Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
Une entorse est une élongation ou une déchirure du ligament / des ligaments autour d’une articulation. Les entorses surviennent lorsqu’une articulation est forcée de se déplacer dans une position non naturelle (par exemple, lors d’une chute ou suite à un traumatisme important). Parmi les symptômes, on peut trouver la douleur articulaire (souvent accompagnée d’enraidissement et de difficulté à mobiliser la cheville), l’œdème, une cheville chaude et rouge et parfois de l’apparition d’un hématome ou de craquements.
En général, les blessures aux ligaments de la cheville sont classées en trois grades selon la gravité des blessures :
- Grade I : entorse légère, un léger étirement du ligament ;
- Grade II : entorse modérée, un étirement plus important du ligament avec une déchirure partielle ;
- Grade III : entorse grave, une rupture complète du ligament. Parfois, un arrachement osseux peut aussi survenir.
Gwendolyn Vuurberg (chirurgienne orthopédique) et d’autres spécialistes de renom(1) ont mis à jour les lignes directrices cliniques concernant le diagnostic, le traitement et la prévention des entorses de la cheville en y incorporant de nouvelles recherches. Voici dans cet article, un résumé des bons réflexes à adopter après une foulure de cette articulation.
En bref
- Une consultation médicale est nécessaire pour exclure une fracture. Les « critères d’Ottawa » peuvent être utiles pour déterminer si une radiographie est nécessaire ou non ;
- Une courte période d’immobilisation peut être bénéfique, mais un traitement fonctionnel basé sur l’exercice est généralement préférable. La chirurgie est réservée aux cas d’instabilité chronique ;
- Bien qu’il n’y ait pas de preuves concluantes sur la prévention d’une première entorse, des exercices thérapeutiques et des mesures de contention fonctionnelles comme le strapping peuvent aider à prévenir les récidives.
La radiographie est-elle obligatoire ?
Elle n’est pas toujours nécessaire. La première attitude à adopter après une entorse latérale aiguë de la cheville est la consultation médicale afin d’exclure une fracture.
Pour cela, les « critères d’Ottawa » peuvent être utilisés pour leur haute sensibilité et spécificité.
Les règles ou critères d’Ottawa sont un test facile et validé en cas de lésion de la cheville pour exclure une fracture. Cette évaluation permettra d’éviter des prescriptions de radiographies dans le cadre des entorses de cheville. Toutefois, un examen radiographique sera souhaité si le doute persiste.
Comme expliqué dans la vidéo ci-dessous, « une radio » n’est pas nécessaire si aucun de ces critères n’est présent :
- Si le patient ne peut supporter la mise en charge immédiatement après son traumatisme ou s’il est incapable de faire 4 pas ;
- Lorsque le praticien retrouve une sensibilité palpatoire au niveau des :
- 6 cm distaux de la malléole externe ;
- 6 cm distaux de la malléole interne ;
- La base du 5e métatarsien ;
- L’os naviculaire.
Une visite aux urgences est-elle nécessaire ?
Comme on vient de le voir, il est préférable de consulter un médecin le plus tôt possible afin d’exclure une possible fracture. L’évaluation à travers les règles d’Ottawa, par exemple, est plus fiable si elle est pratiquée dans les premières 48 heures.
Paradoxalement, il y a des tests qui sont plus fiables après quelques jours écoulés. C’est le cas du « test du tiroir antérieur », une évaluation effectuée par le médecin pour déterminer un endommagement des ligaments de la cheville.
Selon Vuurberg G. et coll, cette évaluation clinique, souvent utilisée pour prédire une lésion du ligament talo-fibulaire antérieur, est plus optimale si elle est effectuée 4 à 5 jours après l’accident.
Immobilisation, oui ou non ?
Parfois, une courte période d’immobilisation peut aider à diminuer la douleur et l’œdème issus d’une lésion ligamentaire latérale.
Néanmoins, le traitement fonctionnel basé sur l’exercice ainsi que des mesures de contention fonctionnelles (orthèse, strapping, etc.) sont préférables à l’immobilisation.
Les mobilisations passives faites par le kinésithérapeute peuvent aider en cas de restriction du mouvement de la cheville. Cependant, la littérature conseille de les combiner avec les exercices actifs étant donné que les exercices supervisés stimulent la récupération de la stabilité fonctionnelle des articulations.
Chirurgie ou traitement conservateur ?
Autrefois, le traitement chirurgical était fréquemment effectué pour les lésions aiguës des ligaments latéraux, jusqu’au jour où la science a prouvé que le traitement conservateur procurait des effets égaux, et que cette intervention invasive n’était pas la meilleure solution pour tous les patients.
De nos jours, le bloc opératoire est principalement réservé aux patients qui souffrent d’instabilité chronique après une entorse (ou de plusieurs récidives) et qui n’ont pas répondu à un programme d’exercices de kinésithérapie comme traitement conservateur.
En effet, en dépit des bons résultats cliniques de la chirurgie dans le cadre de blessures chroniques ou de ruptures des ligaments latéraux, le traitement fonctionnel est toujours préférable afin d’éviter tout risque de complications. Cependant, les décisions de traitement doivent être prises en étudiant chaque cas individuellement.
À noter que pour les athlètes professionnels, le traitement chirurgical peut être préféré afin d’assurer un retour au jeu plus rapide.
La méthode RICE est-elle efficace ?
RICE (Rest, Ice, Compression, Elevation) ou en français « repos, application de glace sur la zone, compression, élévation du membre affecté », fait référence à une méthode de traitement conservatrice très fréquemment utilisée.
Il y a cependant peu de soutien scientifique de son efficacité dans la réduction des symptômes associés aux blessures à la suite d’une entorse aiguë de la cheville. En effet, les données ont montré que l’efficacité de la cryothérapie locale n’est pas claire.
Toutefois, en combinaison avec l’exercice thérapeutique, l’application de froid a un plus grand effet sur la réduction de l’œdème en comparaison avec l’application de chaleur.
Par ailleurs, les preuves concernant l’efficacité de la thérapie de compression après une foulure de cheville ne sont pas concluantes. Qui plus est, concernant les effets individuels du repos et de l’élévation, aucune preuve n’est significative.
En bref, il n’existe aucune preuve qui démontre que la méthode RICE de façon isolée exerce une influence positive sur la douleur, l’œdème ou la fonctionnalité de l’articulation affectée.
Les anti-inflammatoires sont-ils conseillés ?
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont couramment prescrits aux patients subissant une entorse aiguë de cheville, dans le but premier de réduire la douleur et le gonflement.
La révision des études dévoile que l’utilisation d’AINS oraux ou topiques entraîne moins de douleur à court terme (<14 jours).
Néanmoins, d’après les résultats de la recherche concernant ce traitement, des précautions doivent être prises avec l’utilisation des AINS, car elle n’est pas sans complications. En effet, ces anti-inflammatoires peuvent supprimer ou retarder le processus naturel de guérison.
Il convient donc de réfléchir à la question de savoir s’il est justifié de masquer les douleurs ressenties d’une personne, peut-être au détriment de sa récupération.
L’entorse de cheville, puis-je la prévenir ?
D’un côté, le strapping ou les attelles, le choix dépendant des préférences personnelles, ont un rôle validé dans la prévention des entorses de chevilles récurrentes, même sans un consensus sur les mécanismes qui mènent à ces effets bénéfiques.
D’un autre côté, afin de prévenir les récidives après une entorse initiale, il est conseillé de commencer des exercices thérapeutiques dès que possible, et ce notamment chez les athlètes.
Ceci dit, il manque de preuves démontrant que ces méthodes préventives préviennent d’une première entorse de la cheville.
En raison de preuves non concluantes, aucune recommandation ne peut être faite concernant l’usage des chaussures. D’ailleurs, il n’existe aucune preuve claire sur le rôle d’autres formes de thérapie comme les vibrations et la thérapie d’électrostimulation dans le traitement et la prévention d’une entorse chronique. Il n’y a pas non plus de conclusion probante sur l’acupuncture.
Sources éditoriales et fact-checking