Une nouvelle étude publiée dans JAMA Network Open(1) vient de mettre en lumière un lien inquiétant entre l’infection au COVID-19 et le développement du diabète de type 2 chez les enfants et adolescents. Cette découverte soulève de sérieuses questions sur les conséquences à long terme de la pandémie sur la santé des jeunes.
Une étude d’envergure
L’équipe de chercheurs de l’Université Case Western Reserve aux États-Unis a mené une vaste étude rétrospective portant sur plus de 600 000 patients âgés de 10 à 19 ans. Leur objectif ? Comparer le risque de développer un diabète de type 2 dans les 6 mois suivant une infection au COVID-19 par rapport à d’autres infections respiratoires.
Pour ce faire, ils ont analysé les dossiers médicaux électroniques de 306 801 jeunes diagnostiqués avec le COVID-19 et d’un nombre équivalent de patients ayant contracté d’autres infections respiratoires entre janvier 2020 et décembre 2022.
Des résultats alarmants
Et les résultats sont sans appel : les enfants et adolescents ayant eu le COVID-19 présentent un risque significativement plus élevé de développer un diabète de type 2 dans les mois suivant l’infection.
Concrètement, voici ce que l’étude a révélé :
- 1 mois après l’infection : risque 1,55 fois plus élevé ;
- 3 mois après : risque 1,48 fois plus élevé ;
- 6 mois après : risque 1,58 fois plus élevé.
Ces chiffres peuvent sembler abstraits, mais ils représentent une augmentation substantielle du risque. Pour le dire autrement, sur 10 000 enfants ayant eu le COVID-19, on observe en moyenne 4,8 cas supplémentaires de diabète de type 2 par rapport à ceux ayant eu d’autres infections respiratoires.
Un risque accru pour certains groupes
L’étude a également mis en évidence que certains groupes d’enfants et d’adolescents sont particulièrement vulnérables. C’est notamment le cas des jeunes en surpoids ou obèses, ainsi que de ceux ayant été hospitalisés suite au COVID-19.
Pour les enfants en surpoids ou obèses, le risque est encore plus marqué :
- 1 mois après l’infection : risque 2,07 fois plus élevé ;
- 3 mois après : risque 2,00 fois plus élevé ;
- 6 mois après : risque 2,27 fois plus élevé.
Quant aux jeunes hospitalisés, les chiffres sont encore plus alarmants :
- 1 mois après : risque 3,10 fois plus élevé ;
- 3 mois après : risque 2,74 fois plus élevé ;
- 6 mois après : risque 2,62 fois plus élevé.
Ces résultats soulignent l’importance d’une surveillance accrue de ces groupes à risque dans les mois suivant une infection au COVID-19.
Une découverte qui soulève des questions
Comment expliquer ce lien entre COVID-19 et diabète de type 2 chez les jeunes ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses :
- Stress métabolique : l’infection au COVID-19 pourrait imposer un stress métabolique supplémentaire à un organisme déjà prédisposé, précipitant ainsi l’apparition du diabète.
- Composante auto-immune : le virus pourrait déclencher une réponse auto-immune affectant les cellules productrices d’insuline du pancréas.
- Infection directe des cellules pancréatiques : des études ont montré que le SARS-CoV-2 peut infecter sélectivement les cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline.
Il est important de noter que cette étude, bien que révélatrice, ne permet pas d’établir un lien de causalité direct. D’autres recherches seront nécessaires pour comprendre pleinement les mécanismes en jeu.
Une perspective plus large
Il est important de replacer ces résultats dans un contexte plus large. Le diabète de type 2 chez les jeunes était déjà en augmentation avant la pandémie de COVID-19, sous l’effet de facteurs tels que :
- La sédentarité croissante ;
- L’augmentation de l’obésité infantile ;
- Les changements dans les habitudes alimentaires.
Le COVID-19 pourrait donc agir comme un catalyseur, accélérant une tendance déjà préoccupante.
Ce qu’il faut retenir
Cette étude met en lumière un nouvel aspect des conséquences à long terme de la pandémie de COVID-19. Le lien entre l’infection et le risque accru de diabète de type 2 chez les jeunes représente un défi de taille pour la santé publique.
L’avenir nous dira si cette augmentation du risque de diabète est un phénomène temporaire ou s’il s’agit d’un legs durable de la pandémie. Dans tous les cas, ces découvertes soulignent l’importance cruciale de protéger la santé de nos jeunes générations face aux défis sanitaires actuels et futurs.
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Sources éditoriales et fact-checking