hong au quatrième siècle en Chine pour le traitement de diverses maladies, dont les diarrhées(2).
En 1958, Eiseman et ses collègues ont décrit l’utilisation des lavements fécaux comme traitement de la colite pseudomembraneuse, marquant ainsi l’introduction de la greffe fécale dans la médecine moderne occidentale(3).
Comment se passe une greffe fécale ?
Le traitement implique généralement la sélection d’un donneur sans antécédents familiaux de maladies auto-immunes, métaboliques et malignes et le dépistage de tout agent pathogène potentiel. Les fèces sont ensuite mélangées à de l’eau ou à une solution saline, puis filtrées pour éliminer toute particule.
Le mélange peut être administré par sonde nasogastrique, sonde naso-jéjunale, oesophagogastroduodénoscopie (non anticonstitutionnellement n’est pas le mot le plus long de la langue française), coloscopie ou lavement de rétention.
Voici une vidéo illustrant le processus :
Crédit vidéo © IHU Méditerranée Infection – YouTube
La greffe fécale, une approche pro-longévité ?
Le microbiote intestinal est-il similaire à tout âge ? C’est la question que certains chercheurs ont récemment voulu élucider ; et les résultats de leurs études ont pu montrer que le microbiote intestinal pouvait varier de manière importante en fonction de l’âge(4).
Ainsi, les individus jeunes n’ont ainsi pas la même flore intestinale que leurs aînés. On serait donc tenté de penser que le vieillissement modifie notre microbiote ; or c’est pourtant l’inverse qui a été démontré !
Une étude sur le killi (un poisson particulièrement utilisé dans les études de longévité) a démontré que transférer le microbiote intestinal de poissons jeunes chez des poissons âgés améliorait leur santé et augmentait leur espérance de vie. Autrement dit, le microbiote intestinal serait capable d’impacter le vieillissement.
![Microbiote intestinal et greffe fécale, une alternative pour mieux vieillir ?](https://www.docteur-fitness.com/wp-content/uploads/2020/11/schema-experience-microbiote.png)
A) Un individu jeune (bleu clair) possède un microbiote intestinal lui étant propre (en vert), au cours du temps celui-ci se modifie (en rouge) et va accentuer les effets du vieillissement conduisant l’individu à développer les symptômes associés à la vieillesse (bleu foncé)
B) En alimentant un individu avec l’excrément de poissons jeunes, le microbiote de ce dernier redevient semblable à celui d’un individu jeune, ce qui réduit les effets du vieillissement chez le poisson.
Crédit schéma © Docteur-fitness.com
Cultiver son microbiote pour combattre l’âge
L’idée d’enrichir son propre microbiote intestinal n’est en fait pas nouvelle, le fameux « bifidus » que l’on retrouve dans certaines marques laitières en est l’exemple le plus connu.
On appelle « probiotique » une substance riche en micro-organismes dont le but est d’améliorer la santé. La consommation de probiotiques peut donc être considérée comme une approche similaire à une greffe fécale chez l’humain, dans le sens où la conséquence est une dissémination de bonnes bactéries.
Certains produits alimentaires sont naturellement riches en probiotiques, c’est notamment le cas des aliments fermentés (kéfir, certains yaourts, kimchi, etc.).
Idéalement, le microbiote intestinal devrait donc rester similaire à celui d’une personne jeune pour rester en bonne santé. À ce titre, il a été montré que les centenaires avaient un microbiote enrichi en certaines bactéries(5), parmi lesquels on retrouve les bactéries du genre Akkermansia, Bifidobacterium et Christensenellaceae.
De manière intéressante, ces bactéries sont aussi soupçonnées d’avoir des vertus anti-obésité et anti-diabète de type 2(6)(7). On peut alors se demander si ces bactéries ne seraient pas l’une des raisons de leur longévité hors du commun. Dans ce cas, il serait possible d’améliorer sa longévité en se supplémentant avec les mêmes bactéries.
Outre les approches basées sur les probiotiques, il est également possible de créer un environnement intestinal propice à la croissance des bons micro-organismes. Cela passe notamment par les « prébiotiques », des aliments qui permettent de nourrir et entretenir les bactéries vivants dans notre tube digestif jusqu’au colon.
Les fibres alimentaires sont à ce titre, de loin les prébiotiques les plus efficaces, dont leurs effets positifs sur la santé sont connus depuis longtemps(8).
Conclusion
À l’heure actuelle, on cherche encore à comprendre clairement quels sont les éléments clés du microbiote qui permettent de conserver une bonne santé. Les modèles actuels mettent néanmoins en valeur que le microbiote est un acteur à part entière dans le vieillissement et la prise en compte de celui-ci est à n’en plus douter, l’une des clés de la longévité.
Compte tenu des résultats chez le poisson killi, la greffe fécale et de manière générale la supplémentation du microbiote intestinal sont donc une voie prometteuse dans la lutte contre le vieillissement.
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Sources éditoriales et fact-checking