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L’alimentation joue un rôle crucial dans la santé et la longévité. Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Food suggère qu’adopter une alimentation saine et la maintenir dans le temps pourrait prolonger l’espérance de vie de près de 10 ans(1). Menée par des chercheurs de l’Université de Bergen en Norvège, cette étude s’est appuyée sur les données diététiques et médicales de 467 354 personnes issues de la base de données UK Biobank.
Une modélisation sur de nombreuses années
Les chercheurs ont analysé les régimes alimentaires des participants sur une période de 10 ans, entre 2006 et 2016. Ils ont identifié plusieurs profils alimentaires : une alimentation moyenne, une alimentation malsaine, une alimentation en accord avec les recommandations nutritionnelles britanniques (Eatwell Guide) et une alimentation dite “de longévité” riche en céréales entières, fruits, légumes, noix et poissons.
En modélisant l’évolution de l’espérance de vie en fonction des changements alimentaires, les scientifiques ont constaté que le passage d’une alimentation malsaine à une alimentation saine permettait de gagner jusqu’à 10 ans d’espérance de vie. Plus précisément, une femme de 40 ans pouvait espérer vivre 10,7 années de plus et un homme du même âge 10,5 années de plus.
Même en vieillissant, modifier son alimentation restait bénéfique. Une femme de 70 ans gagnait encore 5,8 années de vie supplémentaires et un homme 5,1 années. Ces gains étaient similaires que l’alimentation adoptée soit celle recommandée par le “Eatwell Guide” ou celle dite “de longévité”.
Agir tôt et maintenir les changements
L’étude met en évidence l’importance d’adopter une alimentation saine le plus tôt possible. Plus l’âge de transition est précoce, plus les gains en espérance de vie sont importants.
Cependant, le principal défi reste de maintenir ces changements alimentaires sur le long terme. La plupart des participants n’ont pas conservé le même régime tout au long de l’étude. Or, ce sont bien les changements durables qui semblent apporter les bénéfices les plus significatifs.
Il est souvent difficile de résister aux tentations et de ne pas retomber dans de mauvaises habitudes alimentaires. Pourtant, prendre conscience des gains potentiels en termes d’années de vie pourrait motiver à persévérer.
Une alimentation de longévité accessible
L’alimentation dite “de longévité”, qui apportait les bénéfices les plus importants, se caractérise par une consommation élevée de :
- Fruits et légumes ;
- Céréales entières ;
- Noix ;
- Légumineuses ;
- Poisson
- Et une faible consommation de :
- Viande rouge ;
- Charcuterie ;
- Boissons sucrées ;
- Produits ultra-transformés.
Contrairement aux idées reçues, ce profil alimentaire n’est pas synonyme de restrictions drastiques. Comme l’explique la Dre Katherine Livingstone, co-auteure de l’étude, il s’agit surtout d’accorder la priorité aux aliments d’origine végétale.
De plus, cette alimentation de longévité présente de nombreux points communs avec les recommandations nutritionnelles françaises, axées sur la consommation de fruits, légumes, céréales complètes, produits laitiers, et limitant la consommation de viande rouge et de charcuterie. Elle semble donc tout à fait accessible.
Des politiques publiques à renforcer
Les chercheurs insistent sur le rôle des politiques publiques pour encourager ces changements alimentaires bénéfiques. Ils préconisent par exemple des taxes sur les aliments ultra-transformés et des subventions sur les aliments sains.
En France, le Nutri-Score permet déjà d’orienter les consommateurs vers des produits de meilleure qualité nutritionnelle. Cependant, son adoption par les industriels est facultative. Rendre cet étiquetage obligatoire permettrait certainement d’amplifier ses effets positifs.
D’autres actions pourraient également être envisagées comme l’interdiction de la publicité pour les aliments ultra-transformés, la distribution de fruits et légumes dans les écoles, ou encore des consultations diététiques remboursées par l’assurance maladie.
Des limites à prendre en compte
Bien que rigoureuse, cette étude comporte quelques limites à considérer. D’une part, elle se base sur des déclarations alimentaires effectuées par les participants eux-mêmes. Or, ces déclarations peuvent présenter des biais, conscients ou non.
D’autre part, les profils alimentaires étudiés représentent des modèles théoriques. En réalité, l’alimentation évolue au cours de la vie et subit de nombreuses variations. Les gains d’espérance de vie annoncés correspondent donc à des estimations moyennes.
Enfin, d’autres facteurs comme l’activité physique peuvent également influer sur la longévité. Ils n’ont pas été pris en compte dans cette étude qui ne portait que sur l’alimentation.
Ce qu’il faut retenir
Cette vaste étude apporte la preuve que l’adoption précoce et durable d’une alimentation de qualité permet de vivre plus longtemps, en gagnant jusqu’à 10 années d’espérance de vie. Pour maximiser ces bénéfices, il est recommandé de :
- Privilégier les fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, noix et poissons ;
- Limiter la consommation de viande rouge, charcuterie, produits transformés et boissons sucrées ;
- Effectuer ces changements le plus tôt possible ;
- Maintenir ces habitudes sur le long terme.
Bien que des efforts restent à fournir, cette alimentation favorable à la longévité semble à la portée de tous. Combinées à d’autres mesures de santé publique, l’adoption de meilleures habitudes alimentaires pourrait permettre d’augmenter de manière significative l’espérance de vie de la population.
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Sources éditoriales et fact-checking