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Les œufs, longtemps décriés pour leur teneur en cholestérol, seraient-ils finalement bons pour la santé ? C’est ce que suggère une nouvelle étude présentée le 28 mars 2024 au congrès annuel de l’American College of Cardiology(1). Menée par une équipe de chercheurs du Duke Clinical Research Institute de Durham, cette étude apporte un nouvel éclairage sur ce débat de longue date.
Une réputation sulfureuse
Commençons par un petit rappel. Les œufs ont longtemps eu mauvaise presse en raison de leur teneur élevée en cholestérol. Un gros œuf en contient environ 200 mg, soit les deux tiers de l’apport journalier recommandé. Or, un taux de cholestérol élevé est un facteur de risque bien connu de maladies cardiovasculaires.
Le raisonnement semblait donc simple : manger des œufs fait grimper le cholestérol, donc augmente les risques pour le cœur. Beaucoup de médecins et de nutritionnistes ont ainsi déconseillé pendant des années la consommation régulière d’œufs, surtout pour les personnes à risque cardiovasculaire.
Pourtant, les œufs présentent aussi de nombreux atouts nutritionnels. Ils sont riches en protéines de haute qualité, peu coûteux, et contiennent de nombreux nutriments essentiels comme les vitamines A, D, E, B12, le sélénium, l’iode ou encore les oméga-3. Faut-il pour autant s’en priver complètement ?
Une étude rassurante
C’est pour répondre à cette question que les chercheurs américains ont mené l’étude PROSPERITY. Pendant 4 mois, ils ont suivi 140 patients âgés de 50 ans et plus, tous à haut risque cardiovasculaire (antécédents ou facteurs de risque comme hypertension, diabète, surpoids…).
La moitié des participants a consommé au moins 12 œufs enrichis par semaine, l’autre moitié moins de 2 œufs standards. Au terme de l’étude, surprise : aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant les taux de cholestérol total, HDL (« bon cholestérol »), LDL (« mauvais cholestérol »), triglycérides ou autres marqueurs de risque cardiovasculaire.
Mieux, dans le groupe « gros consommateurs d’œufs », les chercheurs ont même noté une tendance à la baisse du cholestérol total, des particules LDL et d’autres marqueurs comme l’apolipoprotéine B ou la troponine (marqueur de lésions cardiaques). À l’inverse, le taux de vitamine B a augmenté dans ce groupe, témoignant d’un meilleur statut nutritionnel.
Des bénéfices chez certaines populations ?
En analysant les résultats par sous-groupes, les scientifiques ont fait une autre découverte intéressante. Chez les participants de plus de 65 ans et ceux souffrant de diabète, la consommation régulière d’œufs enrichis semblait même avoir un effet bénéfique, avec une hausse du « bon » cholestérol HDL et une baisse du « mauvais » LDL.
Ces résultats sont à prendre avec précaution car issus d’analyses secondaires sur de petits effectifs. Mais ils ouvrent des pistes de recherche prometteuses. Les personnes âgées et diabétiques étant particulièrement à risque sur le plan cardiovasculaire, elles pourraient être les premières à bénéficier d’une consommation régulière d’œufs enrichis.
Œufs standards ou enrichis ?
Justement, parlons-en de ces fameux œufs enrichis utilisés dans l’étude. En quoi sont-ils différents des œufs classiques ? Eh bien, ils proviennent de poules nourries avec un régime spécifique, souvent enrichi en graines de lin, algues marines, vitamines et minéraux.
Résultat : leurs œufs contiennent moins de graisses saturées et sont naturellement enrichis en nutriments d’intérêt comme la vitamine D, le sélénium, l’iode, les oméga-3 ou encore les vitamines B. Des atouts nutritionnels non négligeables, surtout pour les personnes ayant des besoins accrus ou des carences.
Pour autant, inutile de se ruer sur les œufs enrichis en délaissant complètement les œufs standards. Ces derniers restent une excellente source de protéines et de nutriments à moindre coût. L’idéal est sans doute, comme souvent, de varier les plaisirs en alternant les deux.
Modération et équilibre
Car s’il y a bien une chose à retenir de cette étude, c’est qu’il n’y a pas lieu de diaboliser les œufs, même chez les personnes à risque cardiovasculaire. Consommés avec modération, dans le cadre d’une alimentation globalement équilibrée, ils ne semblent pas avoir d’impact délétère sur le cholestérol et la santé du cœur.
Bien sûr, cette étude comporte des limites, notamment sa durée relativement courte (4 mois) et son échantillon restreint (140 personnes). Elle ne permet pas à elle seule de réhabiliter complètement les œufs. Mais elle apporte une pierre de plus à l’édifice et invite à reconsidérer certaines idées reçues.
D’autres travaux seront nécessaires pour confirmer ces résultats sur le long terme et explorer plus en détail les bénéfices potentiels chez certaines populations à risque. En attendant, rien ne vous empêche de croquer régulièrement dans un œuf, brouillé, au plat, à la coque ou en omelette, sans culpabiliser !
En pratique, que retenir ?
- Les œufs ne semblent pas faire grimper le cholestérol ni augmenter le risque cardiovasculaire, y compris chez des personnes à haut risque, lorsqu’ils sont consommés avec modération (12 par semaine dans l’étude).
- Les œufs enrichis pourraient même avoir des bénéfices chez les seniors et les diabétiques, mais cela reste à confirmer.
- Œufs standards ou enrichis, l’essentiel est de varier et de les intégrer dans une alimentation globalement équilibrée, riche en fruits, légumes, céréales complètes et pauvre en graisses saturées et aliments ultra-transformés.
- En cas de doute ou de facteurs de risque particuliers, n’hésitez pas à en parler à votre médecin qui saura vous conseiller en fonction de votre situation.
Alors, prêts à réhabiliter les œufs dans votre assiette ? Moi en tout cas, je ne vais pas m’en priver ! Et vous, plutôt à la coque ou brouillés ?
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Sources éditoriales et fact-checking