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Pour l’ayurvéda, système de soin de l’Inde ancienne, la longévité n’est qu’une conséquence d’une vie en harmonie, en pleine conscience et respectueuse de nos besoins fondamentaux.
L’Ayurveda est, par définition, la connaissance (veda) de la vie, de la longévité (ayu). Selon ce système de soins traditionnel indien, l’âme, l’esprit, les sens et le corps physique forment les quatre composantes de la longévité. La connexion permanente et harmonieuse de ces quatre éléments conduit au bonheur et à la santé. Si cette harmonie est rompue, alors le concept d’ayu disparaît, laissant place au déséquilibre et au processus de maladie ou de dégénérescence. La longévité résulte d’une vie équilibrée, c’est-à-dire en harmonie avec ses besoins fondamentaux, qui sont étroitement liés à la réalisation de ses désirs les plus profonds et à son amour de la vie.
La longévité dépend de la bonne santé de nos cellules, qui se renouvellent en permanence. En effet, notre corps est en constante régénération, nos cellules naissent, agissent et meurent et d’autres prennent leur place. C’est un cycle complet et naturel.
L’idée de longévité se divise donc en deux visions : l’une dans le domaine de la prévention et de la compréhension de notre être, l’autre dans le rétablissement de l’équilibre.
Trois causes de déséquilibre
En Ayurveda, il distingue trois causes principales de déséquilibre, qui nous perturbent de manière naturelle ou prématurée.
La première cause de la maladie se situe au niveau mental : la reconnaissance de ce qui est bon pour nous est perturbée lorsque le lien entre notre âme et notre corps physique est rompu ; nous ne sommes alors plus capables de choisir en fonction de nos besoins et allons plutôt à leur encontre. Faire des choses qui nuisent à notre santé, comme fumer ou manger des aliments inadaptés ou pollués, va sciemment à l’encontre de nos désirs profonds : ce sont des choix inappropriés qui conduisent à la maladie.
La deuxième cause concerne les sens. Ils nous permettent de communiquer avec le monde extérieur, de sentir, de goûter, de voir et d’identifier ce qui est bon pour nous et donc de nous soutenir et de nous protéger. Une stimulation excessive ou inappropriée des sens les affaiblit, ouvrant ainsi la voie au déséquilibre.
La troisième cause est directement liée au corps physique en relation avec l’effet du temps, de l’âge, des saisons… Il s’agit d’une notion moins abstraite. Nous avons tous expérimenté l’effet du climat ou des saisons sur notre santé, et il en va de même pour l’âge, nous sommes plus sensibles à tel ou tel type de pathologie selon que nous sommes enfant, adulte ou plus âgé.
Nous sommes donc confrontés à deux types de vieillissement : l’un est lié aux effets du temps qui induisent naturellement une diminution de la qualité de la régénération cellulaire, l’autre à l’apparition du processus de déséquilibre conduisant à un vieillissement prématuré ou à une longévité raccourcie.
Deux protocoles pour deux approches : soutien et reconstruction
Traditionnellement, l’ayurvéda se divise en huit branches, dont deux dédiées à la science de la régénération ou du rajeunissement :
Vajikarana chikista, agissant principalement sur le système reproducteur. En effet, pour l’Ayurveda, tous les tissus du corps sont dépendants les uns des autres et, s’ils ne fonctionnent pas bien, leur processus nutritionnel se détériore. Dans ce cas, le système reproducteur est au cœur du problème, car pour l’Ayurveda, c’est lui qui soutient la vie et notre immunité. Par conséquent, le vajikarana chikista est principalement mis en place pour soutenir et tonifier les fonctions de ces tissus.
Rasayana chikista, agissant sur tous les systèmes du corps. Leur rôle est de nourrir, tonifier, favoriser l’assimilation et aider les tissus à se débarrasser des toxines. Les rasayanas peuvent être des plantes, des minéraux, des aliments, mais aussi des postures de yoga, des conseils sur l’hygiène de vie, l’alimentation, la méditation… Ils seront choisis en fonction de la constitution et de l’état général de la personne.
Vajikarana chikista et tonification
Il est reconnu qu’à partir de la ménopause ou l’andropause, le phénomène du vieillissement cellulaire se met en place et sera plus ou moins rapide en fonction des individus, de leur niveau de déséquilibre et de l’état de leur mental.
Dans le but de faire fonctionner au mieux le corps sans créer de déséquilibre, l’Ayurveda met en place, à partir de la ménopause ou andropause, une véritable politique de tonification qui permet de réduire les effets du vieillissement (pas forcément un allongement de la vie, mais une fin de vie en bonne santé) afin d’équilibrer les fonctions et les qualités du tissu reproducteur.
À ce stade, le protocole de tonification est donc principalement axé sur le soutien des tissus reproducteurs afin de préserver notre système immunitaire. Pour ce faire, on choisira des plantes ou des aliments qui ont une affinité particulière avec les tissus profonds et qui ont une action sur le système hormonal. Comme l’ashwagandha (Withania somnifera, ou ginseng indien, une plante réputée pour renforcer la libido) ou le shatavari (Asparagus racemosus, largement utilisé pour soutenir l’équilibre hormonal des femmes)…
Rasayana chikista et reconstruction
Pour les personnes chez qui le processus de déséquilibre a déjà commencé, le protocole est bien plus complexe, il faudra rééquilibrer, nettoyer puis aider le corps à se reconstruire.
Dans ce cas, le traitement sera plus global. Il commencera par une évaluation de la constitution ayurvédique de la personne et de ses déséquilibres. Il s’agira ensuite de déterminer quels systèmes, quels tissus sont endommagés ou viciés et d’évaluer l’état du système digestif, sa force et son mental.
Un protocole complet sera donc mis en place comprenant un rééquilibrage de sa constitution, un travail sur les causes de la maladie, une cure détox (légère comme un régime ou plus profonde comme le panchakarma, un processus de nettoyage complet du corps en cinq étapes) et enfin l’utilisation de rasayanas, une série de thérapies qui visent à retarder le vieillissement en régénérant les cellules et les tissus. Les rasayanas utilisés dans ce cas seront choisis en fonction de leur affinité ou de leur action particulière sur un tissu ou un organe donné. Ainsi, la Centella asiatica, ou herbe du tigre, est reconnue comme un puissant tonique nerveux.
La pharmacopée indienne
Il existe également dans la pharmacopée indienne des dizaines de formulations, des très spécifiques aux plus générales, telles que le chavyanprash, “confiture” à base d’amla (plante ayant une affinité avec tous les tissus du corps) mélangée à une vingtaine de plantes ayant chacune une action spécifique. C’est une formule particulièrement équilibrée que les médecins ayurvédiques prescrivent aux convalescents, aux personnes âgées ou pour toute autre indication.
Tout traitement, qu’il soit préventif ou curatif, doit être considéré avec prudence. En effet, une plante est une matière vivante possédant une action particulière sur tel ou tel tissu, organe, énergie du corps. Mais au-delà de l’indication thérapeutique, en ayurvéda, le choix de la plante est avant tout dépendant de la personne, de son état général, physique et psychique.
Vivre heureux : la clé
Ces protocoles sont des outils nécessaires en cas de pathologie ou de déséquilibre, mais il est évident que l’avenir se prépare dans le présent, que notre conscience doit nous guider pour vivre harmonieusement et rechercher le bonheur qui nous maintient en bonne santé.
Pour l’Ayurveda, un individu ne peut être heureux que s’il vit dans la conscience de son corps, de son être, de ses sens et dans l’amour de la vie. En respectant ses besoins fondamentaux, la personne se rapprochera de ce qui lui apporte le vrai bonheur et restera ainsi en harmonie et en équilibre, sans aucune frustration. Ainsi, elle vivra mieux, loin des maladies et du vieillissement prématuré.