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La caféine est souvent présentée comme un coupe-faim ou un brûleur de graisse et est donc utilisée pour les produits amaigrissants. Si la caféine est l’une des substances les plus étudiées, ses effets sur le contrôle de l’appétit sont en fait l’un des effets les moins expérimentés.
L’objectif de l’étude décrypté était d’examiner l’impact d’une grande consommation de caféine sur les apports caloriques au petit déjeuner et pendant le reste de la journée chez des adultes(1).
Dans mon analyse, je me pencherai sur les effets potentiels que la caféine permettrait d’obtenir (ou pas) chez les personnes qui essaient de perdre du poids.
Décryptage de l’étude
Participants et protocole
50 hommes et femmes adultes (21 hommes, 29 femmes) âgés de 18 à 50 ans ont participé à cet essai croisé, randomisé et contrôlé contre placebo. Les participants se sont rendus au centre de recherche pour le petit déjeuner à trois reprises.
Ces visites ont eu lieu au même moment de la journée, le même jour de la semaine, pendant trois semaines consécutives.
Les caractéristiques des participants sont présentées dans le tableau ci-dessous, séparé en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC) de plus ou moins 25, car les auteurs ont émis l’hypothèse que l’adiposité aurait un impact sur les résultats obtenus.
Hormis les caractéristiques de base liées à l’adiposité (poids, rapport taille/hanche, etc.), les auteurs n’ont communiqué aucune autre différence au niveau des caractéristiques des participants qui aurait pu potentiellement influer le comportement alimentaire, comme le revenu, l’origine ethnique, la phase du cycle menstruel ou le niveau d’éducation.
Des enquêtes sur les habitudes alimentaires effectuées au début de cette étude ont montré une différence significative concernant les restrictions diététiques des personnes ayant un IMC > 25 par rapport à celles ayant un IMC inférieur, ce qui n’est pas surprenant ; les personnes en surpoids ont souvent une attitude plus restrictive vis-à-vis de la nourriture, car elles essaient souvent de perdre du poids ou d’empêcher une nouvelle prise de graisse.
Contrôle
Les participants étaient tenus de ne pas consommer de caféine les 24 heures précédant chacune des analyses, et les participants étaient avertis que l’abstinence de caféine serait confirmée par un test salivaire.
La salive a été prélevée (simplement à titre dissuasif) mais n’a pas été analysée. Dans tous les cas, les participants ont reçu une boisson froide de leur choix avec soit une dose de caféine, soit un placebo à saveur amère pour déterminer l’effet possible sur l’appétit des participants.
Analyse des résultats
30 minutes après avoir consommé leur boisson, les participants ont reçu un petit déjeuner sous forme de buffet et ont mangé autant qu’ils le souhaitaient. L’apport énergétique a été enregistré par les auteurs de l’étude, et des scores subjectifs concernant l’appétit et la faim ont été recueillis par les participants au moyen d’une échelle de Likert.
Les participants ont déterminé leurs sensations de faim et d’appétit avant le début de l’étude, après la consommation de leur boisson et après le petit-déjeuner.
Les participants ont ensuite quitté le centre de recherche et ont continué leur journée normalement et en mangeant librement ; cependant, ils ont dû remplir un carnet d’habitudes alimentaires (dont ils avaient été formés à utiliser) à chaque occasion de manger et de boire pendant le reste de la journée, en enregistrant les aliments, les portions et les scores subjectifs d’appétit et de faim.
Résultats
Le tableau ci-dessous récapitule les apports énergétiques et des macronutriments en fonction de l’IMC, car les chercheurs avaient émis l’hypothèse que l’IMC atténuerait l’effet de la caféine en termes d’apport énergétique.
Cependant, contrairement à cette hypothèse, l’IMC n’a pas modifié l’impact de la caféine sur l’apport énergétique.
Ainsi, une fois compilés, les données nous révèlent que les 1 mg/kg de caféine ont eu un effet modéré sur l’apport énergétique au petit déjeuner, la consommation de 650,4 ± 52,2 kcal étant inférieure (p = 0,046) par rapport au groupe 0 mg/kg (721,2 ± 63,2) ou 3 mg/kg (714,7 ± 79,0).
Toutefois, il n’y a pas eu de différences significatives entre les groupes de participants pour ce qui était de l’évaluation subjective de la faim ou de la consommation énergétique totale pour le reste de la journée.
Mes commentaires et interprétations
La caféine a de nombreux effets notables que j’ai déjà évoqués dans un article sur la caféine pour les sportifs.
Dans une analyse précédente, j’avais également parlé de son effet ergogénique sur la force musculaire, plus particulièrement mesurable sur le travail des jambes.
Dans cet article, nous étudions en revanche une allégation plus discutable, à savoir si la caféine supprime l’appétit et pourrait par la suite entraîner une perte de graisse plus importante, en raison d’une réduction des apports énergétiques. Et pour aller droit au but, l’étude actuelle ne soutient pas cette théorie.
Pour être honnête, cette étude n’est pas la première à révéler que la caféine n’est pas un coupe-faim efficace.
Dans une étude publiée en 2017(2), des chercheurs avaient constaté une réduction importante de l’apport énergétique au cours d’un repas lorsque la caféine était consommée 0,5 à 4 heures avant. Néanmoins, les chercheurs avaient constaté que la consommation énergétique sur 24 heures restait inchangée.
Là encore, cela montre que même si une suppression transitoire de l’appétit se produit, elle est compensée plus tard dans la journée.
Il convient de rappeler que caféine et café ne sont pas synonymes. On pourrait soutenir que le café est en quelque sorte une substance distincte contenant d’autres phytonutriments bioactifs, même si l’ingrédient actif (la caféine) est la cause de ses effets principaux.
Toutefois, malgré les spéculations selon lesquelles un autre composant du café (ou peut-être simplement son goût ou sa température) pourrait avoir des effets coupe-faim non pris en compte dans la présente étude, d’autres recherches(3) comparant spécifiquement le café caféiné et décaféiné et un placebo n’ont pas fait état de différences significatives entre les groupes en termes d’apport énergétique, de sensation subjective de faim ou de vitesse de vidange gastrique (un paramètre lié à la satiété).
À titre informatif, une seule étude menée dans les années 80 montre que la caféine réduit l’apport énergétique chez les hommes, mais pas chez les femmes(4).
S’il existait des différences entre les hommes et les femmes, cela pourrait avoir eu un impact sur les résultats de la présente étude puisque les participants étaient à 58% des femmes. Cela aurait également pu avoir un impact sur les résultats de l’étude que j’ai mentionnée ci-dessus sur le café, puisque les participants étaient à 75% des femmes.
Toutefois, l’étude présentait une lacune : l’expérience fut menée à court terme en évaluant uniquement le repas suivant la consommation de caféine. Il se peut donc que l’apport énergétique sur 24 heures ne soit pas modifié comme dans les deux études pour lesquelles ce fut le cas.
Par ailleurs, une étude menée en 2011 portant spécifiquement sur les hommes n’a trouvé aucun effet de la caféine sur l’apport énergétique, la sensation de faim, ou les marqueurs hormonaux liés à la faim et à l’appétit(5).
Ainsi, tout bien considéré, je pense qu’il est raisonnable de conclure que si la caféine a des propriétés coupe-faim, elles sont de courte durée et généralement compensées au cours de la journée.
Cela dit, vous le savez si vous avez déjà fait une “sèche” : les performances, l’envie de s’entraîner, le niveau d’énergie et de concentration deviennent beaucoup plus faibles après quelques jours de diète.
Et si la caféine n’aide pas à lutter contre la faim, elle peut certainement atténuer la fatigue, améliorer la concentration et sauver certaines séances de sport lorsque vous avez l’impression que le simple fait de marcher vers votre salle représente un effort important.
Ce qu’il faut retenir
La caféine est très efficace pour atténuer la fatigue et améliorer les performances, deux aspects particulièrement importants en période de régime pour perdre du poids. Cependant, n’en espérez pas obtenir une perte de graisse plus importante ou une suppression durable de l’appétit.
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Sources éditoriales et fact-checking