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Le jeûne intermittent, soulève de nombreuses interrogations pour les personnes atteintes de diabète, notamment pendant le mois du Ramadan. Bien que le jeûne ne soit pas formellement interdit, il comporte des risques non négligeables qui nécessitent une préparation et un suivi médical rigoureux. Cet article détaillé vise à éclairer les patients diabétiques sur les précautions à prendre et les situations à risque à éviter lors d’un jeûne.
Rappel sur le jeûne intermittent
Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes de jeûne de courte durée (généralement 16 à 24 heures) avec des périodes d’alimentation normale. La modalité la plus répandue est de ne pas s’alimenter pendant 16 heures par jour. Ce type de jeûne gagne en popularité pour ses bénéfices supposés sur la perte de poids et la sensibilité à l’insuline.
Le jeûne spirituel (ex : Ramadan)
Le jeûne du Ramadan est une pratique religieuse durant laquelle les musulmans s’abstiennent de boire et manger du lever au coucher du soleil pendant un mois lunaire. La durée quotidienne du jeûne varie donc de 12 à 20 heures selon la saison et la latitude. Bien que le jeûne soit rompu le soir, les habitudes alimentaires sont perturbées avec des repas copieux et riches en glucides.
Le diabète de type 2 : la forme la plus répandue
Le diabète de type 2 représente 90 % des cas de diabète. Il se caractérise par une résistance à l’insuline qui entraîne une hyperglycémie chronique. Les principaux facteurs de risque sont l’obésité, la sédentarité et le vieillissement. De nombreuses complications peuvent survenir à long terme : maladies cardiovasculaires, rénales, nerveuses, etc.
Les traitements courants
Pour contrôler la glycémie, on a recours en première intention à des changements de mode de vie (activité physique, alimentation équilibrée). Des médicaments antidiabétiques oraux comme la metformine sont ensuite prescrits, parfois complétés par de l’insuline en cas de déséquilibre persistant.
Jeûne et diabète de type 2 : est-ce possible ?
Si le jeûne n’est pas formellement contre-indiqué chez les diabétiques de type 2, il comporte de nombreux risques qui nécessitent une évaluation au cas par cas avec le médecin traitant.
Évaluer les risques individuels
De nombreux facteurs doivent être pris en compte pour évaluer les risques du jeûne chez un patient diabétique : l’âge, l’ancienneté du diabète, la présence de complications (rénales, cardiovasculaires, etc.), les traitements pris, l’équilibre glycémique actuel, le risque d’hypoglycémie, etc. Une évaluation précise du profil du patient est indispensable.
Selon une étude marocaine, même si le jeûne du Ramadan est fortement désiré par les patients musulmans diabétiques, il est souvent pratiqué en l’absence de suivi médical, ce qui augmente les risques de complications aiguës (hypoglycémie, hyperglycémie, acidocétose, etc.).
Consulter son médecin avant de jeûner
Avant toute décision de jeûner, une consultation dédiée avec le médecin traitant ou le diabétologue est impérative. Celui-ci pourra juger de la faisabilité du jeûne, adapter les traitements si besoin et donner les recommandations adéquates en termes de surveillance glycémique, hydratation, etc.
Une étude française a montré que l’éducation insuffisante des patients et les attitudes religieuses strictes les exposaient à un risque accru d’hypoglycémie durant le jeûne du Ramadan. Les connaissances limitées des médecins sur ce sujet contribuaient également au manque d’informations prodiguées.
Cas des diabétiques bien équilibrés sous metformine
Pour les patients diabétiques de type 2 bien équilibrés sous metformine seule (un traitement n’entraînant pas d’hypoglycémie), le jeûne intermittent peut être envisagé sous réserve d’une surveillance renforcée de la glycémie. Une adaptation des doses de metformine pourrait être nécessaire.
Cas des diabétiques sous traitements hypoglycémiants
Si le patient prend des médicaments pouvant provoquer des hypoglycémies (sulfonylurées, insuline, etc.), le risque de jeûner est accru. Il faudra probablement modifier ou arrêter temporairement certains traitements, sous contrôle médical strict.
Une autre étude marocaine(1) a montré qu’en appliquant les recommandations internationales (éducation des patients, adaptation des traitements selon le risque), le jeûne pouvait être réalisé avec un risque minime de complications aiguës ou de déséquilibre du diabète. Cependant, une consultation au cours du jeûne reste nécessaire pour ajuster les traitements.
Cas des diabétiques sous insuline
Pour les diabétiques sous insuline, le jeûne est possible mais requiert une adaptation rigoureuse des doses d’insuline lente afin d’éviter les hypoglycémies. Une surveillance glycémique intensive est indispensable.
Cependant, si le patient fait fréquemment des hypoglycémies sous insuline, le jeûne est déconseillé, car il augmenterait ce risque de manière importante.
Une étude autrichienne récente(2) a montré que le jeûne intermittent (un jour sur deux) pouvait être pratiqué en toute sécurité par les diabétiques sous insuline, à condition d’ajuster correctement les doses. Les taux moyens de sucre se sont améliorés significativement dans le groupe jeûnant.
Précautions à prendre pour jeûner en toute sécurité
Même chez les patients diabétiques “à risque modéré”, de nombreuses précautions sont à respecter pour jeûner sans danger :
Reconnaître les signes d’hypoglycémie/hyperglycémie
Il est crucial de savoir détecter les symptômes d’une glycémie trop basse (sueurs, tremblements, vertiges, etc.) ou trop élevée (soif intense, maux de tête, vision trouble, etc.) pour réagir rapidement.
Importance de l’autosurveillance glycémique
Un contrôle fréquent de la glycémie, idéalement par un dispositif de mesure en continu, est indispensable pendant le jeûne pour adapter les traitements si besoin.
Adapter les traitements avec son médecin
Selon le profil du patient et le type de jeûne, les doses de médicaments antidiabétiques devront probablement être ajustées pour éviter les déséquilibres glycémiques.
Rester bien hydraté
Boire suffisamment en dehors des périodes de jeûne est primordial pour prévenir la déshydratation, facteur de risque supplémentaire.
Situations à risque : âge, activité physique intense, etc.
Le jeûne est fortement déconseillé dans certaines situations : diabète mal équilibré, complications sévères, grossesse, âge avancé, activité physique intense, etc. Le risque de complications graves est alors trop élevé.
Jeûne et prévention des complications du diabète
Au-delà des risques, le jeûne pourrait présenter certains bénéfices pour les diabétiques de type 2 s’il est bien encadré médicalement.
Perte de poids et meilleur contrôle glycémique
En diminuant les apports caloriques, le jeûne intermittent peut favoriser une perte de poids bénéfique. Combiné à une alimentation équilibrée, il pourrait aussi améliorer le contrôle de la glycémie à long terme.
Réduction des risques cardiovasculaires
Certaines études suggèrent que le jeûne intermittent permettrait de réduire les facteurs de risque cardiovasculaire comme l’hypertension artérielle ou le mauvais cholestérol.
Autres bénéfices potentiels à long terme
Des effets neuroprotecteurs et une diminution du risque de certains cancers liés au jeûne intermittent sont également évoqués, mais les preuves restent limitées à ce jour.
Ce qu’il faut retenir
Le jeûne n’est pas strictement contre-indiqué pour les diabétiques de type 2, mais il comporte de nombreux risques qui nécessitent une préparation et un suivi médical rigoureux. Chaque situation est unique et doit être évaluée au cas par cas. Sous réserve de respecter certaines précautions, le jeûne intermittent pourrait présenter des bénéfices pour la perte de poids et le contrôle glycémique à long terme.
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Sources éditoriales et fact-checking