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Les boissons stimulantes sont largement consommées, alors que certaines d’entre elles ont un réel effet sur le système nerveux. Y a-t-il un danger à consommer ces boissons contenant des alcaloïdes ? À quelle dose ?
Ces boissons sont très populaires dans notre société pour diverses raisons, notamment le rythme de vie, la course à la performance, la mode, le régime alimentaire et le besoin de confort. Ces boissons comprennent les boissons chaudes telles que le thé, le café, le chocolat et leurs dérivés (cappuccino, mocaccino, etc.), les boissons froides à base de cola et les boissons énergétiques, ces dernières attirant surtout les jeunes désireux de pousser leur corps jusqu’à ses limites (elles suppriment l’effet sédatif de l’alcool) et les sportifs occasionnels (elles augmentent l’énergie disponible pour le travail musculaire).
Quant au buveur de cola, il est plus attiré par le sucre qu’il contient que par la stimulation qu’il génère, du moins dans un premier temps. Par la suite, une forme de double addiction peut s’installer (au sucre et à la caféine). Dans tous les cas, cette consommation prépare le futur adulte aux comportements addictifs ou, du moins, à la recherche de stimulants. Cela peut expliquer en partie le succès des boissons énergisantes dans notre société, puisque les enfants de la génération cola sont maintenant adultes. Quoi qu’il en soit, la consommation de café, de thé et de chocolat chaud est un succès pour bien d’autres raisons.
En tous les cas, la consommation de café, de thé et de chocolat chaud rencontre un franc succès pour bien d’autres raisons. Pour une part, elle naît souvent d’une habitude parentale passée dans l’éducation : la pause boissons chaudes en famille, au bureau, au café du coin, au retour d’une activité, etc. Parfois, elle réchauffe le cœur et le corps, parfois elle console ou comble un vide, ou encore elle permet de partager avec les autres à l’heure même où la communication devient plus que jamais virtuelle et la vie de chacun très prenante. D’autre part, les consommateurs viennent souvent chercher, par ce biais, la petite impulsion physique au-delà du plaisir gustatif, celle qui permet de dynamiser l’organisme, de devenir performant malgré le manque de sommeil et le rythme effréné enduré au quotidien. Le fonctionnement même de notre société n’est plus adapté au respect des rythmes naturels de l’être humain. Deux exemples reflètent cet état de fait :
- La recherche de la performance physique et intellectuelle au travail comme dans les loisirs, souvent liée à la croissance des besoins matériels de l’homme d’aujourd’hui ;
- Les stimulations permanentes aux heures censées mettre l’individu au repos : internet, réseaux sociaux, télévision, téléphone portable, consoles de jeux, etc.
Le respect des rythmes biologiques et saisonniers de l’être humain alternant des phases d’éveil et de repos, plus ou moins longues selon les saisons, n’est plus de mise. Cela se traduit par du stress, un manque de sommeil et de la fatigue avec une paresse diurne et génère souvent de l’insatisfaction : un cocktail idéal pour produire un consommateur accro aux boissons stimulantes.
Par ailleurs, il existe une raison “silhouette et régime”. En effet, les recommandations sur les effets néfastes d’une alimentation grasse et sucrée ont été bien entendues. De nombreuses personnes ont troqué leur habitude de grignoter des barres chocolatées et des gâteaux contre une boisson chaude stimulante, leur procurant une source de plaisir tout en espérant garder la ligne. L’effet coupe-faim du café est bien connu et devient une compensation en lieu et place d’une réelle prise alimentaire.
Enfin, les boissons stimulantes bénéficient également d’un effet de mode. De nombreuses épiceries fines et autres boutiques mettent en avant les cafés et leurs goûts en fonction de leurs origines, des méthodes de torréfaction et des moutures, et commercialisent de la même manière le thé, très à la mode depuis quelques années. Le thé a la réputation d’être plus sain que le café, d’être une source d’antioxydants, d’être bon pour la santé et la ligne, et d’être mieux toléré que le café en général. Cette tendance a été renforcée par l’apparition, depuis une dizaine d’années, des machines à dosettes, qui rendent très facile l’usage répété en unidoses. Il est possible, selon le modèle de machine, d’utiliser des dosettes de thé.
Focus sur les alcaloïdes
La consommation de ces boissons ne présente pas de risque significatif pour la santé, à condition qu’elle soit modérée. Certaines de ces boissons sont considérées comme des boissons santé, car elles ont des effets bénéfiques sur le corps, à condition toutefois qu’elles soient de bonne qualité, biologiques et fabriquées avec de l’eau pure. Comme tout aliment ingéré, les excès en font des boissons qui peuvent être dangereuses pour la santé. En cause, les alcaloïdes : des molécules organiques azotées qui peuvent avoir une activité pharmacologique. Par exemple, la caféine (ou théine), la théobromine et la théophylline sont des méthylxanthines (un sous-groupe des purines) contenues dans les boissons stimulantes, qui agissent sur le système nerveux central et, par conséquent, sur de nombreuses autres fonctions de l’organisme. Après dégradation par le foie, ces molécules sont éliminées par les reins.
La caféine est un stimulant du système nerveux d’origine végétale que l’on retrouve dans plusieurs espèces de plantes, souvent associées à d’autres alcaloïdes comme la théobromine et la théophylline : café, thé, cacao, guarana, maté (plante utilisée pour la fabrication de la boisson traditionnelle sud-américaine du même nom), noix de cola. Il s’agit de la même molécule que la théine, mais son nom diffère selon son origine.
La théophylline est l’une des principales substances actives du thé, également présente dans le café, le chocolat, le maté, le guarana et la graine de kolatier.
La théobromine est un composé amer que l’on trouve principalement dans le cacao, la poudre obtenue après torréfaction et broyage de l’amande de la fève de cacao, mais aussi dans le guarana. La quantité de théobromine contenue dans le chocolat est relativement faible pour avoir un effet significatif sur la santé. Plus la teneur en cacao du chocolat est élevée, plus il contient de théobromine. Le chocolat blanc contient donc très peu de théobromine, car il est principalement composé de beurre de cacao.
Effets des boissons stimulantes
Par conséquent, la consommation de boissons chaudes telles que le café, le thé ou le chocolat peut induire des effets plus ou moins similaires sur l’organisme. Cependant, comme ces molécules sont consommées au sein d’une boisson, leurs effets sont modifiés par la présence d’autres éléments tels que des antioxydants, des minéraux, etc. En outre, le choix de la boisson et sa concentration font toute la différence.
Effet sur l’organisme
- Stimulation du système nerveux central avec augmentation de la vigilance et de l’éveil, donc du travail intellectuel (augmentation de l’attention, de la concentration et flot de pensées plus claires) ;
- Augmentation du rythme cardiaque ;
- Bronchodilatation, donc stimulation respiratoire ;
- Utilisation du glucose en réserve, destruction des graisses et augmentation de la température corporelle ;
- Augmentation des sécrétions digestives et relâchement des muscles intestinaux ;
- Dilatation vasculaire sauf au niveau cérébral ;
- Augmentation de la contraction musculaire, donc du travail musculaire ;
- Légère action diurétique.
Conséquences possibles
- Anxiété, nervosité, angoisses, céphalées ;
- Addiction ;
- Problème de sommeil, retard d’endormissement, sommeil moins profond ;
- Palpitations cardiaques ;
- Migraines.
Observations
- Diminution possible des effets sédatifs et calmants de certains médicaments ;
- Stimulation de la mémoire ;
- Augmentation des effets analgésiques dans certains cas ;
- Augmentation des effets indésirables de quelques médicaments ;
- Amaigrissement ;
- Augmentation de l’effet bronchodilatateur de certains médicaments ;
- Reflux gastrique ;
- Utilisation par les sportifs en compléments alimentaires et sous forme d’expresso.
Effet sur l’organisme
- Augmentation de l’activité du système nerveux et stimulation de l’humeur ;
- Action bronchodilatatrice : renforcement des muscles respiratoires ;
- Augmentation du rythme cardiaque ;
- Diurétique ;
- Stimulation de la lipolyse des adipocytes (dégradation des cellules graisseuses).
Conséquences possibles
- Tremblements, nervosité ;
- Tachycardie.
Observations
Utilisation dans le traitement de l’asthme sévère ;
Lithiases uriques (formation de calculs dans les voies urinaires).
Effet sur l’organisme
- Stimulant doux de plus longue durée avec action positive sur l’humeur ;
- Diminution de l’activité du nerf vague : régulation végétative (digestion, fréquence cardiaque) ;
- Stimulant cardiaque ;
- Vasodilatateur ;
- Diurétique et activatrice de la circulation rénale ;
- Stimulant sexuel (action sur l’hypothalamus).
Conséquences possibles
- Sensation de plaisir et effet antistress ;
- Effet antitussif.
Observations
- Facteur aggravant des reflux acides gastro-œsophagiens
Pour résumer, le café est un stimulant du système nerveux qui peut générer une euphorie et réduire temporairement la sensation de fatigue, alors que le thé est un stimulant encéphalique : la diffusion des alcaloïdes est plus lente et son action est moins brutale et plus prolongée qu’avec le café.
Durée des effets : 1 heure après l’ingestion pour le café sous forme d’un pic et d’une nette diminution après 2 à 3 heures ; le thé stimule pendant 6 à 8 heures, sans irriter.
En général, le thé est mieux toléré que le café, car il contient beaucoup de polyphénols qui limitent les effets de la caféine. Le cacao est un stimulant léger.
Il est conseillé de boire du thé et du café dans la première moitié de la journée. Une personne qui élimine bien la caféine ne sera pas du tout gênée par le café à 17 heures, car à 21 heures, elle n’en ressentira plus les effets. La quantité de thé consommée dans la journée doit également être prise en compte : une grande quantité de thé dans la journée peut entraîner des insomnies. La tolérance de chaque personne rend ce conseil extrêmement aléatoire et personnel.
Quelle dose ? À quel âge ? Pour qui ?
Afin de limiter les risques pour les différents publics d’absorber des boissons contenant des alcaloïdes qui, rappelons-le, ont des effets importants sur le système nerveux, il convient de prendre en compte son état physiologique, sa corpulence, son âge et sa propre tolérance aux différents alcaloïdes en observant ses propres réactions. Bien que les effets soient différents d’une personne à l’autre et que l’organisme développe une forme de réaction pour limiter l’impact des alcaloïdes, voici quelques précautions à prendre.
Conseil pour un adulte
La valeur de référence donnée par les autorités sanitaires en matière de caféine est de 600 mg par jour, soit environ 6 tasses de café ou 2 à 3 litres de thé par jour. L’apport idéal (c’est-à-dire pour bénéficier des avantages de ces boissons sans en avoir les inconvénients pour une personne en bonne santé) semble être de 400 mg pour un homme et 300 mg pour une femme, soit 3 à 4 tasses de café ou de thé par jour.
Pour les femmes enceintes
La quantité à ne pas dépasser est à diviser par deux, soit 300 mg par litre selon LECRAT. Il est à noter que l’élimination de la caféine est beaucoup plus longue chez la femme enceinte. La caféine peut provoquer des fausses couches et altérer le développement du fœtus. Elle passe également dans le lait maternel et peut provoquer de l’irritabilité et des troubles du sommeil chez le bébé. Ainsi, 2 tasses par jour sont la limite à ne pas dépasser pour les femmes enceintes et allaitantes.
En outre, le café et le thé peuvent réduire l’absorption du fer. Les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que celles en âge de procréer, constituent donc un public dont la consommation doit être limitée, notamment au moment du repas. En cas de carence en fer, il est préférable d’attendre 40 minutes après un repas avant de boire du thé ou du café.
Les contraceptifs oraux augmentent la durée de vie de la caféine, de sorte que l’organisme l’élimine beaucoup plus lentement. Dans ce cas, les femmes doivent limiter la quantité qu’elles prennent et espacer leurs prises.
La consommation de café doit être modérée, voire arrêtée en cas d’ulcères gastroduodénaux, d’intestins irrités, de reflux gastro-oesophagien, de hernie hiatale et d’incontinence fécale.
Enfants et adolescents
Pour les enfants de moins de 10 ans, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, la dose “acceptable” pour éviter l’excitation du système nerveux est de 2,0 mg par kilo de poids corporel, soit environ 45 mg par jour pour un enfant de 4 à 6 ans et 85 mg pour un enfant de 7 à 9 ans, soit 1 bol de chocolat chaud ou 2 verres de cola et 1 tablette de chocolat.
Effet cocktail : accumulation des petites doses
Pour les enfants et les adolescents, le problème réside dans la consommation répétée et régulière de divers aliments qui contiennent des alcaloïdes à faible dose. Au cours d’une journée, cela représente une concentration assez élevée de stimulants. Selon les habitudes alimentaires, les jeunes en viennent donc à stimuler régulièrement leur système nerveux, ce qui peut entraîner des conséquences allant de la simple excitation du système nerveux à la dépendance. Le problème principal est la diminution du sommeil profond, qui peut interférer avec le développement et/ou la maturation du cerveau.
Ce problème se pose également pour les adultes en fonction de leur consommation quotidienne, sans parler des alcaloïdes contenus dans le tabac. Ainsi, insidieusement, les pratiques alimentaires quotidiennes deviennent stimulantes pour beaucoup. Le corps s’y habitue souvent et en redemande, comme un véritable besoin ! Cela conduit à la consommation de plus en plus de stimulants.
De l’accoutumance à l’addiction
Parmi les alcaloïdes présents dans les boissons, la caféine est celle qui peut générer une dépendance. Le système nerveux s’adapte à sa consommation régulière : c’est l’addiction. Elle apparaît très rapidement : après avoir consommé 400 mg de caféine (soit environ 4 tasses) 3 fois par jour pendant 7 jours. Par définition, le sevrage (arrêt total de la caféine lorsqu’il y a une dépendance) entraîne des symptômes tels que maux de tête, douleurs articulaires et stomacales, nausées, vertiges, asthénie, irritabilité, agressivité, voire idées dépressives. Une surconsommation peut conduire au caféisme, c’est-à-dire à une véritable dépendance à la caféine associant un grand nombre de troubles physiques et psychiques.
D’autres alcaloïdes amplifient certains des effets de la caféine, mais il n’existe aucune preuve de dépendance à la théobromine, par exemple.
Les solutions alternatives
Il existe de nombreuses autres boissons aux goûts différents qui permettent de limiter la stimulation systématique du système nerveux. Tout d’abord, pour les amateurs de café, le café décaféiné reste le meilleur au niveau du goût. Cette boisson contient toujours de la caféine, mais en très faible quantité. Il est important pour les buveurs réguliers de décaféinés de s’assurer que le café a été décaféiné sans solvant, pour éviter d’absorber des résidus des substances utilisées pour le décaféiner. C’est le cas des cafés décaféinés biologiques, qui sont traités à l’eau.
Pour les amateurs de thé, il est important de savoir avant d’acheter des sachets de thé déthéiné que la caféine se dissout dans l’eau dès les premières secondes, et en quantité importante. Ainsi, si vous laissez infuser un sachet de thé pendant 1 minute dans l’eau, vous pouvez simplement jeter l’eau et recommencer le processus pour boire un thé déthéiné. Ensuite, une infusion plus longue permet aux tanins, entre autres, de limiter les effets de la caféine restante, mais le goût sera également plus prononcé. Une alternative moins savoureuse consiste à boire du rooibos, une boisson sans caféine ressemblante à du thé, parfois surnommée “thé rouge” mais qui ne l’est pas en réalité. Enfin, il existe une telle variété de tisanes qu’il est facile d’y trouver son bonheur.
Enfin, il existe de nombreux substituts aux boissons chaudes :
- Les substituts de café en poudre à base de chicorée, de glands, de céréales moulues et de fruits, parfois aromatisés à la vanille, semblent être un bon compromis, sans toutefois reproduire le goût du café ;
- La caroube (graine du caroubier, riche en sucre, cultivée dans les pays méditerranéens) en poudre permet de réaliser un “chocolat chaud” sans cacao, mais avec un goût similaire.
Un fait culturel
Les boissons stimulantes ont toujours existé et font partie de notre mode de vie. C’est le comportement d’aujourd’hui qui risque de poser problème en raison du besoin constant de se stimuler, à un âge de plus en plus précoce, et de l’ajout d’alcaloïdes dans les boissons et autres aliments qui n’en contiennent pas naturellement (soda). Quelles seront les conséquences à long terme pour le système nerveux en général et pour les enfants dont le système nerveux a toujours été stimulé ?