Le terme cryothérapie vient du grec ancien et signifie littéralement “guérir par le froid”. Le principe de cette méthode thérapeutique est d’utiliser une source de froid (sous forme de glace, eau ou gaz) pour diminuer la température corporelle d’une zone ou refroidir le corps entier par conduction.
Les différents types de cryothérapie
En fonction de la taille de la zone du corps à traiter avec des températures cryogéniques, les méthodes de cryothérapie peuvent être classées en deux groupes :
- Cryothérapie locale (appliquée sur une petite zone du corps) : spray cryogène, appareil de cryothérapie mobile (cryo-esthétique), poche de glace, machine à vapeur d’azote ;
- Cryothérapie du corps entier : cryosauna, chambre cryogénique, ou immersion dans l’eau glacée.
Cryothérapie corps entier vs cryothérapie localisée
La baisse moyenne de la température de la peau après une séance de cryothérapie par air pulsé est de 23-25°C. Comme cette technologie est relativement récente, on ne dispose pas encore de données sur son effet au niveau des températures des organes internes.
Une séance de cryothérapie sur l’ensemble du corps provoque une baisse globale de la température de la peau de 8 à 18 °C, une baisse de la température interne de 0 à 0,3 °C, et une baisse de la température des muscles de 1,6 °C à 3 cm de profondeur(1).
La cryothérapie corps entier
La cryothérapie corps entier (WBC de l’anglais whole body cryotherapy), est un traitement récent censé favoriser la santé en soumettant brièvement le corps à des températures extrêmes de l’air (en dessous de -100°C). Cette pratique met en application un phénomène d’adaptation peu connu : l’hormèse.
Les traitements WBC durent entre 2 et 5 minutes, et la fréquence des séances peut varier en fonction de l’indication.
Le patient est placé dans un environnement sec et froid, résultat d’une libération d’azote liquide. Ceci entraîne une réduction, brusque et rapide de la température corporelle.
Le froid pénètre sur une petite distance dans le derme, et cette action n’est donc pas pour autant douloureuse.
Une autre explication de l’absence de douleur vient du fait que le froid est sec, contrairement à une journée d’hiver pendant laquelle il y a de l’humidité.
Si une sensation d’inconfort peut être ressentie, celle-ci disparaît généralement au fil des séances. Pendant l’exposition, les personnes devront porter un minimum de vêtements, afin de couvrir les zones les plus sensibles du corps.
Il existe aujourd’hui des techniques très avancées grâce aux progrès que la technologie a réalisés. Par conséquent, le spécialiste pourra choisir la méthode la plus adaptée à chaque personne et au type de besoin.

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Cryosauna
L’immersion dans le froid se fait ici dans une cabine de cryothérapie, à l’intérieur de laquelle de l’azote liquide est vaporisé, permettant d’atteindre des températures comprises entre 110 et 170°C en dessous de zéro.
Le temps de passage est très court, au plus trois minutes, et généralement seul le tronc bénéficie des bienfaits du froid, tandis que le cou et la tête restent à l’extérieur.

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Chambre cryogénique
L’installation est composée de deux pièces. Dans la première, le patient passe environ 30 secondes pour adapter son corps au froid. Il progressera ensuite dans la seconde chambre où il s’arrêtera pendant quelques minutes à une température inférieure à -100°C.
Des gants, des chaussettes, un maillot de bain, un masque et un bandeau devront également être portés pour protéger les zones sensibles.
Les traitements en chambre cryogénique sont généralement bien tolérés par les patients et les complications liées au traitement sont très rares.

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Cryothérapie par immersion
Dans des réservoirs appropriés remplis d’eau et de glace afin d’atteindre une température comprise entre 5 et 10 degrés, le corps est immergé, entier ou en partie.
Cette pratique réduit les douleurs musculaires et articulaires, favorisant une récupération plus rapide.
Généralement, l’immersion dure pendant une minute, suivie d’une sortie de l’eau pendant deux minutes, avec une répétition de cette séquence trois à six fois.
Un bain plus froid et de plus longue durée n’est recommandé que chez les personnes entraînées régulièrement à ce type de pratique.
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La cryothérapie localisée
Cryo-ultrasons
Une thérapie pratiquée à l’aide d’un appareil ressemblant à un appareil d’échographie, dont la tête est refroidie à une température comprise entre -5 et 0 degrés. Les applications durent de 10 à 15 minutes, avec un effet bénéfique sur l’inflammation, l’enflure, la douleur et les contractures. Ce type de cryothérapie est aussi utilisé par certaines personnes à des fins esthétiques ou de perte de poids (cryolipolyse).
Cryothérapie à l’air
Une méthode simple au cours de laquelle l’opérateur dirige un jet d’air à une température variant entre 0 et -30°C vers la zone à traiter. Cette technique est également utile dans le cas de maladies inflammatoires, contractures musculaires, raideurs post-traumatiques.

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Cryothérapie “DIY”
Pour bénéficier des avantages du froid, il n’est pas toujours nécessaire de se rendre chez des médecins et des centres spécialisés, surtout lorsqu’il s’agit de simples ecchymoses ou de douleurs légères.
La vessie de glace ou sac de glace
C’est l’outil le plus ancien et le plus simple utilisé sur la zone douloureuse. La poche de glace agit en induisant une action anti-inflammatoire et analgésique très rapide.

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Bombes aérosol
Ce sont des bombes pressurisées contenant du fluorométhane, un produit chimique ininflammable et non toxique. Lorsque vous le vaporisez sur la zone douloureuse, vous devez faire attention à maintenir le détendeur à 30-40 centimètres de la peau, afin de ne pas provoquer de brûlures. Ces sprays froids sont largement utilisés par les sportifs pour soulager les maux résultant de coups, contusions, foulures ou déchirures.
Compresse froide
Les compresses froides sont obtenues en plaçant de petits sacs remplis de gel dans le congélateur, qui les refroidit en une heure environ, atteignant une température proche de 0 degré.
Lorsque l’effet froid de la substance s’estompe, le sac doit être remis au congélateur pour être réutilisé.

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Quel est l’intérêt du froid pour soulager la douleur ?
L’utilisation de la glace pour les ecchymoses et traumatismes musculo-squelettiques permet de diminuer la perception de la douleur, grâce à l’effet analgésique (même temporaire) du froid sur la zone traitée : l’hypothermie de la peau empêche la transmission des stimuli nerveux de la douleur.
Depuis des temps anciens, la glace était (et est toujours) utilisée pour limiter le gonflement : l’effet anti-œdème est lié à la vasoconstriction induite, qui empêche l’extravasation du sang dans les tissus.
Par ailleurs, les muscles ne pouvant pas rester contractés/tendus à basse température : la glace peut aussi être utilisée pour relâcher les muscles. En effet, lorsque les muscles sont mis en contact avec une source froide, ils se relâchent (il a donc une action antispastique et relaxante musculaire).
Bien que la cryothérapie corps entier (WBC) ne soit ni nocive ni dangereuse pour les personnes en bonne santé, les effets sont toujours à l’étude en ce qui concerne :
- Son intérêt sur l’activité motrice et les performances physiques ;
- Sa réponse cardiovasculaire ;
- L’amélioration des profils lipidique ;
- L’amélioration des marqueurs sanguins ;
- Les profils hormonaux ;
- Le système antioxydant ;
- Le système immunitaire.
Quelques faits sur la cryothérapie
Les liquides cryogéniques sont les liquides dont le point d’ébullition ne dépasse pas -153°C (120°K) sous une pression atmosphérique normale.
Voici les différents types de cryogènes et leurs plages de température respectives :
- Froid humide : eau avec de la glace, 0°C ;
- Froid humide : air froid, température de -15°C à -30°C ;
- Vapeur froide sèche des gaz liquéfiés, vapeur d’azote liquide : -196°C ;
- Vapeur de dioxyde de carbone : -75°C.
L’effet le plus rapide peut être obtenu avec de l’eau (froide). Cependant, mettre un patient dans un bain glacé est désagréable et peut provoquer un choc thermique trop brutal. Cette pratique n’est donc utilisée que dans certains cas.
La cryostimulation utilisant des températures froides et sèches (vapeur de gaz liquéfié : azote, air, dioxyde de carbone) est mieux tolérée, car plus rapide et plus pratique. Elle est cependant beaucoup plus chère.
Les liquides, vapeurs et gaz froids cryogéniques utilisés de manière incorrecte peuvent causer de graves dommages liés au gel. Cependant, l’azote liquide appliqué brièvement n’est pas nocif, car il s’évapore immédiatement au contact d’une surface chaude.
⚠️ Il est important d’éviter tout contact avec le globe oculaire, car cela pourrait provoquer des lésions graves et irréversibles de la cornée.
Fonctionnement de la cryothérapie
Les gaz utilisés sont stockés dans des conteneurs spécialement isolés conçus pour résister à des changements de température rapides. La basse température du fluide frigorigène (vapeur d’azote liquide) entraîne une première réponse forte et rapide : une vasoconstriction permettant de diminuer l’ischémie tissulaire et la douleur.
Dans un second temps, une hyperémie locale se produit (augmentation du flux sanguin local due à des facteurs internes et externes, connue sous le nom d’effet de rebond), au cours de laquelle les processus métaboliques sont intensifiés et la tension musculaire réduite.
Contre-indications
Il existe de nombreux cas pour lesquels la cryothérapie peut être déconseillée. Lors du traitement en chambre cryogénique, une attention particulière doit être portée aux points suivants : l’âge du patient, sa condition physique et vasculaire, la présence de plaies cutanées et les pathologies existantes. Parmi les pathologies à risque, citons :
- Accident vasculaire cérébral ;
- Hypertension artérielle ;
- Insuffisances respiratoires ;
- Insuffisances circulatoires ;
- Angine de poitrine ;
- Pace maker cardiaque ;
- Artériopathie ;
- Thrombose veineuse profonde ;
- Colique néphrétique ;
- Anémie sévère ;
- Allergies au froid et Syndrome de Raynaud.
La durée d’exposition au froid et son intensité doivent également être adaptées en fonction de la réponse au froid de chacun.
L’usage de drogues, la consommation de boissons alcoolisées ou la prise de médicaments (notamment la prise d’anticoagulant) ne sont pas anodins lorsque l’on soumet son corps à ce type de stress. Il sera très important d’en informer l’opérateur en amont afin d’éviter de vous mettre en danger.
Bienfaits de la cryothérapie
L’exposition du corps humain à des températures cryogéniques entraîne de nombreux phénomènes favorables, par exemple:
- Amélioration globale du bien-être (relaxation physique et morale) ;
- Effet analgésique ;
- Augmentation du flux sanguin ;
- Stimulation du système immunitaire(3) ;
- Augmentation des endorphines, de la noradrénaline, et de l’adrénaline.
Dans le monde du sport (surtout football et rugby), l’utilisation de la cryothérapie comme méthode de récupération d’un traumatisme ou d’une blessure est aujourd’hui très répandue, surtout pour son effet anesthésique qui s’opère par réduction de la conduction nerveuse et de la sensibilité des nocicepteurs(4).
Ce qu’il faut retenir
La cryothérapie possède des effets antalgique et anti-inflammatoire. Elle entraîne une vasoconstriction périphérique qui améliore l’oxygénation musculaire, stimule le système parasympathique et augmente la norépinéphrine, ce qui permet de favoriser la récupération.
En permettant une élimination des déchets musculaires plus rapide et en favorisant la circulation sanguine, les thérapies par le froid sont devenues un outil associé au programme d’entraînement et de récupération de nombreux sportifs.
Au niveau des éventuels bienfaits santé, les études scientifiques sérieuses sont peu nombreuses et contradictoires. En cas de doute, n’hésitez pas à demander l’avis de votre médecin.
Références