Lorsqu’une infection virale ou bactérienne frappe, il n’est pas rare de voir surgir, en parallèle des symptômes désagréables comme la fièvre, la toux ou les courbatures, des envies irrépressibles de nourriture sucrée ou riche en glucides. Biscuits, bonbons, pâtes, pain, viennoiseries… Notre organisme semble réclamer une injection rapide de glucose. Mais quel est le fondement physiologique de ce phénomène ?
Un besoin accru en énergie
Lorsqu’un agent pathogène pénètre dans l’organisme, ce dernier réagit en activant son système immunitaire. Les globules blancs, et notamment les lymphocytes T, se multiplient et sécrètent des substances inflammatoires pour lutter contre l’infection. Cette réponse immunitaire, quoique bénéfique pour venir à bout de la maladie, est très énergivore pour l’organisme.
Le système nerveux réagit lui via le système nerveux sympathique et la sécrétion de catécholamines comme l’adrénaline. L’hypothalamus stimule également la production de cortisol par les glandes surrénales.
Ces hormones de stress ont pour but de mobiliser rapidement l’énergie emmagasinée dans l’organisme. Le cortisol stimule la néoglucogenèse, c’est-à-dire la production de glucose à partir de protéines, tandis que l’adrénaline favorise la glycogénolyse qui libère le glucose à partir des réserves de glycogène hépatique et musculaire.
En situation normale, le métabolisme de base d’un adulte requiert environ 1500 kcal par jour. Mais en cas d’infection, les besoins peuvent augmenter de 20 %, nécessitant un apport supplémentaire de plusieurs centaines de kilocalories. Or, le sucre et les glucides sont des sources rapides et efficaces d’énergie, d’où les fringales observées.
Des seuils de faim et de satiété altérés
Si l’infection et l’inflammation perdurent, entraînant un état de stress prolongé, des carences nutritionnelles peuvent survenir. En particulier, la disponibilité des neurotransmetteurs sérotonine et dopamine dans le cerveau s’en trouve affectée. Or, ces messagers chimiques sont essentiels pour réguler notre appétit.
Avec la baisse des taux de ces deux neurotransmetteurs, notre seuil de sensibilité face aux stimuli sucrés ou salés augmente. Autrement dit, il faut une quantité plus importante de sucre ou de sel pour déclencher un signal de satiété dans le cerveau. D’où des envies incontrôlables de consommer ces nutriments.
Des changements au niveau intestinal
Outre le cerveau, l’intestin joue également un rôle important dans la régulation de l’appétit via le système nerveux entérique et des hormones comme la ghréline, la leptine et le GLP-1. Or, plusieurs études ont montré que les infections altèrent le microbiote intestinal et l’axe intestin-cerveau.
Ces changements peuvent perturber la sécrétion des hormones régulant la faim et accentuer l’hyperphagie et les fringales.
Ce qu’il faut retenir
Les envies irrépressibles de sucré lorsque l’on est malade s’expliquent donc par une combinaison de facteurs. Tout d’abord, le besoin accru en énergie pour la réponse immunitaire et les hormones de stress qui mobilisent le glucose emmagasiné. Mais également l’altération des systèmes de régulation de la faim et de la satiété au niveau cérébral et intestinal.
Pour surmonter ces fringales, il est conseillé de consommer des collations riches en nutriments plutôt que des aliments vides en calories. Opter pour des fruits, des produits laitiers, des oléagineux ou des légumes permet de faire le plein de vitamines, minéraux et antioxydants essentiels pour soutenir le système immunitaire.