Une nouvelle étude publiée dans la revue Neurology(1) suggère que les personnes dont l’alimentation se rapproche du régime MIND pourraient avoir un risque plus faible de troubles cognitifs. Cette recherche, menée par le Dr Russell P. Sawyer de l’Université de Cincinnati, apporte un éclairage nouveau sur le lien entre nutrition et santé cérébrale.
Qu’est-ce que le régime MIND ?
Le régime MIND, acronyme de « Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay », est une combinaison des régimes méditerranéen et DASH. Il met l’accent sur la consommation de certains aliments « bons pour le cerveau » tout en limitant d’autres considérés comme moins sains.
Les aliments recommandés incluent :
- Légumes verts à feuilles (épinards, chou frisé, chou vert) : 6 portions ou plus par semaine ;
- Autres légumes : 1 portion ou plus par jour ;
- Céréales complètes : 3 portions ou plus par jour ;
- Baies : 2 portions ou plus par semaine ;
- Noix : 5 portions ou plus par semaine ;
- Huile d’olive comme principale matière grasse ;
- Volaille : 2 repas ou plus par semaine ;
- Poisson : 1 repas ou plus par semaine ;
- Haricots : 3 portions par semaine.
En revanche, il est conseillé de limiter :
- Viande rouge : moins de 4 portions par semaine ;
- Beurre et margarine : moins de 1 cuillère à soupe par jour ;
- Fromage : moins de 1 portion par semaine ;
- Pâtisseries et sucreries : moins de 5 portions par semaine ;
- Aliments frits ou fast-food : moins de 1 portion par semaine.
Un verre de vin par jour est également autorisé dans ce régime.
Les résultats de l’étude
L’étude a porté sur 14 145 personnes, d’un âge moyen de 64 ans, suivies pendant environ 10 ans. Les participants, dont 70 % étaient blancs et 30 % noirs, ont rempli un questionnaire détaillant leur alimentation au cours de l’année écoulée.
Les chercheurs ont ensuite évalué dans quelle mesure les habitudes alimentaires des participants correspondaient au régime MIND, en attribuant des points pour chaque élément de concordance (par exemple, 1 point pour 6 portions ou plus de légumes verts par semaine). Le score total possible était de 12.
Les participants ont été répartis en trois groupes selon leur score : faible (moyenne de 5), moyen (moyenne de 7) et élevé (moyenne de 9). Leurs capacités de réflexion et de mémoire ont été mesurées au début et à la fin de l’étude.
Au cours de l’étude, des troubles cognitifs sont apparus chez :
- 12 % des personnes du groupe à faible score ;
- 11 % des personnes du groupe à score moyen ;
- 10 % des personnes du groupe à score élevé.
Après ajustement pour tenir compte de facteurs tels que l’âge, l’hypertension et le diabète, les chercheurs ont constaté que les personnes du groupe à score élevé avaient un risque de troubles cognitifs inférieur de 4 % à celui du groupe à faible score.
Des différences selon le sexe et l’origine ethnique
En analysant séparément les participants masculins et féminins, les chercheurs ont observé une réduction de 6 % du risque de troubles cognitifs chez les femmes suivant le plus fidèlement le régime MIND, mais pas de diminution significative chez les hommes. Ces résultats variables entre les sexes nécessitent cependant des études complémentaires.
De plus, le déclin cognitif s’est avéré plus lent chez les personnes adhérant le plus au régime MIND, cette association étant plus marquée chez les participants noirs que chez les blancs.
Perspectives et limites de l’étude
Selon le Dr Sawyer, ces résultats sont encourageants car ils suggèrent que de simples changements alimentaires pourraient potentiellement réduire ou retarder le risque de problèmes cognitifs. Avec le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes atteintes de démence, il est crucial d’identifier des modifications du mode de vie susceptibles de prévenir ces troubles.
Cependant, cette étude comporte certaines limites. Elle n’incluait que des personnes âgées noires et blanches, les résultats pourraient donc ne pas être généralisables à d’autres populations. De plus, les chercheurs soulignent que ces résultats ne prouvent pas que le régime MIND prévient les troubles cognitifs, mais montrent seulement une association.
Comment le régime MIND pourrait-il protéger le cerveau ?
Des recherches antérieures ont suggéré que le régime MIND pourrait protéger le cerveau en réduisant le stress oxydatif et l’inflammation grâce aux caroténoïdes et aux flavonoïdes qu’il apporte. Il pourrait également diminuer le risque de maladies cardiaques, de diabète et de certains cancers.
Le mot de la fin
Cette étude apporte de nouvelles preuves qu’une alimentation de type méditerranéen, appelée régime MIND, pourrait retarder le déclin cognitif, y compris les problèmes de mémoire. Toutefois, en l’absence d’une image détaillée de ce qui se passe dans le cerveau, on ne peut pas affirmer avec certitude qu’il existe un lien direct entre ce régime et un risque réduit de troubles cognitifs. Des études plus vastes et à plus long terme seront nécessaires pour mieux comprendre cet effet.
Sources éditoriales et fact-checking