Les bienfaits des produits de la ruche sur la santé sont connus depuis l’Antiquité. Les études scientifiques de ces trente dernières années nous ont permis de mieux comprendre les mécanismes d’action des miels, pollens, propolis et gelée royale, et donc leur intérêt en médecine.
Parmi les nombreuses thérapeutiques que la nature met à notre disposition, les produits de la ruche occupent une place de choix depuis la plus haute antiquité. De nombreuses traces archéologiques comme la peinture rupestre de la grotte de l’Araignée en Espagne, ainsi que de multiples documents historiques de toutes les grandes civilisations passées (chinoise, indienne, sumérienne, égyptienne, grecque, romaine) permettent d’affirmer que le miel et probablement la propolis sont intimement associés à la vie de l’Homme depuis plus de 10 000 ans.
Au deuxième siècle de notre ère, Galien, père de la physiologie, parle des vertus thérapeutiques du miel et de l’abeille.
L’utilisation du pollen de fleurs et de la gelée royale est par contre plus récente, datant d’une cinquantaine d’années.
Nous disposons aujourd’hui de nombreuses années de recul sur les propriétés thérapeutiques des produits de la ruche, et avons à notre disposition des études scientifiques et des utilisations en milieu médical ou chirurgical qui viennent enrichir nos connaissances en ce domaine. Cela permet aujourd’hui de les utiliser d’une façon bien codifiée, au point d’avoir donné naissance, il y a quelques décennies, à une nouvelle branche thérapeutique nommée apithérapie.
Le miel est utilisé depuis l’Antiquité en préparation à usage médicinal. Aucun autre produit, en dehors peut-être du lait, n’a eu une telle longévité dans l’histoire de l’alimentation humaine.
L’apithérapie, c’est quoi ?
Le terme d’apithérapie a longtemps été associé exclusivement au traitement de certaines pathologies, principalement rhumatismales, par le venin d’abeille.
Ce n’est que depuis une cinquantaine d’années que son champ d’application s’est considérablement élargi, redécouvrant les applications thérapeutiques des miels, des pollens, de la propolis et de la gelée royale. Nous mettrons à part l’utilisation thérapeutique du venin, qui fait l’objet d’études sur certaines pathologies, en particulier auto-immunes, mais n’a pas encore trouvé de champ d’application codifié.
Le Dr Yves Donadieu, auteur de plusieurs livres sur les produits de la ruche, décédé en 2005, a proposé dès la fin des années 1970 une définition de l’apithérapie : “L’apithérapie est le traitement des maladies par les produits récoltés, transformés ou sécrétés par l’abeille, et tout particulièrement pour l’heure : le pollen, la propolis, le miel, la gelée royale et le venin.” Liste à laquelle on peut ajouter la cire d’abeille, qui a des indications en chirurgie orthopédique.
Précisons pour les profanes en apiculture que le pollen est un produit récolté par l’abeille, que la propolis est un produit récolté et légèrement transformé, que le miel est un produit récolté et transformé, et que la gelée royale et le venin sont des produits sécrétés.
Applications en santé humaine
Disons tout de suite que seul le médecin est habilité à prendre la décision thérapeutique d’utiliser ces “médicaments” naturels que sont les produits de la ruche, et ce même si de nombreuses études font état de leurs vertus thérapeutiques. Comme dans nombre de cas, l’automédication a ses limites. Deuxième précision : le miel est absolument contre-indiqué chez l’enfant de moins d’un an, car les abeilles peuvent transporter une bactérie résistante à l’origine du botulisme, une maladie qui peut être mortelle chez les enfants. En revanche, pas de problème pour l’adulte, qui possède un système immunitaire compétent. Ce n’est pas le cas du tout-petit.
Problèmes cutanés
Le miel peut dans certains cas être utilisé directement comme cicatrisant. Ses vertus détersives, cicatrisantes et antibactériennes ont été largement démontrées et le regretté Pr Bernard Descottes, chef de chirurgie viscérale au CHU de Limoges, a colligé plusieurs milliers de cas d’escarres, brûlures et plaies chirurgicales traitées par des applications de miel tout au long de sa carrière.
Ses propriétés cicatrisantes sont dues à son action sur la régénération épithéliale et sur la synthèse des mucopolysaccharides, mais elles sont également liées à la présence de nombreux flavonoïdes issus des pollens.
Dans les acnés, l’application d’un mélange de miel et de teinture de propolis peut être utilisée. On peut également associer ces deux éléments à certaines huiles essentielles telles que la lavande officinale ou le tea tree.
Le miel peut être utilisé en application locale sur les eczémas secs et la dermatite atopique.
Dans l’herpès, on utilise parfois une crème à base de propolis, mais également un mélange miel/huile essentielle de sapin argenté ou de tea tree. Appliqué très précocement sur une poussée d’herpès labial, il n’est pas rare que la poussée soit stoppée.
Problèmes ORL
La prévention des infections saisonnières et récidivantes, telles que les rhinopharyngites, est une des grandes indications des produits de la ruche. L’association miel, gelée royale et propolis tout au long de la période hivernale, par cures discontinues, stimule le système immunitaire.
Une étude(1) publiée en 2007 a montré que le miel avait un effet inhibiteur plus prononcé (85,7 %) sur les bactéries Gram négatives par rapport aux agents antimicrobiens couramment utilisés. Une étude(2) plus récente, datée de 2019, montre une augmentation de l’activité des macrophages et des lymphocytes, chargés de notre défense antibactérienne.
Problèmes broncho-pulmonaires
La toux : l’association miellat de sapin, teinture de propolis et huile essentielle d’Eucalyptus radiata aura une action adoucissante, antiseptique et anti-inflammatoire. Le miel est d’ailleurs recommandé comme antitussif par de nombreux pédiatres. (attention : pas de miel chez les enfants en dessous d’un an !)
Affections urinaires et génitales
Dans les cystites, on peut associer, toujours sous surveillance médicale, apithérapie et phytothérapie. Par exemple, miel de bruyère + huile essentielle de thym géraniol. Par ailleurs, certains pollens sont utilisés en régulateurs du système hormonal et peuvent être proposés devant les bouffées de chaleur ménopausiques.
Problèmes gastro-entérologiques
Une étude(3) publiée en 1994 a montré l’effet inhibiteur du miel de Manuka sur la croissance de Helicobacter pylori. Une autre étude(4) animale publiée en 2017 montre l’effet protecteur du miel sur les inflammations gastriques. Sur le tube digestif, il participe à la cicatrisation des inflammations de l’estomac. À noter que si tous les miels ont des vertus voisines, chacun développe des particularités en fonction de sa plus forte concentration en tel ou tel pollen. Le miel de lavande, par exemple, contiendra une forte proportion de pollen de lavande par rapport aux autres pollens présents dans la zone géographique de la ruche. Les propriétés de la lavande vont alors s’additionner à celles du miel et lui donner des caractéristiques particulières.
- La gastrite peut bénéficier d’un mélange miel de châtaignier, propolis, feuilles de mélisse.
- L’aérocolie peut être soulagée par une association miel de citronnier, charbon, huile essentielle d’anis.
- La constipation réagit souvent bien à l’ingestion de pollens frais (attention chez les allergiques bien entendu).
- Les hémorroïdes pourront être soulagées par la prescription de miel + propolis (poudre) en local, et d’une prise orale de teinture d’hamamélis + deux gouttes d’huile essentielle de cyprès.
- L’association pollens-propolis-miel avec fleurs de mauve et argile blanche est utilisée pour les inflammations intestinales.
Nous l’avons vu, le champ d’applications des produits de la ruche est vaste et mérite d’être mieux connu. Préserver l’abeille n’est pas seulement bon pour l’environnement, c’est également important pour notre santé.
Références