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L’hypertension artérielle (HTA) est définie par une pression artérielle systolique (lorsque le cœur se contracte) supérieure ou égale à 14 cmHg (140 mmHg) et/ou une pression artérielle diastolique (lorsque le cœur se relâche) supérieure ou égale à 9 cmHg (90 mmHg).
Il s’agit d’un problème majeur de santé publique touchant 30 % des adultes en France, soit environ 13 millions de personnes. Sa prévalence augmente avec l’âge. L’HTA est le premier facteur de risque de mortalité en France, devant le tabac.
Cet article vise à expliquer de façon détaillée les différents aspects de cette pathologie : symptômes, diagnostic, causes et facteurs de risque, complications, traitements et moyens de prévention.
Symptômes et diagnostic
Dans la majorité des cas, l’HTA ne provoque aucun symptôme apparent. Elle peut néanmoins entraîner des maux de tête, des vertiges, des acouphènes, des troubles visuels ou des saignements de nez.
Le diagnostic repose sur la mesure répétée de la pression artérielle avec un tensiomètre (aussi appelée sphygmomanomètre). Au moins 2 à 3 mesures espacées de plusieurs semaines sont nécessaires pour confirmer le diagnostic, sauf en cas d’HTA sévère.
La mesure de la pression artérielle doit suivre certaines règles pour être fiable : repos de 5 minutes avant la mesure, position assise ou allongée, brassard adapté à la taille du bras, etc.
Cette mesure peut être réalisée chez votre médecin, à l’hôpital ou à domicile avec un appareil adapté.
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Les causes de l’hypertension artérielle
L’hypertension artérielle peut être classée en deux grandes catégories selon son origine : l’hypertension essentielle et l’hypertension secondaire.
L’hypertension artérielle essentielle
Dans la majorité écrasante des cas diagnostiqués, soit environ 90 % de la population hypertendue, aucune cause organique n’est retrouvée pouvant expliquer l’élévation durable de la pression artérielle. C’est ce que l’on appelle l’hypertension artérielle essentielle, également dénommée hypertension artérielle primitive ou idiopathique.
Celle-ci résulterait en réalité de l’interaction complexe entre divers facteurs environnementaux, comme l’alimentation ou le mode de vie, et une prédisposition génétique propre à chaque individu. Bien que des dizaines de variants génétiques aient été associés au développement de l’hypertension, chacun n’aurait qu’un effet minime. Leur influence cumulée, modulée par des stimuli extérieurs, engendrerait à terme une élévation chronique de la pression sanguine.
L’hypertension artérielle secondaire
A contrario, dans environ 10 % des cas, l’hypertension artérielle dite « secondaire » a une origine identifiée. Elle est la conséquence d’une autre pathologie sous-jacente ou de la prise prolongée de certains médicaments.
Les causes les plus fréquentes d’hypertension secondaire sont les maladies rénales chroniques, le diabète de type 2 compliqué de néphropathie, le rétrécissement de l’aorte au niveau de son origine ou de ses branches principales, l’hyperaldostéronisme primaire, le phéochromocytome ou encore l’hypothyroïdie.
Certains médicaments couramment prescrits peuvent également engendrer ou aggraver une hypertension artérielle : il s’agit notamment des corticoïdes, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des contraceptifs œstroprogestatifs, des vasoconstricteurs nasaux, des immunosuppresseurs comme le ciclosporine ou le tacrolimus ou des médicaments de chimiothérapie tels que le sunitinib.
Les facteurs de risque de l’hypertension artérielle
De multiples facteurs de risque associés au développement de l’hypertension artérielle ont été mis en évidence par de nombreuses études épidémiologiques menées à travers le monde. On distingue classiquement les facteurs de risque modifiables, sur lesquels il est possible d’intervenir, des facteurs de risque non modifiables.
Les facteurs de risque modifiables
Plusieurs habitudes de vie néfastes pour la santé cardiovasculaire ont clairement été identifiées comme des déterminants majeurs de l’hypertension artérielle :
- Une alimentation trop riche en sodium, apportée principalement par le sel de cuisine. Une consommation excessive de sodium favorise la rétention hydrosodée, l’augmentation du volume sanguin et par conséquent l’élévation de la pression artérielle.
- Le surpoids et l’obésité, notamment l’obésité abdominale, majorent significativement le risque d’hypertension artérielle via de multiples mécanismes physiopathologiques.
- La sédentarité est associée de façon certaine à une pression artérielle plus élevée. À l’inverse, la pratique régulière d’une activité physique d’intensité modérée abaisse la pression artérielle de façon cliniquement significative.
- Une consommation excessive d’alcool augmente le risque d’hypertension, probablement en raison de modifications neuro-hormonales et d’une augmentation des résistances vasculaires périphériques.
- Le tabagisme actif, en particulier une consommation de plus de 20 cigarettes par jour, est corrélé à une pression artérielle systolique et diastolique plus élevée. Les mécanismes en cause sont multiples et complexes.
Les facteurs de risque non modifiables
Certains facteurs de risque échappant à la volonté de l’individu ont également été identifiés. Il s’agit notamment de l’âge, du sexe et des antécédents familiaux.
Ainsi, la prévalence de l’hypertension artérielle croît de façon quasi exponentielle avec l’avancement en âge. Avant 55 ans, l’hypertension touche davantage les hommes que les femmes. En revanche, après la ménopause le risque augmente nettement chez la femme et la prévalence devient similaire dans les deux sexes.
Enfin, des antécédents familiaux d’hypertension artérielle au premier degré, en particulier chez un parent jeune, majorent le risque de développer soi-même une hypertension. Cela traduit vraisemblablement l’influence de facteurs génétiques communs.
Complications et conséquences
Une pression artérielle élevée persistante endommage progressivement certains organes cibles comme :
Le cœur : l’hypertension accélère l’athérosclérose des artères coronaires et augmente le risque de cardiopathie ischémique, pouvant mener à l’infarctus du myocarde. À long terme, elle peut provoquer une insuffisance cardiaque.
Le cerveau : l’hypertension fragilise les petites artères cérébrales. À tout moment, une rupture de ces vaisseaux peut entraîner un accident vasculaire cérébral hémorragique, potentiellement mortel.
Les reins : à force de filtrer du sang sous haute pression, les reins s’abîment avec le temps. L’hypertension est la 2ème cause d’insuffisance rénale chronique après le diabète.
Les yeux : une hypertension sévère provoque des lésions des vaisseaux sanguins de la rétine pouvant mener à la cécité.
Au final, l’hypertension multiplie par 3 le risque d’infarctus du myocarde et par 4 le risque d’AVC. Elle réduit l’espérance de vie d’environ 5 ans en moyenne lorsqu’elle n’est pas traitée. Le contrôle optimal de la pression artérielle est donc primordial pour prévenir les complications redoutables de « l’hypertension silencieuse ».
Prévention
Même si nous ne pouvons pas agir sur des facteurs de risque non modifiables comme l’âge, le sexe ou les antécédents familiaux, il existe heureusement de nombreuses mesures préventives pour réduire le risque de développer une hypertension artérielle :
- Suivre un régime alimentaire sain et équilibré en limitant la consommation de sel, de graisses saturées, de sucre et d’alcool. Augmenter l’apport en fruits, légumes, céréales complètes et produits laitiers écrémés.
- Pratiquer une activité physique régulière comme la marche rapide, le vélo ou la natation pendant 30 à 60 minutes par jour pour garder un poids normal.
- Arrêter de fumer et limiter la consommation de caféine.
- Apprendre à gérer son stress via des techniques de relaxation, de méditation ou le yoga par exemple.
- Réaliser un bilan de santé annuel avec prise de la pression artérielle et dosage biologique du cholestérol, du glucose et de la créatinine.
Le dépistage précoce dès l’âge adulte permet également d’instaurer rapidement des mesures hygiéno-diététiques et un traitement médicamenteux adapté en cas d’hypertension avérée, avant l’apparition de complications.
Traitements
L’objectif du traitement de l’hypertension artérielle est d’abaisser et de maintenir la pression sanguine à des valeurs inférieures à 14 cmHg (140 mmHg) pour la systolique et 9 cmHg (90 mmHg) pour la diastolique.
Chez les patients présentant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire associés (diabète, insuffisance rénale, âge avancé…), l’objectif thérapeutique est encore plus strict avec une valeur cible inférieure à 13 cmHg (130 mmHg) pour la systolique.
Le traitement de l’hypertension repose à la fois sur des mesures hygiéno-diététiques (régime pauvre en sel sans matières grasses ni alcool, sport, arrêt du tabac…) et sur des médicaments antihypertenseurs.
Il existe 5 grandes classes de médicaments pour abaisser la pression artérielle, avec des mécanismes d’action différents :
- Les diurétiques qui éliminent le surplus de liquide de l’organisme ;
- Les bêta-bloquants qui réduisent la fréquence cardiaque ;
- Les inhibiteurs calciques qui relaxent et dilatent les vaisseaux sanguins ;
- Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) qui dilatent les vaisseaux et fluidifient le sang ;
- Les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) qui relaxent les vaisseaux et diminuent la production de rénine.
Le choix du traitement dépend de l’âge du patient, des éventuelles comorbidités associées et de la tolérance aux effets secondaires. Dans la majorité des cas, une bithérapie voire une trithérapie associant 2 ou 3 classes d’antihypertenseurs à doses modérées est nécessaire pour contrôler efficacement la pression artérielle.
Quel que soit le traitement, la clé du succès réside dans le respect scrupuleux des prescriptions médicales et le suivi régulier de la tension sur le long terme. En effet, l’hypertension est une maladie chronique silencieuse qu’il faut traiter à vie. Un arrêt intempestif de la médication expose à un rebond tensionnel et à la survenue de complications cardiovasculaires parfois fatales.
Le mot de la fin
L’hypertension artérielle est un enjeu majeur de santé publique de par sa prévalence élevée et ses complications redoutables. Un dépistage et une prise en charge précoce sont indispensables pour contrôler efficacement la pression artérielle et prévenir les accidents vasculaires cérébraux, infarctus du myocarde, insuffisances cardiaques et rénales.
Au-delà des traitements médicamenteux, l’adoption d’un mode de vie sain dès le plus jeune âge est capitale : alimentation équilibrée pauvre en sodium, activité sportive régulière, arrêt de la cigarette, gestion du stress…
Grâce aux efforts conjoints des patients et des professionnels de santé, il est possible de venir à bout de ce redoutable « tueur silencieux » et d’augmenter l’espérance de vie des personnes hypertendues.