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Est-ce pour vous une corvée de vous lever quand le réveil sonne chaque matin ? Avez-vous des troubles du sommeil, une fatigue physique et émotionnelle et donc du mal à vous concentrer ? Vos collègues vous mettent-ils de mauvaise humeur et vous ne ressentez aucun enthousiasme pour les tâches quotidiennes au travail ? Alerte rouge ! Vous pourriez souffrir de “Burn-out”.
Un phénomène très fréquent
Burn-out ? Moi ? Mais si ce sont des symptômes normaux en raison du stress au travail ! Malheureusement, vous vous retrouvez dans une situation assez courante de nos jours. Nombreux sont ceux à penser que le travail est quelque chose de désagréable à la base. C’est normal ! C’est pourquoi on est payés pour le faire !
Dans cette culture obsédée par la productivité, l’épuisement professionnel est devenu une épidémie. Le dernier sondage de mars 2022 fait par “Empreinte Humaine”, un cabinet indépendant spécialisé dans la promotion de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et la prévention des Risques Psychosociaux (RPS), dévoile des taux de burn-out très alarmants.
En effet, 34 % des salariés souffrent de ce syndrome et 2,5 millions de salariés sont en état de Burn-out sévère. Le rapport affirme aussi que les arrêts maladie pour des motifs psychologiques risquent de continuer à augmenter(1).
Malgré ces données alarmantes, on continue à normaliser cet état de fatigue permanent et d’accablement. Souvent, nous pensons que c’est quelque chose de normal et nous finissons par ignorer les indicateurs précoces qui nous indiquent que nous nous dirigeons vers le burn-out au travail.
Comment savoir si je souffre de burn-out ?
Comment puis-je distinguer ce syndrome d’une simple mauvaise période au travail ?
Le terme “burnout” (“brûlure” ou fatigue au travail) est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante.
Actuellement, la définition la plus acceptée du syndrome d’épuisement professionnel ou “Burn-out” est celle faite par Maslach et Jackson, le décrivant comme “un syndrome tridimensionnel dans lequel le travailleur présente un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation ou un traitement cynique et une attitude négative envers les clients, et un faible épanouissement personnel”.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne également ces trois dimensions déjà citées(2):
- Sentiment de manque d’énergie ou d’épuisement. Se sentir constamment fatigué, même en début de journée.
- Distance mentale accrue par rapport au travail. Sentiments négatifs ou cyniques en relation au travail. C’est-à-dire ne pas se sentir engagé dans ses propres activités ou dans celles des autres, être souvent irrité et peu motivé.
- Sentiment d’inefficacité et de manque d’accomplissement. Une baisse du sentiment de compétence et de réussite au travail.
Alors, si vous vous sentez identifiés par ces trois derniers points, ouvrez les yeux ! C’est fort probable que vous souffrez de Burn-out !
En cas de doute, vous pourriez vous faire conseiller par un professionnel ou vous servir du questionnaire Maslach Burnout Inventory (MBI). Ce test est composé de 22 questions sous la forme d’affirmations qui vous permettront de calculer le score d’accomplissement personnel au travail. Le questionnaire prend 10 minutes et mesure les trois dimensions de l’épuisement professionnel : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation ainsi que l’accomplissement personnel.
Finalement, n’oubliez de faire attention aussi aux symptômes du burn-out et signes suivants :
- Le déni ;
- Le ralentissement ;
- L’ennui ;
- Les problèmes de sommeil, soit l’excès de sommeil, soit l’insomnie ;
- La difficulté à se concentrer ;
- La perte de mémoire et la désorganisation ;
- La colère ou les comportements agressifs ;
- Les variations drastiques de personnalité ;
- Les changements dans les habitudes d’hygiène personnelle ou alimentaire ;
- L’anxiété et la peur ;
- Les sentiments de culpabilité ;
- Le sentiment d’échec et d’impuissance ;
- La frustration ;
- La faible estime de soi ;
- Le faible niveau de rendement ;
- L’état de nervosité permanent ;
- Les maux de tête et les tachycardies.
Les cas les plus graves peuvent mener à l’automédication avec des psychotropes, à l’absentéisme, à l’abus d’alcool ou de drogues, à l’isolement, au collapsus, à la dépression et aux symptômes psychiatriques pouvant aller jusqu’au suicide.
Qui sont les plus concernés par le Burn-out ?
Même si ce ne sont pas les seuls, ce syndrome survient généralement chez les personnes dont le travail implique de nombreuses interactions sociales. Ces employés souffrent davantage de sensations de surmenage physique qui surviennent à la suite d’un contact avec des personnes.
Les salariés qui travaillent de longues journées sont également plus susceptibles de commettre des erreurs dans les tâches répétitives, routinières et celles qui nécessitent une attention soutenue.
Cela peut arriver aussi chez les étudiants, notamment dans le domaine de la santé. Le syndrome d’épuisement professionnel est le résultat d’une exposition chronique à des facteurs de stress typiques du processus de formation(3)(4)(5).
Quelles sont les causes du Burn-out ?
Pensez-vous déjà à quitter votre travail ? Une reconversion professionnelle vous passe par la tête ?
Prenez un peu de recul avant de prendre une décision définitive ! Le travail paraît ne pas être l’unique responsable du Burn-out.
Effectivement, les mauvaises conditions de travail sont le principal déclencheur du syndrome d’épuisement professionnel. En revanche, des niveaux élevés de stress chronique, une surcharge de travail, une faible autonomie, un manque de reconnaissance, de mauvaises relations personnelles ou un manque de soutien ne sont que quelques-uns des facteurs de risque qui peuvent amener un travailleur à souffrir de cette maladie.
Oui, votre patron n’est pas l’unique coupable !
Cela paraît logique. En effet, sur deux personnes exerçant le même métier au sein de la même entreprise et bénéficiant des mêmes conditions de travail, il est possible qu’une seule souffre de Burn-out. Eh oui ! Et c’est parce que les caractéristiques personnelles de l’employé, ses attentes ainsi que sa vie privée peuvent aussi influencer et déclencher ce syndrome.
“Bien sûr, les personnes ayant une plus grande exigence personnelle et moins de capacité à fixer des limites sont plus susceptibles de s’épuiser quand il faut assumer une charge de travail plus importante”, affirme Rubén Flores Millat, diplômé en psychologie à l’Université de Barcelone et expert en psychanalyse. Thomas C., 33 ans, infirmier dans la banlieue parisienne explique “J’ai choisi la profession d’infirmier parce que cela facilitait l’embauche et parce que je savais écouter, mais j’avoue que ce n’était pas ma grande vocation. Après, je suis tombé dans un service où je faisais des tâches monotones et de plus, les patients n’étaient souvent pas agréables. Beaucoup de collègues se sont même fait agresser… Cela et quelques problèmes perso… donc je suis tombé dans le burn-out et j’ai dû me faire arrêter, car je ne me sentais pas capable de garantir la qualité des soins.”
Le Burn-out enfin considéré comme une maladie
Si en 1974 le psychologue Herbert Freudenberger fut le premier à faire référence au thème du “syndrome d’épuisement professionnel” , ce n’est que récemment que cette affection a été reconnue.
Ce syndrome est enfin entré officiellement dans la Classification internationale des maladies (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de sorte que tous les pays membres devraient la considérer comme une maladie professionnelle.
Ainsi, le diagnostic de ce syndrome est entré en vigueur à partir de 2022, ce qui permet aux médecins et aux centres de santé, y compris les assureurs, de pouvoir traiter les symptômes dès cette année. L’OMS a précisé que le “Burn-out” n’est pas une “condition médicale” et le définit comme un “syndrome dérivé d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès”.
Que faire pour s’en sortir ?
Le Burn-out est une affection très sérieuse dont il peut être difficile de se remettre. C’est très important de chercher des solutions rapidement avant que les symptômes s’aggravent.
Voici quelque conseil pour aller mieux :
Faites de l’activité physique
D’un côté, souvent, dans le traitement de l’épuisement professionnel, la thérapie par l’exercice est un bon remède, car elle permet aux personnes concernées de mieux faire face à leurs facteurs de stress. La littérature affirme qu’une combinaison de thérapie cognitive-comportementale, de thérapie basée sur la pleine conscience et de thérapie par l’exercice a obtenu de bons résultats(6).
D’un autre côté, faire du sport est aussi un bon moyen pour la prévention du Burn-out. Une étude multinationale démontre que l’activité physique est associée à une réduction de l’épuisement professionnel et à une meilleure qualité de vie chez les étudiants en médecine. Néanmoins, plus de recherches sont nécessaires pour fixer des protocoles sur l’intensité, la fréquence, le volume et le mode optimal d’activité physique(7).
Détendez-vous
Prenez un peu de votre temps pour suivre quelques pratiques visant à vous détendre et à gérer le stress. Pratiquez le yoga, la méditation, offrez-vous un auto-massage ou tout simplement réservez-vous un créneau pour le consacrer entièrement à vous et écoutez de la musique relaxante. D’ailleurs, une étude réalisée chez des infirmières stagiaires a prouvé que suivre des exercices de relaxation de manière régulière améliore leur stress(8).
Faites une pause
Prendre quelques jours de congés permet de prendre du recul sur la situation, de se détendre et de reprendre des forces.
Si cela n’est pas suffisant, prenez rendez-vous avec votre médecin traitant ou avec le médecin du travail et, si le médecin le juge nécessaire, faites-vous arrêter. À l’instar de la durée de convalescence, il n’y a pas de durée standardisée pour les arrêts de travail pour Burn-out. Dans certains cas, quelques jours de repos suffisent et dans d’autres, plus de temps est nécessaire.
Si vous êtes en arrêt maladie, profitez vraiment de ce temps pour vous déconnecter du travail. Défendu d’ouvrir la boîte mail ou de répondre aux messages de travail ! La santé d’abord !
Consultez un spécialiste
Votre médecin peut également vous proposer un traitement et vous orienter vers un spécialiste comme un psychologue ou un psychiatre afin de débuter une thérapie pour soigner votre Burn-out.
Comme pour les autres maladies mentales, les symptômes d’épuisement professionnel ne disparaissent pas comme par magie. En fait, ce syndrome est dû à de mauvaises habitudes qui ne réduisent pas notre stress, comme par exemple, le perfectionnisme ou la perte d’estime de soi. Un traitement avec un psychologue pourrait vous aider à concentrer votre attention sur la réduction du stress et l’apprentissage de nouvelles habitudes positives qui vous permettront de développer une plus grande résilience.
À noter que, si vous avez un emploi du temps chargé, vous avez de nos jours la possibilité de téléconsulter des psychologues 7J/7 et d’en trouver un disponible dans la journée même.
Changez ce qui ne va pas
Interrogez-vous et trouvez les vraies raisons ou l’origine principale de votre Burn-out.
Si votre métier ne vous motive plus, pensez à une reconversion professionnelle. Il existe des institutions spécialisées qui pourront vous guider dans ce processus de découverte de soi et de changement. De plus, certains de ces bilans de compétences sont financés par le Compte de Formation de l’État et peuvent même être gratuits si vous y êtes éligible.
Si l’ambiance de travail est la principale raison ou si vous êtes victime de mobbing ou de harcèlement, notifiez-le et demandez un changement de poste ou postulez au sein d’autres entreprises.
Si les conditions de travail sont les causes de votre épuisement, vous pouvez essayer de négocier avec votre supérieur des changements ou des améliorations. Après un arrêt maladie, votre médecin traitant et le médecin du travail peuvent travailler conjointement pour aménager votre poste ou réduire les horaires ou la charge de travail pour que votre retour se fasse de façon progressive.
“Pour surmonter le burn-out, nous devons faire une analyse réaliste de jusqu’où nous pouvons aller et fixer des limites, que ce soit avec nous-mêmes ou avec nos patrons. Parfois, il est très utile de s’organiser de façon collective, de partager l’expérience de la surcharge de travail et d’exiger de meilleures conditions tous ensemble”, explique le psychologue Rubén Flores Millat.
Sources éditoriales et fact-checking