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On parle souvent du secret des peuples centenaires. Mais auraient-ils vraiment un secret ? Pas si l’on s’intéresse aux études scientifiques menées auprès de nombreuses populations à travers la planète.
“Tous les hommes jeunes croient qu’ils vivront éternellement”, a écrit Ernest Hemingway. C’est un fait indéniable et inexorable : chacun de nous, sans exception, vieillit… plus ou moins bien !
Cela est vrai dans tous les pays et chez tous les peuples, mais la façon dont les différentes cultures réagissent face à cette réalité varie considérablement.
Pour un grand nombre de gens qui vivent dans les pays industrialisés, le vieillissement est source de peur et de dégoût de la vie. Nous avons peur de vieillir. Quand nous pensons à la vieillesse, les images qui nous viennent à l’esprit sont souvent des images de décrépitude et de désespoir.
On peut déplorer vivement que la médecine se soit concentrée sur la maladie et ses symptômes plutôt que sur le bien-être et la prévention. On se préoccupe plus des symptômes qu’on ne prête attention au terrain et à tout ce qui permet aux gens de vivre longtemps en bonne santé, d’être pleins d’énergie et autonomes durant leur vieillesse. Très peu de gens savent qu’il y a eu et qu’il y a encore des sociétés dont la majorité des gens sont dynamiques et enthousiastes jusqu’à la fin de leur vie.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui veulent vivre en harmonie avec leur corps et les bienfaits de la nature. Ces sociétés dont les comportements ont résisté au passage du temps peuvent nous guider sur le chemin du bien-être et de la joie de vivre.
Il existe des populations entières de gens pleins d’entrain, vigoureux, qui sont en bonne santé à 90 et même 100 ans. Ils partagent de nombreuses caractéristiques en commun. Leurs “recettes” ont été confirmées et dans une large mesure expliquées par un grand nombre de découvertes récentes en médecine. Ainsi, nous disposons de tous les atouts qui nous permettent de vivre plus longtemps et de rester actifs, productifs et ingénieux jusqu’au terme de notre vie.
Des exemples sur toute la planète
Ces populations se répartissent sur l’ensemble de la planète : les Hunzas (nord du Pakistan) et les habitants de Vilcabamba (Équateur) qui vivent dans les montagnes, les Abkhazes en Géorgie, les Crétois et les habitants de l’île japonaise d’Okinawa, qui ont été les mieux étudiés.
En deux mille ans d’isolement presque complet, les Hunzas semblent avoir mis au point une façon de vivre, de se nourrir, de penser et de faire de l’exercice qui a considérablement allongé leur durée de vie. Chez eux, ni argent, ni pauvreté, ni maladie. Dans cette région, les gens ont un organisme en parfaite santé et sont animés par le sens du partage, de l’échange, de l’entraide.
Au cours de nombreux siècles, l’agriculture des Hunzas a été entièrement biologique, dès lors qu’ils ne disposaient ni d’engrais ni de pesticides. Ils ont peu de pâturages, ce qui explique pourquoi l’élevage est presque impossible. Aussi, ils consomment très peu de viande, de laitages animaux et de fromage. Ce qui est une bonne chose ! Leur alimentation est avant tout végétarienne. Il est tout à fait étrange de voir comment le régime alimentaire traditionnel des Hunzas ressemble à celui des Vilcabambiens, des Abkhazes et des insulaires d’Okinawa !
Ces communautés se nourrissent exclusivement d’aliments naturels plutôt que d’aliments en boîte ou industriels. Les protéines et les lipides sont presque totalement d’origine végétale.
Le rôle des gènes
Certains croient que la santé n’est pas influencée par l’alimentation, le comportement et l’amour de la vie. Ils pensent que la seule façon d’être sûr de vivre longtemps et d’être en bonne forme, c’est d’avoir la chance de naître avec de bons gènes.
L’explication de la santé des centenaires et de leur longévité fabuleuses pourrait-elle dépendre d’un code génétique spécifique ? Pourraient-ils avoir la chance de posséder des gènes favorables qui leur permettent de rester en bonne santé alors que d’autres tomberaient malades ?
Les Instituts nationaux de la santé des États-Unis ont mené une enquête appelée “Génétique de la longévité exceptionnelle des centenaires d’Okinawa”. Selon cette étude(1), la longévité supérieure de la plupart des Okinawaïens provient en partie de leur code génétique, mais surtout de la façon dont ils vivent et de leur nourriture.
À de rares exceptions près, seulement 30 % du vieillissement physique peut être attribué aux gènes et plus on prend de l’âge moins le rôle que joue la génétique est important. Ces découvertes détruisent le mythe selon lequel le cours de notre vie durant notre vieillesse est prédéterminé. La recherche prouve que nous sommes en grande partie responsables de notre propre vieillesse.
Les principaux chercheurs qui participent à “l’enquête sur les centenaires d’Okinawa”, Makoto Suzuki, Bradley Willcox, Craig Willcox, ont d’excellentes références. Ils ont étudié plus de 600 centenaires et des milliers d’octogénaires et de nonagénaires. Leurs camionnettes étaient bourrées d’équipement médical leur permettant de recueillir des informations indispensables pour établir des bilans gériatriques. Ils ont procédé à des analyses biochimiques et génétiques, ils ont évalué l’état des systèmes nerveux. Ils ont aussi utilisé des électrocardiographes pour voir l’état du cœur, des densitomètres de pointe pour évaluer l’état des os et le risque d’ostéoporose. Ils ont fait remplir des questionnaires et ont interrogé les gens pour évaluer leur état mental.
Des études sur les migrations ont révélé que, lorsque les Okinawaïens vont à l’étranger et adoptent le régime alimentaire de leur nouveau pays, ils sont affectés par les mêmes maladies dans les mêmes proportions et meurent au même âge que les personnes auxquelles ils empruntent le mode de vie. L’espérance de vie des habitants d’Okinawa qui émigrent au Brésil, par exemple, baisse de dix-sept ans !
Manger moins pour vivre plus longtemps
Ce qui caractérise surtout le régime alimentaire traditionnel de ces différents peuples, c’est qu’il est beaucoup plus faible en calories que celui du monde occidental. Tout en menant une vie très active, l’habitant moyen de ces régions consomme seulement environ 1 800 calories par jour, tandis que les Français en consomment 2 300, voire plus. Ces peuples sont parvenus à avoir un niveau de santé et une longévité extraordinaires grâce à des régimes qui leur fournissent bien plus d’éléments nutritifs essentiels que le régime occidental habituel et une teneur bien plus faible en calories.
Les insulaires d’Okinawa ne mangent jamais trop, car ils n’aiment pas avoir le ventre plein à la fin de chaque repas. Ils ne s’adonnent pas à des repas plantureux. Ils s’arrêtent de manger quand leur estomac est rempli à 80 %. Ils “mangent moins pour vivre plus longtemps”. Pour eux, c’est simplement du bon sens et le respect de leurs traditions.
Un régime alimentaire frugal
Les Vilcabambiens cueillent les légumes dans les jardins et les consomment immédiatement, si bien qu’ils gardent leur valeur nutritive. Ils mangent les fruits le jour où ils les cueillent, souvent sur place. Leur régime alimentaire est presque exclusivement végétarien. Il se compose principalement de céréales complètes, de légumes, de fruits, de graines, de haricots et de noix. Ils consomment très rarement du lait et des œufs, ils ne mangent presque pas de viande et jamais de beurre. Dans l’ensemble, ils ont un régime à basses calories. Il n’y a pas de gens obèses à Vilcabamba.
Les habitants trouvent leurs protéines dans les légumes, les céréales complètes et diverses sortes de haricots. Leurs glucides ne sont jamais raffinés, ils proviennent principalement des céréales complètes, comme le maïs, le quinoa, le blé et l’orge, et de tubercules (pommes de terre, manioc, patates douces, etc.). C’est surtout dans les avocats, les graines, les fruits à coque (noix, noisettes, châtaignes…) qu’ils trouvent les lipides.
Le régime alimentaire des Vilcabambiens est tout à fait semblable à celui des Abkhazes. Dans les deux cas, les protéines et les graisses sont presque totalement d’origine végétale.
Les personnes âgées d’Okinawa, dont la santé et la longévité ont été attestées à maintes reprises, tout comme celles d’Abkhazie, de Vilcabamba et de la vallée des Hunzas suivent un régime alimentaire essentiellement végétarien et hypocalorique, qui comporte très peu de sucre ou d’aliments industriels.
Le mode de vie des Okinawaïens, des Abkhazes, des Vilcabambiens ou des Hunzas âgés peut sembler spartiate comparé à celui du monde occidental, où l’on consomme tant de sucre et d’aliments riches en calories, mais pauvres en nutriments. Cependant, ces gens qui vivent longtemps ne se comportent certainement pas en ascètes. Leurs cinq sens leur donnent du bonheur et ils savent s’amuser. Ils aiment vivre et apprécient les plaisirs simples et les joies du monde qui les entoure.
En revanche, les jeunes habitants d’Okinawa suivent aujourd’hui un régime alimentaire bien plus occidentalisé que leurs aînés. Ils consomment beaucoup plus de calories, de matières grasses, d’aliments industriels, de viande, de sucre et de sirop de maïs. Comme ils comptent toujours plus sur les produits de grande consommation et prennent un grand nombre de leurs repas dans les fast-foods, ils pratiquent moins d’activité physique et sont moins impliqués dans la vie de leur communauté. En conséquence, leur santé rejoint celle du monde occidental.
Activité physique
Même les gens les plus âgés restent très actifs. Il y a toujours quelque tâche matérielle à accomplir dans la maison ou dans le jardin. Les hommes et les femmes y sont habitués depuis leur plus tendre enfance et ils continuent jusqu’au terme de leur vie. Le simple fait de pratiquer leurs activités journalières sur un terrain accidenté maintient leur système cardiovasculaire et leur musculature en excellent état.
Peut-être est-ce parce qu’ils marchent beaucoup et font beaucoup d’exercice physique que même les plus âgés ont un squelette solide. À la différence des vieillards des pays industrialisés, ils ne tombent et ne se cassent presque jamais un bras, une jambe ou une hanche. Même à un âge très avancé, il est rare qu’ils boitent ou deviennent infirmes.
Il existe un dicton à Vilcabamba : “Chacun de nous a deux médecins, la jambe gauche et la jambe droite.”
Il est aujourd’hui prouvé que la pratique d’une activité physique influence très clairement le taux de cholestérol. Associé à une hygiène de vie équilibrée, le sport permet d’augmenter le taux de bon cholestérol, de diminuer les triglycérides et le taux de lipides dans le sang. La pratique d’un sport aide à faire baisser la tension artérielle, dont l’excès est un important facteur de risque. Enfin, en améliorant l’oxygénation des cellules, l’activité sportive augmente les capacités de régénération des cellules et d’élimination des déchets, ce qui diminue d’autant le risque de formation de plaques d’athérome, responsables de maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral).
La joie de vivre
Dans le monde moderne, quand les gens sont déprimés, on leur conseille souvent de “se ménager”, de prendre des neuroleptiques et de se détendre. Chez ces peuples centenaires, ceux qui ont “le cafard” réagissent habituellement en s’activant et en se mêlant aux autres. Plutôt que de se replier sur eux-mêmes et de devenir sédentaires, ils parcourront de longues distances pour le plaisir de rendre visite à des amis.
Ces peuples célèbrent la vie. Ils sont heureux parce qu’ils mènent une vie authentique. Ils nous enseignent que la relation à l’autre est fondamentale à l’équilibre de la vie. Ils sont toujours prêts à rire et éprouvent de l’empathie pour tout le monde. La délinquance juvénile leur est inconnue.
La solitude des personnes âgées dans le monde moderne est parfois si grande qu’elles s’éteignent et meurent le cœur brisé. En revanche, dans ces sociétés, les gens âgés ne sont jamais exclus. Ils font partie intégrante de la famille étendue et ils nouent des relations mutuellement enrichissantes avec les jeunes générations. À Okinawa, la rivalité entre frères et sœurs est démonstrative quand il s’agit de savoir lequel prendra soin des vieux parents. La bonne gestion de leur stress renforce leur état de santé.
Certaines hormones, dont les catécholamines, sont produites dans l’organisme sous l’effet du stress. Quand ces substances chimiques sont sécrétées, les cellules immunitaires n’ont plus la même capacité d’accomplir leurs fonctions. On est alors plus vulnérable aux maladies. Ainsi, les stress répétitifs affaiblissent le système immunitaire. Si le stress se prolonge, la santé se détériore inévitablement. Le soutien psychologique semble neutraliser l’effet du stress en diminuant la production de ces hormones du stress. Tout est résumé dans une nouvelle science : la psycho-neuro-immunologie.
À l’abri des pathologies
Depuis, de nombreuses autres études ont montré que des régimes qui fournissent une quantité optimale de nutriments tout en étant hypocaloriques améliorent le taux de glycémie et évitent le diabète.
Le régime hypocalorique et équilibré, couplé à un sentiment de bien-être, permet de retarder le processus de vieillissement, de prolonger pendant des années la période de la jeunesse et de l’âge mûr, de réduire considérablement le risque de pathologies de fin de vie telles que les maladies cardiaques, le diabète, les rhumatismes, les pathologies neurodégénératives et le cancer, et ainsi de diminuer la prédisposition à la maladie.
Le cœur des personnes suivant un tel régime vieillit plus lentement. Les ventricules et les vaisseaux restent souples. Les gens ont une bonne tension artérielle et moins de fibrose myocardique. Leur cœur se relaxe entre chaque battement, comme il le fait chez des personnes beaucoup plus jeunes. Leur niveau d’inflammation qui signe toute agression de l’organisme est bas. Ils jouissent d’une meilleure vue et d’une meilleure ouïe à tout âge, leur esprit est plus vif, plus alerte, toujours prêt à résoudre les problèmes. Ils conservent une sexualité épanouie et une plus grande fertilité à un âge avancé.
Briser le tabou
À l’heure où l’on voue un culte excessif à la jeunesse, le mot vieillesse effraie, inquiète, on préfère le taire, voire le bannir de notre vocabulaire.
Ce sujet ne devrait plus être tabou. Certes, vieillir est inévitable, mais vieillir en bonne santé peut être une étape merveilleuse de notre vie. Il est vraiment possible de vieillir en bonne santé. Les témoignages recueillis montrent que, dans ces populations, la proportion de personnes âgées en parfaite santé physique et mentale est très élevée.
Ils nous apprennent ainsi comment vivre une vieillesse pleine de vitalité et débordante de bonheur.
Malheureusement, les jeunes de ces contrées bénies veulent vivre à l’occidentale, c’est ainsi qu’à leur tour, ils attrapent les pathologies du monde moderne.
Ce “régime de longue vie” est à notre disposition. Préconisé par le célèbre nutritionniste Roy Walford, il s’agit d’une “sous-nutrition, sans malnutrition” fondée sur la connaissance et la logique scientifique nécessaire pour éviter certaines erreurs.
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Sources éditoriales et fact-checking