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La goutte est une maladie inflammatoire qui touche les articulations, causée par un excès d’acide urique dans le sang. Cet excès entraîne la formation de cristaux d’acide urique qui se déposent dans les articulations, provoquant des crises douloureuses et invalidantes. Mais qu’est-ce que la goutte exactement ? Comment se manifeste-t-elle ? Et surtout, comment la diagnostiquer et la traiter efficacement ?
Crédit vidéo © Docteur Estelle – YouTube
Qu’est-ce que la goutte ?
La goutte est une forme d’arthrite provoquée par une accumulation d’acide urique dans l’organisme. L’acide urique est un déchet produit naturellement par l’organisme lors de la dégradation des purines, des substances présentes dans certains aliments comme la viande rouge, les abats, les fruits de mer et les boissons alcoolisées.
Normalement, l’acide urique est éliminé par les reins. Mais chez certaines personnes, soit la production d’acide urique est trop importante, soit son élimination est insuffisante. L’acide urique s’accumule alors dans le sang, c’est ce qu’on appelle l’hyperuricémie. Lorsque sa concentration devient trop élevée, l’acide urique peut former des cristaux qui se déposent dans les articulations, provoquant une réaction inflammatoire douloureuse : c’est la crise de goutte.
La goutte touche plus fréquemment les hommes que les femmes, et survient généralement après 40 ans. Certains facteurs favorisent son apparition :
- L’hérédité : la prédisposition génétique joue un rôle important dans la survenue de la goutte.
- L’alimentation : une consommation excessive d’aliments riches en purines (viande rouge, abats, fruits de mer, alcool, sodas…) augmente le risque de goutte.
- Le surpoids et l’obésité : l’excès de poids est associé à une production accrue d’acide urique.
- Certains médicaments : les diurétiques et l’aspirine à faible dose peuvent favoriser l’hyperuricémie.
- Certaines maladies : l’insuffisance rénale, l’hypertension artérielle, le diabète sont des facteurs de risque de goutte.
Comment se manifeste la goutte ?
La goutte évolue par crises qui durent généralement de quelques jours à quelques semaines. Entre les crises, il n’y a pas de symptômes. Les crises surviennent souvent la nuit, de manière soudaine et imprévisible.
Le symptôme principal de la crise de goutte est une douleur articulaire intense, souvent au niveau du gros orteil (on parle alors de “podagre”), mais aussi du pied, de la cheville, du genou, de la main… L’articulation touchée est rouge, chaude, gonflée et extrêmement sensible. La douleur est telle que le simple contact d’un drap peut être insupportable !
Parfois, la crise s’accompagne de fièvre, frissons, accélération du rythme cardiaque et sensation de malaise général.
Si la goutte n’est pas traitée, les crises peuvent devenir plus fréquentes et toucher plusieurs articulations. Des dépôts d’acide urique (appelés “tophi”) peuvent se former sous la peau autour des articulations, mais aussi dans d’autres tissus comme le cartilage ou les tendons. À long terme, la goutte chronique peut entraîner des déformations articulaires et une destruction progressive des articulations.
La goutte peut aussi avoir des complications rénales : les cristaux d’acide urique peuvent se déposer dans les reins et former des calculs. Une insuffisance rénale peut survenir si les reins sont trop abîmés.
Comment diagnostiquer la goutte ?
Le diagnostic de goutte repose sur plusieurs éléments :
- L’interrogatoire et l’examen clinique : le médecin recherche les signes typiques de la crise de goutte (douleur, rougeur, gonflement articulaire) et les facteurs de risque (antécédents familiaux, alimentation, médicaments, maladies associées…).
- La ponction articulaire : elle consiste à prélever du liquide dans l’articulation touchée. La mise en évidence de cristaux d’acide urique au microscope confirme le diagnostic de goutte. Cet examen permet aussi d’éliminer d’autres causes d’arthrite.
- La prise de sang : elle mesure le taux d’acide urique. Un taux élevé (supérieur à 60 mg/l chez l’homme et 50 mg/l chez la femme) signe une hyperuricémie, mais n’est pas spécifique de la goutte. L’hyperuricémie peut être présente sans goutte, et inversement la goutte peut survenir avec un taux d’acide urique normal.
- Les examens d’imagerie (radiographies, échographie, scanner) : ils ne sont pas systématiques, mais peuvent être utiles pour évaluer les dégâts articulaires en cas de goutte chronique ou pour rechercher des diagnostics différentiels.
Comment traiter la goutte ?
Crédit vidéo © Pums College – YouTube
La prise en charge de la goutte vise à soulager les crises, prévenir les récidives et les complications. Elle repose sur des traitements médicamenteux et des mesures hygiéno-diététiques.
Le traitement des crises de goutte
L’objectif est de calmer rapidement la douleur et l’inflammation. Le repos et la mise au repos de l’articulation touchée sont indispensables. Les traitements recommandés sont :
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme le diclofénac ou l’indométacine. Ils sont très efficaces mais peuvent avoir des effets secondaires digestifs, rénaux et cardiovasculaires.
- La colchicine, un médicament qui freine l’inflammation en bloquant la formation des microtubules dans les cellules. Elle est souvent utilisée en première intention, mais peut provoquer des diarrhées.
- Les corticoïdes, par voie orale ou en injection intra-articulaire. Ils sont utilisés en cas de contre-indication ou d’inefficacité des AINS et de la colchicine.
Ces traitements doivent être pris le plus tôt possible dès le début de la crise. Ils sont généralement prescrits pour une courte durée (quelques jours).
Le traitement de fond de l’hyperuricémie
Pour prévenir les récidives de crises de goutte et la formation des tophi, il est essentiel de maintenir l’uricémie à un taux bas (inférieur à 50 mg/l) sur le long terme. Deux types de médicaments peuvent être utilisés :
- Les hypo-uricémiants qui diminuent la production d’acide urique, comme l’allopurinol et le fébuxostat. Ils sont généralement bien tolérés mais nécessitent une surveillance régulière (fonction rénale, toxicité hépatique).
- Les uricosuriques qui augmentent l’élimination rénale de l’acide urique, comme le probénécide. Ils sont moins utilisés car ils peuvent favoriser la formation de calculs rénaux.
Le traitement hypo-uricémiant est débuté à distance des crises, à dose progressive. Il est poursuivi au long cours, voire à vie. Une bonne observance est primordiale pour prévenir efficacement les récidives.
Les mesures hygiéno-diététiques
Elles sont un complément indispensable des traitements médicamenteux. Les principales recommandations sont :
- Limiter la consommation d’aliments riches en purines : viande rouge, abats, fruits de mer, bouillons de viande, etc. Privilégier les protéines végétales (légumineuses).
- Réduire la consommation d’alcool, en particulier de bière qui est riche en purines. L’idéal est l’abstinence.
- Limiter les boissons sucrées et les aliments riches en fructose, qui favorisent l’hyperuricémie.
- Maintenir un poids normal : l’excès de poids augmente le risque de goutte. Si nécessaire, entreprendre un rééquilibrage alimentaire pour perdre du poids.
- Boire suffisamment d’eau (au moins 2 litres par jour) pour favoriser l’élimination de l’acide urique dans les urines.
- Pratiquer une activité physique régulière adaptée, qui aide à maintenir un poids stable et améliore le bien-être.
Le mot de la fin
La goutte est une maladie chronique invalidante, mais qui se traite bien. Une prise en charge précoce et adaptée permet de soulager les symptômes, prévenir les récidives et les complications. Le succès du traitement repose sur une bonne coopération entre le patient et son médecin. N’hésitez pas à consulter si vous présentez des signes de goutte, un diagnostic et un traitement rapides sont les clés d’une bonne évolution !