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Nous savons tous ce que l’on ressent après un entraînement intense : douleurs musculaires, courbatures, raideurs et cette sensation d’être comme handicapé moteur le lendemain.
Mais cette sensation physique ressentie est-elle liée d’une manière ou d’une autre à une fatigue nerveuse / surmenage mental que certaines personnes décrivent après un entraînement trop intensif ?
Existe-t-il une part de vérité au sujet de la fatigue mentale pouvant survenir à la suite d’un effort physique répété et intensif ?
Voici la réponse basée sur des analyses récentes publiées dans la revue Current Biology(1).
Pour résumer, le but de cette étude était de trouver pourquoi un entraînement excessif peut également entraîner un épuisement mental, en plus des douleurs musculaires, articulaires, osseuses et des courbatures. Les chercheurs se sont penchés sur les programmes d’entraînement de triathlètes et ont révélé une réduction de l’activité cérébrale dans une région précise du cerveau qui contrôle les fonctions de la prise de décision, la pensée, et le raisonnement, entre autres.
Le syndrome de surentraînement qui est décrit dans cette étude ressemble à une forme de burnout / épuisement physique. Mais, chez les triathlètes et autres athlètes d’endurance, cet épuisement est aussi lié à une baisse inexpliquée des performances causée par une fatigue nerveuse intense. Les auteurs de l’étude ont cherché à démontrer que l’excès des entraînements sportifs peut se manifester de la même façon que la fatigue ressentie après un grand effort intellectuel qui entraîne un épuisement émotionnel.
Objectifs de cette étude
Les raisons qui ont motivé la réalisation de cette étude sont venues de l’Institut national du sport, de l’exercice et de la performance (INSEP), le centre français de formation pour les athlètes olympiques.
Il s’avère que certains athlètes souffrant d’un syndrome de surentraînement avaient des performances médiocres causées par des signes de fatigue physique. Mais il était également évident que ces athlètes éprouvaient aussi une fatigue nerveuse et avaient des difficultés à prendre des décisions, en plus de leurs douleurs physiques et de la fatigue.
La maîtrise de ses facultés mentales et d’un bon discernement sont essentiels pour ceux qui s’engagent dans une préparation physique intense. Pourquoi ? Parce que le maintien de la force physique pour atteindre un objectif lié à l’endurance exige de la concentration et une maîtrise des facultés cognitives.
Description de l’étude
Dans cette étude, Mathias Pessiglione, PhD, et ses collègues ont recruté 37 athlètes masculins qui participaient à des compétitions d’endurance (âge moyen 35 ans). Les athlètes ont été répartis en deux groupes : le premier groupe a maintenu leur programme d’entraînement habituel sur une période de trois semaines, tandis que l’autre groupe a augmenté leur entraînement de 40 % par session sur la même période de trois semaines.
Les chercheurs ont examiné les performances physiques durant des épreuves de vélo les jours de repos et ont évalué leurs sentiments subjectifs de fatigue à l’aide de questionnaires tous les deux jours. Ils ont également effectué des tests comportementaux et des examens d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) qui ont évalué l’activité métabolique de diverses régions du cerveau.
Résultats de l’étude
Les entraînements sportifs intenses et les activités intellectuelles exigeantes affectent la même région du cerveau : le cortex latéral préfrontal.
Cette partie du cerveau est impliquée dans de nombreux processus comme celui du comportement ou de la prise de décision, de la mémoire fonctionnelle, de la planification, du raisonnement et de facultés cognitives plus abstraites.
Ceci explique pourquoi les scientifiques ont observé que les athlètes participant à l’étude faisaient preuve d’une plus grande impulsivité dans leurs prises de décisions, en faisant des choix qui reflétaient des récompenses immédiates, et non des décisions qui étaient plus satisfaisantes à long terme.
Il est donc logique que le surentraînement puisse entraîner une diminution des capacités cognitives, surtout en ce qui concerne les capacités de réflexion, de mémoire et de raisonnement.
Cela n’est pas surprenant, quand on sait que le surentraînement provoque aussi d’autres effets systémiques sur le cœur, les reins, le système musculo-squelettique, le système immunitaire, etc.
“Nos résultats attirent l’attention sur le fait que les troubles neuronaux sont importants : on ne prend pas les mêmes décisions quand le cerveau est dans un état de faiblesse”, explique Pessiglione, auteur correspondant de l’étude.
L’importance du repos et de la récupération
Le message important de cette étude est que le repos et la récupération mentale entre les séances d’entraînement, ainsi que celui du corps dans son ensemble, sont essentiels pour les athlètes qui s’entraînent de façon intensive.
Mais cela devrait aussi s’appliquer aux sportifs du dimanche qui s’entraînent pour des courses comme les Mud days ou Spartan Race.
La modération avec des activités physiques est l’approche la plus prudente, semblable à la façon dont nous devrions mener notre vie professionnelle et la vie en général.
Bien que vous puissiez croire que votre entraînement peut vous aider à améliorer votre forme physique, il peut toutefois nuire à votre capacité de prendre de bonnes décisions concernant votre famille, notamment en matière d’argent, de finances ou de relations !
Effets à long terme du surentraînement ?
Le risque de blessures ou de lésions chroniques au corps dues au surentraînement peut également s’appliquer au cerveau : le risque de causer des microtraumatismes répétitifs au cerveau en raison du surentraînement peut avoir des répercussions à long terme, semblables aux répercussions subconscientes de traumatismes crâniens répétés.
Cela dit, faire du sport avec modération procure d’immenses bienfaits cognitifs et physiques qui nous aident à rester concentrés, alertes et au sommet de notre forme physique. Mais le surentraînement peut avoir l’effet contraire et annuler les effets positifs que procure un entraînement sportif.
Tout comme l’hydratation, une bonne alimentation et le repos permettent à notre corps de récupérer après un effort physique, il en va de même pour notre cerveau.
Le repos cognitif, y compris la méditation, peut donc être très profitable.
Nous devrions nous concentrer sur le repos et la récupération, tout autant que sur les efforts que nous déployons pour nous entraîner.
Ce qu’il faut retenir
Pourquoi des entraînements intensifs peuvent causer un épuisement mental ?
Tout simplement, car ils sollicitent et finissent par altérer les mêmes zones du cerveau utilisées pour des efforts intellectuels importants. En plus des courbatures routinières, le surentraînement peut donc aussi causer des troubles cognitifs, pouvant perturber notre raisonnement, prise de décision et nos émotions.
Autres questions sur l’entraînement
Sources éditoriales et fact-checking