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En trente ans, les compléments alimentaires santé ont envahi le marché français et connaissent un succès croissant auprès de la population. S’agit-il d’un phénomène de mode ou d’un réel besoin ? Que peut-on attendre d’eux et quelles sont les limites de l’auto-prescription ?
Comme leur nom l’indique clairement, les compléments alimentaires sont destinés à compléter l’alimentation, c’est-à-dire à apporter des nutriments manquants ou présents en quantité insuffisante dans nos assiettes et pourtant indispensables. Mais, en réalité, ce terme est utilisé pour désigner une gamme plus large de produits comprenant à la fois :
- Les denrées alimentaires peu ou pas transformées par l’homme comme la levure, le jus d’herbe, le jus de grenade, l’eau de mer, la gelée royale ;
- La phytothérapie : les plantes et les préparations à base de plantes ;
- Divers produits pouvant contenir des vitamines, des minéraux, des acides gras essentiels, des acides aminés, des bifidobactéries ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique (comme les polyphénols).
La plupart de ces aliments, plantes ou préparations sont consommés de manière empirique depuis longtemps. Certains sont utilisés depuis des milliers d’années dans les médecines traditionnelles. Mais la découverte des vitamines, minéraux et oligo-éléments et de leur rôle est plus récente. De plus en plus d’études scientifiques actualisent les connaissances empiriques et identifient de nouvelles substances biologiques et leurs mécanismes d’action sur la santé. Et, même si des recherches supplémentaires sont encore nécessaires, les connaissances progressent peu à peu.
Pourquoi se supplémenter ?
Une alimentation saine et équilibrée suffit à couvrir nos besoins en macronutriments énergétiques (lipides, protéines, glucides) mais rarement ceux en micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments). Il y a plusieurs raisons à cela :
- Depuis les années 1950-1960, les populations occidentales sont devenues plus sédentaires, leurs besoins énergétiques ont diminué et leur consommation alimentaire s’est adaptée à cette baisse. Le problème est que les macronutriments et les micronutriments sont contenus dans le même aliment et que si l’on diminue l’apport en macronutriments énergétiques, on diminue nécessairement l’apport en micronutriments.
- Aujourd’hui, il est difficile de ne consommer que des produits frais, de saison, cueillis à maturité, sans attendre trop longtemps entre la cueillette et la consommation, et dont la teneur en vitamines est optimale.
- Il n’est pas non plus facile d’éviter les sources de pollution. De nombreux composés toxiques présents dans l’air, les aliments et l’eau inactivent, ou “chélatent” les oligo-éléments.
- Le stress du surmenage, si fréquent aujourd’hui, entraîne de nombreuses carences, notamment en magnésium, zinc et vitamines B. Il est, avec d’autres facteurs, une source d’acidification cellulaire, entraînant une fuite urinaire de magnésium, calcium, potassium et oligo-éléments.
- Les troubles digestifs chroniques, même bénins, si fréquents, diminuent nos capacités d’assimilation intestinale.
Sans compter les carences induites par la consommation d’huiles raffinées, d’aliments trop cuits, pauvres en fibres, pleins de pesticides, d’additifs, par le tabagisme, par la prise régulière de médicaments… Ni les contextes spécifiques qui augmentent nos besoins en micronutriments : tels que la grossesse, la croissance, la convalescence, l’avancée en âge et le sport intensif.
Un exemple pour mieux comprendre
Prenons l’exemple d’une femme qui mange sainement, vit en ville, prend la pilule contraceptive et traverse de fréquentes périodes de surmenage : il est très probable que, malgré la qualité de son alimentation, elle présente des carences en magnésium, zinc, vitamines du groupe B, vitamine C et D.
Si elle ne mange pas régulièrement de petits poissons gras et qu’elle a plus de quarante ans, elle manquera également d’oméga-3. Et si elle ne fait pas régulièrement de l’exercice et ne suit pas de cures de désintoxication entre les saisons, son corps sera probablement surchargé de toxines et d’éléments toxiques. Et cet exemple n’est pas exceptionnel !
L’alimentation moderne, le stress du surmenage, la sédentarité ou, au contraire, une activité physique trop intense, le manque d’oxygénation, l’exposition à diverses pollutions vont en effet entraîner, à plus ou moins long terme, des perturbations dans l’organisme. Non seulement des carences nutritionnelles vont s’installer, mais les toxines et les toxiques vont surcharger nos cellules, ce qui va affecter le potentiel de toutes les fonctions cellulaires et métaboliques.
Nous savons aujourd’hui que nos cellules sont programmées pour nous maintenir en bonne santé jusqu’à environ 120 ans, à condition qu’elles fonctionnent de manière optimale et notamment que leurs capacités de réparation et de régénération ne soient pas altérées. Les cellules sont organisées en tissus qui constituent notre structure et nos organes. Tout dysfonctionnement cellulaire entraîne des perturbations de l’organe qu’il constitue et de la ou des fonctions biologiques qu’il assure : respiration, circulation, digestion, assimilation, détoxification et élimination, surveillance immunitaire, régulation neuro-hormonale. Ces dysfonctionnements sont principalement causés par des carences et des surcharges. Si elles ne sont pas corrigées, ces carences et surcharges peuvent entraîner des maladies chroniques et altérer la capacité de l’organisme à s’auto-guérir.
Ce concept d’auto-guérison est appelé “médecin intérieur” par Hippocrate, considéré comme le “père” de la médecine, mais aussi “principe directeur” par le fondateur de la médecine expérimentale Claude Bernard, “force vitale” par Pierre-Valentin Marchesseau, fondateur de la naturopathie contemporaine en France, ou encore “principe réparateur” par le médecin américain Andrew Weil. Il admet une sorte d’intelligence biologique qui permet à la cellule de rétablir son fonctionnement après une agression, et aux tissus de se réparer. Les manifestations courantes de cette “force vitale” sont la diarrhée ou les vomissements face à une intoxication, la fièvre pour lutter contre une infection, le processus de cicatrisation, le bronzage pour limiter l’attaque des rayons ultraviolets.
Par ailleurs, le fonctionnement de la cellule est également sous l’influence de nos pensées et de nos émotions, mais ceci est un autre sujet…
Quels compléments choisir ?
Le choix des compléments alimentaires se fait, bien sûr, en fonction de leur qualité (formes assimilables des composants, dosages, absence d’excipients douteux, absence de peroxydation pour les huiles, qualité biologique et méthodes d’extraction respectueuses pour les plantes…). Tout dépend ensuite de ce que l’on recherche : simple prévention ou action thérapeutique.
En prévention
Lorsque l’on se place dans une démarche de prévention des micro-carences et d’optimisation des différentes fonctions de l’organisme, les compléments les plus “simples” peuvent être suffisants avec une alimentation saine, équilibrée et individualisée, sauf en période de besoins accrus. Ils permettent d’augmenter la densité nutritionnelle des repas, c’est-à-dire d’augmenter la proportion de micronutriments et d’acides gras essentiels, sans augmenter la quantité d’aliments. Ces produits offrent des nutriments sous une forme naturelle parfaitement assimilable. L’association de cures de détoxification, par exemple en intersaison, permet également d’éviter l’accumulation excessive de toxines. Cette approche est très proche de ce que faisaient nos ancêtres par simple bon sens. Elle est suffisante lorsque le mode de vie global est correct et qu’il n’y a pas de troubles chroniques.
En cas de maladie bénigne
Plusieurs compléments alimentaires peuvent aider à soigner un rhume ou une gastro-entérite légère et occasionnelle. Un bon régime alimentaire aidera l’épisode à passer plus rapidement.
Les conseils suivants sont destinés aux adultes et ne remplacent pas un avis médical. En cas de fièvre ou d’absence d’amélioration après 3 jours, consultez votre médecin.
En cas de rhume
- Mettez-vous autant que possible à la diète, au moins le premier jour : bouillon ou soupe de légumes.
- Acérola : jusqu’à 2 g (en équivalent vitamine C) par jour.
- Extrait de pépins de pamplemousse (EPP) : 15 gouttes dans un verre d’eau, 2 ou 3 fois par jour.
Ou, à la place de l’EPP, du sel de nigari (chlorure de magnésium) : diluer 1 cuillère à soupe pour 1 litre d’eau. Commencez par 2 ou 3 verres rapprochés à 3 heures d’intervalle, puis prenez un verre toutes les 6 heures pendant 48 heures. Puis un verre toutes les 12 heures. - Si besoin pour la gorge : une pulvérisation au fond de la gorge avec un spray de propolis, ou une pâte de propolis pure à mâcher. À répéter 3 ou 4 fois par jour.
- Pour le nez, laver les fosses nasales 3 ou 4 fois par jour, à l’aide d’un spray nasal d’eau de mer isotonique de Quinton.
- Puis, pendant la période de convalescence, prendre, pour un adulte, 400 à 500 mg par jour de gelée royale fraîche pendant 2 à 4 semaines.
En cas de gastro-entérite
- Buvez beaucoup d’eau ou de bouillon de légumes, d’eau de noix ou d’eau de riz : faites bouillir 30 g de riz blanc pendant 30 minutes dans un litre d’eau de source, filtrez et buvez tout au long de la journée. Vous pouvez ajouter un peu de poudre de caroube.
- Faites une diète : pendant deux jours, ne mangez que du riz blanc cuit à l’eau et des carottes très bien cuites. Éventuellement, ajoutez de la compote ou de la gelée de coings ou des bananes.
- Prendre l’un des trois produits suivants pendant une semaine : propolis (2 ou 3 fois par jour, 2 gélules ou 3 à 10 gouttes d’extrait liquide dans l’eau), extrait de pépins de pamplemousse ou sel de nigari.
- Ajouter du charbon végétal activé : selon l’importance des symptômes, prendre 2 à 6 cuillères à café de poudre ou 1 à 3 cuillères à café de granulés ou 4 à 6 gélules par jour, en 2 ou 3 prises, en dehors des repas (environ 2 heures après ou 1 heure avant). En cas de traitement médical ou de prise d’un contraceptif oral, espacer la prise de charbon de 3 heures par rapport au traitement. Ou, au lieu du charbon, utilisez l’eau argileuse : mettez 1/2 à 1 cuillère à café d’argile ultra-ventilée dans un verre d’eau et mélangez. Laissez reposer pendant 3 à 4 heures, ou toute la nuit, et mélangez à nouveau avec une cuillère en bois avant de boire. Prendre 1 à 3 fois par jour, 15 à 30 minutes avant les repas. Sur les conseils d’un thérapeute.
Troubles chroniques ou fonctionnels
Si les symptômes sont présents de manière chronique, il est possible de faire appel à des produits plus spécifiques et ciblés qui s’inscrivent dans une démarche curative, visant par exemple à retrouver de l’énergie, du sommeil, à relancer la circulation, les capacités digestives, à stimuler le système immunitaire, à restructurer le cartilage osseux, à stopper les douleurs articulaires… De nombreux laboratoires commercialisent des complexes associant souvent plantes, micronutriments et autres substances actives ; ces produits permettent d’apporter un mieux-être assez rapidement. Mais si la ou les causes du problème ne sont pas éliminées, les résultats ne sont pas toujours durables. Dans ce cas, il est préférable d’envisager une approche globale, notamment pour les maladies chroniques telles que la candidose, la fibromyalgie et les maladies auto-immunes.
Traitement médical et compléments alimentaires
Les compléments alimentaires ne peuvent en aucun cas remplacer un traitement médical indispensable. En revanche, ils peuvent aider à mieux le tolérer, à éviter ses effets secondaires, voire à renforcer son action. Sur les conseils d’un professionnel.
Par exemple, le desmodium va protéger le foie lors d’un traitement médicamenteux de longue durée (pilule contraceptive, traitements hormonaux ou antihormonaux, antidépresseurs…). Il permet également d’éliminer ou de réduire les nausées et les vomissements lors d’une chimiothérapie.
La majorité des médicaments induisent directement ou indirectement des carences en micronutriments spécifiques à leur classe thérapeutique. Par exemple, la prise de la pilule contraceptive nécessitera une supplémentation en vitamines B1, B6, B9, calcium, magnésium et zinc.
Dosage, interactions, auto-prescription : des contre-indications aux risques
Pour les vitamines et les minéraux, des apports journaliers recommandés (AJR) sont fixés par les autorités (Afssa pour la France). Les produits qui sont conditionnés en doses sous forme de comprimés, gélules, pastilles, ampoules, sachets de poudre tiennent compte de ces AJR et indiquent les pourcentages couverts.
Pour les autres substances, de plus en plus d’études permettent d’évaluer les doses actives et limites, mais elles sont encore insuffisantes.
Les contre-indications et les interactions avec les traitements médicaux concernent surtout les plantes. Il n’y a pas de risques avec les compléments micronutritionnels aux doses journalières recommandées.
Concernant l’auto-prescription, le risque est de prendre trop de compléments ou de mal les cibler. Il n’est pas rare de voir des personnes avec un placard rempli de produits en tout genre. Dans l’esprit de ces personnes, il suffirait qu’elles présentent 3 ou 4 symptômes et qu’elles prennent autant de compléments pour chacun d’entre eux… Cette approche est compréhensible, mais il est important de savoir que le symptôme n’est qu’une conséquence et qu’il est toujours préférable de traiter les causes du problème. La plupart du temps, derrière un ensemble de symptômes, il y a un déséquilibre du terrain et même si 3 ou 4 suppléments sont nécessaires pour le traiter, on sera loin d’avoir un placard plein ! Pour un résultat durable, le problème doit être pris en charge de manière globale : mode de vie, environnement, pollution, terrain (toutes les fragilités héréditaires et acquises), dimension énergétique et psychologique si nécessaire.
Il faut également savoir que même si deux compléments alimentaires ont des objectifs différents, ils peuvent avoir des ingrédients en commun, notamment des vitamines et des minéraux. Dans ces conditions, la prise simultanée de ces deux produits, même aux doses recommandées individuellement par leurs fabricants respectifs, peut provoquer un surdosage.
Souvent, avant de nourrir nos cellules, nous devons les nettoyer. Mais une cure détox doit être adaptée au niveau de surcharges et aux capacités d’auto-guérison propres à chacun, sinon on risque de provoquer une crise d’élimination violente (réaction cutanée, diarrhée).
Faire appel à des personnes compétentes
Vous l’aurez compris, les compléments alimentaires sont une aide quasi indispensable dans une démarche visant à préserver ou retrouver la santé naturellement, ils permettent de corriger les déséquilibres en termes de surcharges et de carences engendrées par le mode de vie actuel, de prévenir ou de traiter un grand nombre de troubles chroniques et de maladies dites de civilisation.
Toutefois, il est préférable de demander l’avis d’une personne compétente en la matière, dès que l’on présente des troubles chroniques.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses formations en micronutrition et en phytothérapie. De plus en plus de médecins, pharmaciens et nutritionnistes les suivent. Mais ces formations peuvent manquer d’une réelle dimension holistique et d’une approche de terrain. Quant aux formations en naturopathie, la plupart d’entre elles intègrent ces disciplines avec plus ou moins de profondeur, ce qui peut nécessiter une formation complémentaire. Les formations sérieuses en naturopathie mettent toutefois l’accent sur les soins holistiques.