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Le sommeil est un besoin physiologique essentiel à notre santé et à notre bien-être. Pourtant, de nombreuses personnes souffrent de troubles du sommeil qui nuisent à la qualité et à la durée de leur repos nocturne. La question du “cododo” a toujours fait débat : dormir à deux nuit-il à la qualité du sommeil ? Des études récentes apportent un éclairage nuancé sur ce dilemme intime.
Les effets négatifs de dormir à deux sur le sommeil
Le fait de partager son lit avec un ou une partenaire peut avoir diverses conséquences négatives sur le sommeil, entraînant une baisse de sa durée et de sa qualité :
Des perturbations multiples
La présence d’une autre personne dans le lit est source de nombreuses perturbations potentielles :
- Les mouvements et changements de position durant le sommeil peuvent réveiller ou déranger l’autre personne.
- Les bruits générés pendant le sommeil comme les ronflements, le grincement de dents ou même certains mouvements sont autant de nuisances sonores qui peuvent fragiliser le sommeil du ou de la partenaire.
- La respiration de l’autre, si elle est trop bruyante, peut également constituer une gêne et empêcher de trouver ou de maintenir un sommeil réparateur.
La transmission d’insomnies
Une étude(1) menée par des chercheurs de l’Université du Michigan et publiée en décembre 2022 dans la revue Current Biology s’est intéressée au cas des souris. En utilisant des enregistrements vidéo et des appareils de mesure sans fil, ils ont observé que les rongeurs pouvaient se “transmettre” des insomnies lorsqu’elles dormaient ensemble. Autrement dit, les micro-réveils d’une souris perturbent le sommeil de sa partenaire.
Cette contamination des troubles du sommeil entre partenaires s’explique en partie par un effet d’hypersensibilité. L’un des conjoints, en l’occurrence celui dont le sommeil est le plus fragile, va avoir tendance à se focaliser exagérément sur les mouvements ou bruits générés par l’autre, ce qui nuit à son propre repos.
Des chronotypes différents
Le décalage des rythmes circadiens entre les deux partenaires peut également avoir un impact négatif. Rappelons que le chronotype fait référence aux préférences individuelles en termes d’horaires de sommeil et de période d’éveil.
Ainsi, lorsqu’un des conjoints est du “soir” (se couche et se lève plus tard) et l’autre du “matin” (a tendance à aller se coucher et à se lever tôt), leurs heures effectives de sommeil peuvent être décalées. Cette situation engendre des difficultés d’endormissement ou des réveils prématurés pour l’un ou l’autre des partenaires.
Les effets positifs de dormir à deux
Malgré ces différents effets négatifs, partager son lit avec son ou sa partenaire comporte également des aspects bénéfiques, avec des répercussions favorables sur le sommeil :
Un sentiment de réconfort
Tout d’abord, la simple présence rassurante de l’être aimé procure un sentiment de bien-être et de sécurité propice à l’endormissement.
“Le contact physique augmente la sécrétion d’ocytocine, hormone qui induit des effets calmants et apaisants”, explique le Dr Marc Rey, président de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) en France.
Une meilleure synchronisation
Le fait de partager son lit facilite également la synchronisation des cycles d’endormissement et de réveil entre les partenaires. En effet, la respiration et certains mouvements générés durant le sommeil jouent un rôle de signalisation et aident à réguler les rythmes veille-sommeil au sein du couple.
Cet effet synchronisateur, mis en évidence chez les rongeurs, se retrouve aussi chez les humains. Une étude publiée en 2019 dans la revue Frontiers in Network Physiology a montré que les rythmes cardiaques des couples dont le sommeil est de bonne qualité ont tendance à se synchroniser durant la nuit(2).
Des effets anti-stress
Le contact physique avec le ou la partenaire durant la nuit a également des vertus anti-stress, anxiolytiques et antidépresseurs.
En stimulant la sécrétion d’ocytocine et en atténuant celle du cortisol, l’hormone du stress, la présence rassurante de l’être aimé aide à réguler les émotions et à prévenir certains troubles de l’humeur comme la dépression ou les crises d’angoisses nocturnes.
À ce sujet, les scientifiques ont constaté que, bien que leur sommeil soit plus agité lorsqu’elles dorment ensemble, les souris sont disposées à renoncer à leur lieu de repos privilégié pour partager leur nid avec leurs congénères. Cette observation semble indiquer l’existence d’un besoin fondamental de contact social nocturne chez ces rongeurs, besoin qui prend le pas sur la recherche d’un sommeil optimal.
Ce qu’il faut retenir
Le fait de partager son lit a des effets complexes sur le sommeil. Si cela répond à un besoin fondamental de contact physique et d’intimité, cela perturbe aussi la continuité du sommeil. Un équilibre subtil doit être trouvé, propre à chaque couple.
Le sommeil étant vital pour la santé, sa prise en compte dans le couple revêt une importance capitale. Communiquer sur ses habitudes et difficultés en la matière, faire preuve de tolérance vis-à-vis des troubles de l’autre, et n’hésitez pas à consulter en cas de problèmes persistants sont autant d’attitudes constructives à adopter.
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Sources éditoriales et fact-checking