Beaucoup moins connue que sa “grande sœur” la médecine chinoise, la médecine japonaise comprend un certain nombre de techniques qui ont toutes leur place parmi les approches médicales non conventionnelles. Nul doute qu’elles sont appelées à se développer fortement dans les années à venir…
D’un point de vue historique et théorique, la médecine traditionnelle japonaise (MTJ) est étroitement liée à la médecine chinoise et se fonde sur les mêmes observations et phénomènes naturels que toutes les médecines orientales, dont les traces les plus anciennes remontent à plus de 2 500 ans.
Ainsi, comme en Chine, il est possible de retrouver dans la MTJ les différents “outils” classiques de la médecine orientale : la technique manuelle (le shiatsu), l’acupuncture (pratiquée différemment au Japon et en Chine), la moxibustion (utilisation de la chaleur) et la phytothérapie (utilisation des plantes).
Certains praticiens n’exerceront que l’une de ces disciplines tandis que d’autres, formés de manière pluridisciplinaire, les utiliseront ensemble pour traiter leurs patients au mieux de leur intérêt.
La médecine chinoise a été introduite au Japon vers le VIIIe siècle, principalement grâce à l’impulsion des moines bouddhistes. Vers la fin du Xe siècle, les premiers ouvrages médicaux japonais apparaissent, qui sont en fait pour la plupart des compilations d’ouvrages chinois.
Le premier changement, et le plus important, remonte au XVIIe siècle, sous l’impulsion de Waichi Sugiyama, considéré comme le père de l’acupuncture japonaise. Cet acupuncteur mit au point une méthode unique d’insertion des aiguilles à l’aide d’un tube-guide. Cette révolution technique, encore utilisée aujourd’hui, permet d’utiliser des aiguilles extrêmement fines et confortables.
Par ailleurs, tout au long de son histoire, le Japon n’a cessé ses échanges avec l’Occident, y compris dans le domaine médical et de nombreuses recherches et découvertes occidentales (Pays-Bas, Allemagne, Espagne) furent intégrées dans les pratiques traditionnelles.
L’acupuncture japonaise
L’acupuncture consiste en la modification du fonctionnement de l’organisme par l’introduction de fines aiguilles dans le corps. Les aiguilles, toujours stériles et à usage unique, sont introduites à des endroits précis qui agissent sur l’ensemble du corps par des voies neurologiques, vasculaires, endocriniennes, tissulaires…
Cependant, et contrairement à une idée généralement répandue, il n’y a pas de point qui corresponde à un organe ou à une maladie en particulier. C’est l’ensemble des points stimulés qui fait sens et constitue le traitement.
La spécificité de l’acupuncture japonaise réside essentiellement dans le matériel et dans la façon de poser les aiguilles.
Les Japonais ont développé des aiguilles extrêmement fines et parfaitement affûtées. Là où les aiguilles chinoises les plus fines ont un diamètre de 0,30 mm, les aiguilles japonaises les plus courantes ont un diamètre de 0,16 mm.
Par ailleurs, la pose des aiguilles japonaises se fait à l’aide d’un tube-guide qui permet à la fois de tendre la peau et de rigidifier l’aiguille le temps de la pose.
Ainsi, la traversée de la peau (phase la plus “douloureuse”) se fait de façon nette et franche, donnant ainsi à l’acupuncture japonaise la réputation d’être la plus confortable pour le patient.
L’acupuncture japonaise s’adresse à tous et, entre les mains de praticiens compétents, les seules contre-indications sont les situations d’urgences médicales et chirurgicales.
Cependant, dans un certain nombre de cas, des précautions sont nécessaires et il est indispensable que le praticien connaisse l’historique médical de son patient. Sauf situations particulières, on évite également de pratiquer l’acupuncture sur les enfants, pour qui la technique du shonishin s’avère plus appropriée.
Le shonishin
Bien que signifiant “acupuncture pédiatrique”, ce terme renvoie à une pratique sans aiguille. Issu de l’acupuncture japonaise, le shonishin repose sur des techniques de stimulation au niveau de la peau sans la blesser et sans la traverser (tapotement, picorage, grattage, etc.).
Cette technique utilise différents instruments généralement en métal dont les formes très variées sont adaptées aux enfants… Initialement développée pour traiter ces derniers, elle convient également aux adultes et permet de soulager la plupart des pathologies infantiles et bon nombre de pathologies de l’adulte.

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Le shiatsu
Le shiatsu est une technique médicale manuelle consistant à exercer des pressions le long de trajets sur le corps. C’est une technique spécifiquement japonaise qui n’a pas d’équivalent en Chine.
Contrairement à la France, où le shiatsu est souvent considéré comme un “massage” ou une “technique de bien-être”, au Japon, il occupe la place d’une véritable technique médicale dont le grand nombre d’indications dans les principales sphères physiologiques sont similaires à celles de l’acupuncture.
En fait, loin d’être une technique de massage, le shiatsu se rapprocherait davantage d’une technique d’ostéopathie dynamique qui intégrerait les mêmes données que celles qui sous-tendent la pratique de l’acupuncture. Le moyen d’action n’est pas l’aiguille, mais une succession de pressions ; on parle alors de barostimulation.
Au Japon, où l’exercice du shiatsu est réglementé, les formations sont organisées en trois années à temps complet minimum et le niveau de connaissances dans les matières médicales est similaire à celui de nos infirmières.
Le jeune diplômé, avant d’exercer seul, passe quelques années à assister un praticien plus expérimenté afin d’acquérir une dextérité et une expérience clinique.
En France, la profession n’étant pas réglementée, le niveau des formations est très disparate et il est bien difficile pour le patient de savoir à qui s’adresser…

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Ayant une action “mécanique” sur le corps, le shiatsu comporte quelques contre-indications ou précautions à prendre vis-à-vis de certaines pathologies (pathologies circulatoires déclarées, insuffisances hépatiques ou rénales, affections dermatologiques, hypertension non compensée, etc.) ou de certains traitements.
Un praticien correctement formé saura vous réorienter s’il estime que votre situation le nécessite ou que ses compétences ne sont pas suffisantes pour vous recevoir dans de bonnes conditions.
La moxibustion
C’est l’application de la chaleur sur le corps en vue de produire un changement sur la physiologie du patient. Cette chaleur peut être appliquée sur des points précis du corps ou sur des zones plus larges. Elle peut être employée seule ou associée à l’acupuncture.

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Autrefois, la moxibustion pouvait être utilisée afin de provoquer volontairement une légère brûlure de la peau, mais cette pratique n’est plus d’actualité.
Totalement indolore et plutôt appréciée par les patients, la moxibustion se pratique soit par application directe sur la peau (un dispositif est alors interposé entre la peau et le moxa afin de ne pas provoquer de brûlure) ou à une distance de quelques centimètres de la peau.
Classiquement, elle est employée pour traiter des pathologies froides et/ou humides (rhumatismes, lombalgies, algies diverses, troubles digestifs…) mais bon nombre d’affections peuvent également tirer bénéfice des traitements par moxibustion.
En dehors de certaines affections cutanées et de quelques troubles circulatoires, la moxibustion est indiquée pour tous et dans toutes les situations.
Les indications de la médecine traditionnelle japonaise
Dans les mains de praticiens compétents, la MTJ peut intervenir et améliorer un grand nombre d’affections :
- Gastro-entérologie : reflux gastro-œsophagien, diarrhée, constipation, colite, maladie de Crohn, troubles hépatiques et vésiculaires, hémorroïdes, ulcères, nausées…
- Nephro-urologie : troubles mictionnels, cystite, prostatite, énurésie, certaines insuffisances…
- Système immunitaire : altération de l’état général, fatigue rebelle, zona, acné, allergies, eczéma, psoriasis, rhume des foins, conjonctivite, atteintes virales courantes…
- Sphère ORL : angine, rhinopharyngite, laryngite, enrouement, otite, sinusite, toux, rhume, grippe, bronchite, asthme, essoufflement, bourdonnement d’oreille, rhinites allergiques ou saisonnières…
- Rhumatologie : rhumatismes, arthrose, goutte, tendinite, périarthrite (PSH), lumbago, lombalgies aiguës ou chroniques, sciatique, hernie discale, cruralgie, névralgies cervicobrachiales ou intercostales, douleurs musculaires, contracture, syndrome du canal carpien, cervicalgie, tennis-elbow, spondylarthrite…
- Appareil cardiovasculaire : palpitations, troubles circulatoires, syndrome de Raynaud (extrémités froides), impatiences dans les jambes (syndrome des jambes sans repos), hypertension artérielle, jambes lourdes et/ou gonflées et/ou douloureuses…
- Gynécologie : bouffées de chaleur, stérilité, troubles et douleurs du cycle, troubles de la ménopause, déprime post-partum…
- Troubles anxieux : stress, angoisse, spasmophilie, troubles du sommeil, tics, trac, crises de panique…
- Divers : migraines, céphalées, syndrome de Ménière, aphtes, névralgies, fatigue, épuisement…