Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
Vous partagez votre corps avec des milliards d’organismes microscopiques. Lorsqu’ils sont dans une mauvaise condition, on parle de « dysbiose » et cela a des répercussions sur la santé.
La dysbiose est un trouble découvert récemment lorsque les scientifiques ont décelé l’incroyable variété de bactéries vivant à la surface et à l’intérieur de notre corps. Pour la plupart, ces organismes unicellulaires sont inoffensifs (certains sont même utiles) et ils vivent en symbiose avec vous, l’hôte.
Mais les bactéries sont de petites créatures sensibles, et leurs colonies peuvent facilement être déséquilibrées. À ce moment-là, il devient plus facile pour les microbes moins sympathiques de prendre le dessus et de faire les choses qui leur plaisent le mieux, ce qui n’est pas toujours ce dont votre corps a besoin. C’est la définition simplifiée de la dysbiose.
Dans cet article, vous découvrirez les causes de la dysbiose, ses symptômes, les différents moyens de détection et de traitement. Vous découvrirez que la dysbiose est un problème étonnamment courant, et pourquoi les scientifiques sont encore un peu incertains sur ce qui survient en premier : la dysbiose ou les symptômes associés ?
Qu’est-ce que la dysbiose ?
La dysbiose est définie comme une altération défavorable des populations bactériennes de votre corps, associée à des problèmes de santé et à des maladies. Il existe deux principaux types de dysbiose : bactérienne et fongique. Ceci dit, la dysbiose n’est pas une maladie à proprement parler.
On retrouve sur la peau et à l’intérieur de l’organisme de nombreuses colonies de micro-organismes composées principalement de bactéries inoffensives, avec quelques levures, virus et archées. Ces microbiomes vivants en symbiose avec votre corps sont sensibles et des changements environnementaux peuvent provoquer des déséquilibres au sein des communautés de bactéries : c’est ce que la communauté médicale considère comme une dysbiose.
La dysbiose est une notion floue, car il n’existe pas de microbiome « parfait ». Chaque être humain est unique, et cela signifie que chaque microbiome est également unique. Cependant, les chercheurs ont identifié certains signes généraux de dysbiose, liés à la quantité de certaines espèces de bactéries par rapport à d’autres(1) :
- Prolifération de certaines bactéries ou levures ;
- Absence ou manque de bactéries bénéfiques ;
- Faible diversité des différents types de bactéries dans le microbiome.
La dysbiose fongique
Le corps abrite également de petites quantités de levures (champignons unicellulaires), pour la plupart inoffensives. Néanmoins, la prolifération de champignons est une cause fréquente d’otites, du pied d’athlète, du muguet buccal et d’infections vaginales, dont beaucoup sont causées par les levures Candida et les champignons Aspergillus.
? Le mot « dysbiose » vient du grec ancien : dys- (mauvais ou malade) et biosis (mode de vie).
Qu’est-ce que la dysbiose intestinale ?
Le microbe intestinal est le plus emblématique des microbes. Situé dans les intestins, il contient des milliards de bactéries qui collaborent avec lui pour le maintenir en bonne santé. On y retrouve également des levures, des champignons et des archées.
Un microbiote sain et équilibré contient suffisamment de bonnes bactéries capables de produire des nutriments importants, assurant la bonne santé de la muqueuse intestinale et permettant de se défendre contre les intrus qui pourraient provoquer une dysbiose en s’appropriant cet écosystème.
La diversité est un paramètre clé pour mesurer la dysbiose du microbiote intestinal. Plusieurs milliers d’espèces de bactéries différentes sont présentes dans un microbe sain(2). Ces dernières empêchent les mauvaises bactéries et les pathobiontes (bactéries à potentiel pathogènes) de se multiplier et de vous rendre malade.
Quelles sont les causes de la dysbiose intestinale ?
De nombreux facteurs de la vie quotidienne peuvent entraîner une dysbiose intestinale et une détérioration de la santé du microbiome, le plus important étant les antibiotiques(3). Même une seule dose d’antibiotiques peut provoquer une dysbiose qui dure des mois. La prise répétée d’antibiotiques peut même altérer de façon définitive le microbiome intestinal.
Parmi les autres paramètres responsables de la dysbiose intestinale, on peut citer le régime alimentaire et le mode de vie. Faire la fête tous les soirs et se nourrir de fast-foods et de boissons sucrées ne rendra pas service à votre intestin, mais manger beaucoup d’aliments frais, de fruits et de légumes(4) et faire régulièrement du sport(5) sera bénéfique.
La dysbiose microbienne intestinale est étonnamment fréquente chez les personnes malades. En fait, les chercheurs ont pu mettre en évidence des schémas de dysbiose microbienne dans le microbiome intestinal associés à des maladies courantes, telles que l’obésité, les maladies cardiaques, la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.
En pratique, il est impossible de déterminer si la dysbiose fait partie du problème ou si elle est simplement une conséquence de la maladie. Les chercheurs pensent qu’il s’agit probablement d’un cercle vicieux dans lequel le microbiome intestinal et le corps engendrent les conditions de la maladie.
En effet, le fait d’être malade (et même de prendre des médicaments) peut affecter le microbiome et provoquer une dysbiose, qui contribue ensuite à la maladie. De même, on considère que la dysbiose peut entraîner des problèmes métaboliques pour le corps, augmentant ainsi la susceptibilité d’une personne à la maladie par la suite.
Les symptômes de la dysbiose
Les symptômes de la dysbiose intestinale sont très vagues et se recoupent avec de nombreux problèmes de santé courants, notamment le syndrome de l’intestin irritable(6), les maladies inflammatoires de l’intestin et la maladie cœliaque(7). Les recherches montrent également que la dysbiose est un facteur de risque pour le développement de ces maladies.
Symptômes courants de la dysbiose intestinale :
- Flatulence ;
- Ballonnement ;
- Douleurs abdominales ;
- Diarrhée ;
- Constipation.
N’oubliez pas que si vous présentez des symptômes de dysbiose intestinale, vous devriez consulter un médecin afin de vous assurer que vous n’avez pas de problème de santé grave.
Analyses du microbiote intestinal
La dysbiose est un terme utilisé pour décrire un état fonctionnel, il ne s’agit pas d’un diagnostic, car on ne l’associe pas à une maladie particulière.
Si vous souhaitez tester une éventuelle dysbiose intestinale, vous pouvez effectuer une analyse du microbiote intestinal. Cette analyse n’est pas appelée spécifiquement « test du microbiote intestinal », car elle consiste à analyser de nombreuses caractéristiques du microbiote intestinal.
Il existe de plus en plus de laboratoires proposant cette prestation. Les laboratoires qui proposent cette analyse sont en majorité américains. Toutefois, il y en existe quelques-uns en Angleterre et en Belgique.
Tout ce que vous avez à faire est de prélever un petit échantillon de selles et de le renvoyer dans un kit de prélèvement fourni. Votre échantillon est ensuite analysé dans un laboratoire afin d’identifier les bactéries présentes dans votre intestin et la manière dont elles influencent votre santé.
Analyses | Ce que vous pouvez apprendre |
---|---|
Diversité du microbiote | Vérifiez la diversité du microbiote de votre intestin et si une dysbiose est possible. |
Les bonnes bactéries | Faites connaissance avec les bonnes bactéries présentes dans votre intestin et voyez si vous en avez suffisamment pour vous protéger d’une dysbiose. |
Quantités de butyrate | Découvrez si vos bactéries produisent suffisamment de butyrate pour maintenir votre intestin en bonne santé. |
Métabolisme des fibres alimentaires | Déterminez la capacité des bactéries de votre intestin à décomposer les différentes fibres alimentaires. |
Synthèse des vitamines | Sachez si vos microbes produisent suffisamment de vitamines B et K. |
Le régime alimentaire en cas de dysbiose | Apprenez à connaître les listes d’aliments personnalisés qui vous permettront de retrouver un microbiome intestinal sain et de lutter contre la dysbiose. |
Même s’il n’existe pas de description précise de la dysbiose, nous disposons aujourd’hui de suffisamment de données pour savoir à quoi ressemble un microbiome équilibré. C’est pour cette raison que les tests de microbiote fécal sont une bonne option si vous craignez de souffrir d’une dysbiose.
La diversité du microbiote intestinal
Les tests microbiologiques sont le meilleur moyen de vérifier la diversité de votre profil bactérien (un indicateur fondamental de la santé), qui indique si les bactéries de votre intestin sont heureuses et équilibrées, ou s’il y a une surabondance de certaines bactéries et pas assez d’autres.
Lorsque vous n’avez pas assez de bactéries bénéfiques (probiotiques) dans votre intestin, vous êtes plus susceptible de souffrir de dysbiose.
Étude des nutriments pour détecter une dysbiose
L’un des effets secondaires de la dysbiose est que le microbiote de votre intestin ne produit pas assez de nutriments, en particulier les acides gras à chaîne courte. Ces sous-produits de l’activité bactérienne aident à maintenir la paroi intestinale et même à combattre les mauvaises bactéries.
Des analyses de selles permettent d’estimer le niveau de butyrate (un acide gras à chaîne courte essentiel) produit par vos bactéries pour soutenir la santé de votre intestin. Les microbes intestinaux produisent également des vitamines qui nourrissent d’autres bactéries, et vous pouvez ainsi voir comment votre microbiome se comporte également à ce niveau.
De la dysbiose à la symbiose
Pour les légers déséquilibres microbiens identifiés, des recommandations alimentaires établies par un médecin nutritionniste peuvent être envisagées pour réduire et traiter la dysbiose.
Dans ce cas, en fournissant à votre microbiote des aliments prébiotiques, vous pourrez nourrir les bactéries bénéfiques dans votre intestin afin qu’elles puissent se développer et rétablir l’équilibre de l’écosystème. Le terme « prébiotiques » est un mot savant pour désigner les aliments végétaux, car les bonnes bactéries intestinales se nourrissent de fibres alimentaires et des nutriments du végétal(8).
Ce type de régime personnalisé est un traitement naturel de la dysbiose qui ne nécessite aucun complément ni médicament. Il vous suffit de suivre à la lettre les recommandations alimentaires hebdomadaires du médecin ou d’un diététicien nutritionniste.
Traitements de la dysbiose intestinale
Le traitement de la dysbiose doit être adapté à chaque personne en utilisant les résultats d’une analyse du microbiote fécal. La méthode de traitement de la dysbiose intestinale peut inclure une combinaison de changements alimentaires, de suppléments probiotiques et de modifications du mode de vie afin de créer les conditions optimales pour que les bactéries bénéfiques se développent.
Il n’existe aucun médicament qui puisse traiter les symptômes de la dysbiose intestinale, et la thérapeutique est généralement développée au cas par cas. Parmi les solutions existantes, citons :
- Les cures de probiotiques et prébiotiques ;
- La transplantation fécale ;
- La thérapie par helminthes ;
- Les bactériophages (virus contre les bactéries).
Autres types de dysbiose
La dysbiose ne touche pas seulement les intestins. Elle peut affecter toute partie du corps qui possède un écosystème de microbes particulier, car les bactéries sont partout, de la bouche aux voies urinaires.
Dysbiose cutanée
Votre peau à elle seule possède plusieurs microbiomes spécifiques qui dépendent du milieu environnant. Par exemple, les micro-organismes qui apprécient la peau grasse de votre nez n’apprécieront probablement pas autant vos aisselles moites.
En fait, certaines études ont montré que les pellicules(9) et la dermatite séborrhéique(10) (éruption cutanée avec démangeaisons et squames squameuses) sont liées à une dysbiose fongique et bactérienne. La dermatite atopique, mieux connue sous le nom d’eczéma, est également liée à la dysbiose des microbiomes de la peau.
Dysbiose buccale
La dysbiose buccale est un autre problème courant qui peut avoir de graves conséquences. La gingivite et la parodontite (deux stades de maladie des gencives) sont toutes deux liées à la dysbiose buccale causée par une bactérie appelée Porphyromonas gingivalis.
Une surcroissance de P. gingivalis signifie que ces microbes peuvent voyager avec votre salive dans votre tube digestif où ils peuvent déclencher votre système immunitaire, provoquant une inflammation chronique et une dysbiose du microbiome intestinal.
SIBO : pullulation bactérienne de l’intestin grêle
Vos intestins sont divisés en deux parties. L’intestin grêle extrait la plus grande partie de l’énergie à partir de votre nourriture, tandis que le gros intestin absorbe l’eau, les électrolytes et certains autres nutriments, et se débarrasse des déchets.
L’intestin grêle contient un microbiote, qui est différent de celui du gros intestin. Il y a moins de bactéries (en poids) et moins de variétés de bactéries aussi. La forme la plus courante de dysbiose de l’intestin grêle est le SIBO (de l’anglais small intestinal bacterial overgrowth), qui correspond à une prolifération trop abondante de bactéries dans l’intestin grêle.
Le SIBO est un type de dysbiose dans laquelle la présence trop importante de bactéries entraîne une production excessive de méthane ou d’hydrogène. Ces gaz ont un effet sur les cellules de la paroi intestinale, provoquant des ballonnements, des douleurs abdominales, des flatulences, de la diarrhée et parfois de la constipation.
La candidose
Candida albicans est un champignon généralement inoffensif qui prolifère parfois de façon incontrôlée et qui envahit le microbiome local avec des effets secondaires désagréables. La prolifération du Candida est une forme de dysbiose connue sous le nom de candidose.
Les champignons Candida peuvent provoquer un muguet buccal (dysbiose de la bouche) avec des symptômes désagréables comme des douleurs, des taches blanches ou jaunes qui saignent lorsqu’on les gratte, un goût désagréable dans la bouche, une sécheresse et des fissures sur les côtés de la bouche.
Un autre type courant de dysbiose fongique à candida ne touchant que les femmes : les infections vaginales à levure. Le microbiome vaginal est dominé par la bactérie Lactobacillus qui maintient l’environnement acide pour dissuader les agents pathogènes. Lorsque cet écosystème est perturbé (par des antibiotiques par exemple), les champignons candida peuvent prendre le dessus et provoquer une infection vaginale.
Sur le même sujet
Sources éditoriales et fact-checking