Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
L’athérosclérose est une maladie inflammatoire chronique des artères pouvant conduire à des accidents cardiovasculaires graves. Elle se caractérise par l’accumulation de dépôts graisseux, appelés plaques d’athérome, au niveau de la paroi des artères. Ces plaques rétrécissent le diamètre des vaisseaux sanguins et limitent le flux sanguin.
Selon une étude(1) réalisée à l’université de Pittsburgh et publiée aujourd’hui dans la revue Nature Metabolism, consommer plus de 22 % des calories quotidiennes sous forme de protéines peut augmenter le risque d’athérosclérose et même l’aggraver. Décryptage.
Manger trop de protéines, danger pour les artères ?
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont eu recours à des essais sur l’homme ainsi qu’à des expériences sur des souris et des cellules dans des boîtes de Pétri.
Pour les études sur l’homme, les chercheurs ont mis en place deux protocoles différents. Ils ont demandé aux participants de prendre deux repas liquides : l’un avec une quantité modérée en protéines et l’autre avec une quantité élevée en protéines, avec un intervalle d’environ une à deux semaines.
La première expérience a été menée auprès de 14 participants. Le repas standard contenait 10 % des calories totales sous forme de protéines, 17 % sous forme de graisses et 73 % sous forme de glucides. Le repas hyperprotéiné comprenait 50 % d’énergie sous forme de protéines, 17 % sous forme de graisses et 33 % sous forme de glucides.
Dans le second scénario, 9 participants se sont prêtés à l’exercice pour reproduire les conditions proches de la réalité. Le repas standard était donc représentatif de l’apport moyen en protéines et contenait 15 % de calories sous forme de protéines, 35 % sous forme de lipides et 50 % sous forme de glucides. Le repas riche en protéines représentait le quartile supérieur de l’apport en protéines et comprenait 22 % de protéines, 30 % de graisses et 48 % de glucides.
Résultat : une augmentation significative de l’athérosclérose a été observée dans le groupe hyperprotéiné.
La deuxième partie de l’étude a porté sur des souris. Les chercheurs ont d’abord créé des régimes alimentaires pour les souris avec des teneurs en protéines graduelles qui imitaient l’apport moyen (15 %) et élevé (22 %) en protéines d’un adulte typique vivant aux États-Unis.
Les résultats obtenus étaient similaires à ceux des études sur l’homme : une alimentation hyperprotéinée favorise l’athérosclérose et les maladies cardiovasculaires.
“Les régimes hyperprotéinés sont très populaires auprès du public, et à tort associé à un mode de vie sain en général. Pendant de nombreuses années, des études menées sur des modèles animaux ont montré que les régimes hyperprotéinés pouvaient aggraver les maladies cardiovasculaires (également appelées athérosclérose ou durcissement des artères), mais personne ne savait pourquoi”, a déclaré le Dr Babak Razani, professeur de médecine à l’université de Pittsburgh et l’un des auteurs de l’étude.
Les mécanismes à l’origine du lien entre protéines et athérosclérose
Plusieurs mécanismes biologiques permettent d’expliquer les effets délétères des protéines en excès sur l’athérosclérose :
- Activation de la voie mTOR : la voie de signalisation mTOR (mammalian Target Of Rapamycin) est stimulée par certains acides aminés, notamment la leucine. Son activation entraîne la prolifération des cellules musculaires lisses au niveau de la paroi artérielle, participant au développement de la plaque d’athérome. “Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines et il y en a 20 qui composent toutes les protéines que nous ingérons. Mais c’est seulement la leucine qui est le principal responsable de l’aggravation de la maladie des artères cardiaques”, explique le Dr Razani.
- Activation des macrophages : des taux acides aminés circulant favorisent également l’activation des macrophages, des cellules immunitaires qui vont initier l’inflammation de la paroi artérielle lorsqu’elles sont activées. Cette dernière a été associée à la progression de la plaque d’athérome, par un processus impliquant l’accumulation de mitochondries dysfonctionnelles.
- Augmentation du LDL-cholestérol : enfin, la consommation excessive de protéines d’origine animale augmente les taux sanguins de LDL-cholestérol, un facteur de risque majeur d’athérosclérose.
- Inflammation : la consommation chronique de protéines animales, en particulier celles issues de la viande rouge, provoque une inflammation de bas grade caractérisée par l’augmentation de certains marqueurs sanguins comme la protéine C-réactive (CRP). L’inflammation chronique est un facteur clé dans l’initiation et la progression des lésions athéroscléreuses. Elle favorise notamment le recrutement des monocytes et leur transformation en macrophages spumeux pro-athérogènes.
Le rôle de la source des protéines
Toutes les protéines n’ont pas le même impact sur l’athérosclérose. En particulier, les protéines animales semblent plus délétères que les protéines d’origine végétale(2).
En effet, outre leur teneur plus élevée en acides aminés stimulant la voie mTOR, les protéines animales augmentent davantage le taux de LDL-cholestérol, facteur de risque majeur d’athérosclérose.
Ainsi, dans le cadre d’un régime hyperprotéiné, il serait préférable de privilégier les sources de protéines végétales (légumineuses, céréales, oléagineux…) plutôt que les protéines animales.
Ce qu’il faut retenir
D’après les résultats de ces recherches, un apport quotidien supérieur à 22 % des calories sous forme de protéines favoriserait le développement de l’athérosclérose.
Ce seuil est nettement supérieur aux recommandations nutritionnelles actuelles, qui sont de 0,8 g/kg/jour de protéines chez l’adulte, soit environ 10 à 15 % des apports caloriques journaliers.
Il n’est donc pas nécessaire de supprimer totalement les protéines de son alimentation. Cependant, pour les personnes suivant un régime hyperprotéiné dans un objectif de perte de poids ou de musculation, une modération des apports serait bénéfique pour la santé cardiovasculaire.
Autres articles sur les protéines
Sources éditoriales et fact-checking