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Le vieillissement est un processus naturel et inévitable qui s’accompagne d’une détérioration progressive des fonctions physiologiques. Au niveau musculaire, cela se traduit notamment par une perte de masse et de force musculaire appelée sarcopénie. Cette sarcopénie prédispose les personnes âgées à un risque accru de chutes, de fractures et de perte d’autonomie. Il est donc crucial de trouver des stratégies pour prévenir ou retarder ces changements délétères.
La restriction calorique, qui consiste à réduire modérément les apports caloriques sans entraîner de carences nutritionnelles, suscite un intérêt grandissant depuis plusieurs décennies. En effet, de nombreuses études chez l’animal ont montré que cette approche permet de retarder le vieillissement et d’augmenter la durée de vie. Mais qu’en est-il chez l’humain ? Des travaux récents apportent un éclairage prometteur.
Une étude de grande envergure sur les effets à long terme de la restriction calorique
Une étude clinique(1) appelée CALERIE (Comprehensive Assessment of Long-Term Effects of Reducing Intake of Energy) a examiné pendant 2 ans les effets d’une réduction de 25 % de l’apport calorique quotidien chez des adultes en bonne santé âgés de 21 à 50 ans. Bien que l’objectif de 25 % n’ait pas été atteint pour la plupart des participants, ceux-ci sont parvenus à réduire leur apport calorique de 12 % en moyenne.
Malgré cette restriction relativement modeste, des changements bénéfiques ont été observés au niveau musculaire. En effet, si les participants ont perdu de la masse musculaire comme attendu, ils n’ont pas perdu en force musculaire. Autrement dit, la quantité de force générée par unité de masse musculaire (appelée “force musculaire spécifique”) a augmenté sous l’effet de la diminution des calories.
Ceci indique un effet protecteur et “rajeunissant” sur les muscles. De plus, l’analyse approfondie des biopsies musculaires réalisées dans le cadre de l’étude CALERIE révèle que la restriction calorique module favorablement l’expression de certains gènes, notamment ceux impliqués dans la réponse inflammatoire et le métabolisme énergétique.
Des mécanismes similaires chez l’humain et l’animal
La comparaison avec des données obtenues chez la souris et le singe montre qu’une baisse de ses apports caloriques influence les mêmes voies génétiques chez ces espèces et chez l’humain. Ceci renforce l’idée que les effets bénéfiques observés chez l’animal sont pertinents pour l’humain.
Parmi les gènes dont l’expression est augmentée, on trouve des gènes codant pour des protéines impliquées dans la production d’énergie mitochondriale. Ceci traduit une adaptation métabolique bénéfique permettant de préserver la fonction musculaire malgré la baisse des apports caloriques.
À l’inverse, l’expression de gènes pro-inflammatoires est réprimée. Or l’inflammation chronique de bas grade est un facteur clé du vieillissement et de nombreuses pathologies liées à l’âge. La capacité de la restriction calorique à contrer ce processus délétère pourrait donc contribuer à ses effets protecteurs observés dans les modèles animaux et suggérés chez l’humain.
Des adaptations complexes et durables
Bien que modestes en apparence, les changements métaboliques et moléculaires induits entraînent une adaptation durable de l’organisme, lui permettant de fonctionner de manière optimale malgré un apport calorique limité.
Ceci pourrait contribuer à retarder le déclin fonctionnel lié à l’âge et préserver l’autonomie des personnes âgées. D’autres études seront nécessaires pour confirmer si le fait de diminuer les calories absorbées permet effectivement de vivre plus longtemps et en meilleure santé, mais ces résultats sont prometteurs.
Une approche accessible et sans danger ?
Les bienfaits observés avec une restriction calorique de seulement 12 % sont considérables. De plus, une telle réduction est facilement réalisable grâce à des changements de mode de vie simples, comme éviter les aliments riches en calories ou réduire légèrement la taille des portions, ou encore pratiquer une activité physique régulière.
Contrairement à des régimes plus drastiques, cette approche ne présente a priori pas de risque pour la santé si elle est correctement encadrée. Elle pourrait donc représenter une stratégie simple et sans danger pour promouvoir le “bien vieillir”.
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Sources éditoriales et fact-checking