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Les études existantes montrent que l’activité physique est bénéfique pour la santé du cerveau et peut protéger contre le développement de maladies neurodégénératives telles que la démence et la maladie de Parkinson.
Par ailleurs, les études ont montré jusqu’à présent que l’activité physique et le sommeil sont des facteurs contribuant indépendamment à l’entretien des fonctions cognitives, mais que ces derniers sont également liés entre eux : une plus grande activité physique étant corrélée à un sommeil de meilleure qualité tandis que l’activité physique est aussi susceptible de réguler les rythmes circadiens. Mais la plupart des études existantes étaient de petite taille et transversales, c’est-à-dire que les chercheurs ont recueilli des données auprès des participants sur une période de temps réduite. Pour pallier cette lacune, une nouvelle étude(1) a été menée sur plusieurs années et révèle que le manque de sommeil peut réduire les bienfaits du sport.
“Les troubles du sommeil pouvant être un symptôme précoce de maladies neurocognitives telles que la démence, qui entraîne un dysfonctionnement cognitif, il est difficile de déterminer si les résultats observés dans ces études antérieures sont dus aux effets du sommeil sur les fonctions cognitives ou vice versa”, a déclaré le Dr Bloomberg, co-acteur d’une nouvelle étude menée pour l’University College de Londres (UCL). “Dans cette optique, nous avons voulu examiner comment les combinaisons d’activités physiques et d’habitudes de sommeil influençaient les fonctions cognitives sur une longue période de temps”.
Protocole de l’étude
Les chercheurs de l’UCL ont exploité des données longitudinales collectées auprès de 8 958 adultes anglais âgés de 50 ans et plus, en bonne santé cognitive, dans le cadre du projet English Longitudinal Study of Ageing (ELSA). Les données utilisées ont été collectées entre le 1er janvier 2008 et le 31 juillet 2019.
Les personnes impliquées dans l’étude ont été questionnées sur la durée de leur sommeil les soirs de semaine. Ils ont ensuite classé leur temps de sommeil comme “court” s’il était inférieur à six heures, “optimal” s’il était compris entre six et huit heures, et “long” s’il était supérieur à huit heures.
La question a également été posée aux participants de savoir s’ils faisaient du sport. Ces derniers ont indiqué à quelle fréquence ils pratiquaient une activité physique légère, modérée ou vigoureuse et s’ils faisaient du sport rarement/jamais, une fois par semaine, plus d’une fois par semaine, plus de trois fois par semaine.
Les chercheurs ont évalué la mémoire épisodique des participants. Une liste de dix mots leur a été présentée et il leur a été demandé de les restituer immédiatement, et à nouveau un jour plus tard. Il a également été évalué la fluidité verbale des participants à l’aide d’une tâche consistant à nommer autant d’animaux que possible en l’espace d’une minute.
Les participants ayant déclaré avoir reçu un diagnostic de démence au cours de l’étude ont été exclus, de même que les participants dont les résultats aux tests suggéraient une certaine déficience cognitive. En outre, les chercheurs ont ajusté leurs analyses en fonction d’un certain nombre de facteurs, comme le fait de savoir si les participants avaient déjà passé le même test cognitif.
Quelques statistiques
Les participants qui pratiquaient une activité physique régulière et soutenue étaient plus susceptibles de dormir de 6 à 8 heures par nuit. Ils étaient également généralement plus jeunes au début de l’étude, de sexe masculin, mariés ou en couple, et avaient un niveau d’éducation et de richesse plus élevé que ceux du groupe ayant une activité physique plus faible.
Les personnes du groupe à activité physique soutenue étaient plus nombreuses à ne pas fumer, à avoir un indice de masse corporelle (IMC) plus faible, moins de diagnostics de maladies chroniques et moins de symptômes dépressifs que les personnes du groupe dont l’activité physique était plus faible.
Résultats
Les participants du groupe ayant une activité physique élevée avaient globalement les scores cognitifs les plus élevés au début de l’étude, quelle que soit la durée de leur sommeil.
Toutefois, chez ces mêmes personnes âgées de 50 à 60 ans, les chercheurs ont constaté que leurs scores cognitifs diminuaient plus rapidement avec un sommeil court, de sorte qu’après 10 ans de suivi, ces personnes avaient des scores cognitifs similaires à ceux des groupes ayant une activité physique plus faible.
“Nous avons été surpris de constater que les bénéfices cognitifs associés à l’activité physique étaient réduits lorsque les participants avaient une durée de sommeil insuffisante, et ces résultats vont dans le sens de recherches antérieures qui soulignent le rôle important du sommeil dans la récupération cognitive et physique”. indique le Dr Bloomberg.
Ce déclin s’est vérifié pour les personnes entre 50 et 60 ans, mais pas pour les participants plus âgés (70 ans et plus), chez qui les bénéfices cognitifs de l’exercice physique semblaient se maintenir, malgré des durées de sommeil courtes.
Le professeur Andrew Steptoe, co-auteur de l’étude, a déclaré : “Il est important d’identifier les facteurs qui peuvent protéger les fonctions cognitives au milieu et à la fin de la vie, car ils peuvent servir à prolonger nos années de bonne santé cognitive et, pour certaines personnes, à retarder le diagnostic de démence.”
Le mot de la fin
Cette étude présente une limite, car les chercheurs se sont appuyés sur les informations auto-déclarées des participants au sujet de leur durée de sommeil et leur activité physique.
Pour ce qui est des prochaines étapes, les chercheurs pourraient réaliser une nouvelle étude chez des personnes plus jeunes, explorer d’autres domaines cognitifs et pourquoi pas utiliser des mesures plus précises grâce à un tracker d’activité physique portable (autrement dit une montre connectée) pour ce qui est de l’activité physique et du sommeil.
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Sources éditoriales et fact-checking