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L’inflammation chronique est considérée comme un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires et l’obésité(1). Chez les personnes obèses, les cellules graisseuses libèrent de plus grandes quantités de molécules inflammatoires et de signalisation (adipokines) qui induisent une résistance à l’insuline, une altération des vaisseaux sanguins et une inflammation systémique.
De plus en plus d’études suggèrent que les acides gras oméga-3 EPA et DHA ont le pouvoir de réduire l’état inflammatoire associé à l’obésité(2).
L’EPA et le DHA servent de molécules précurseurs à partir desquelles des composés anti-inflammatoires (résolvines, protectines et marésines) sont synthétisés.
Une méta-analyse récente(3) portant sur 68 études contrôlées randomisées et 4601 personnes a montré que la supplémentation en EPA et DHA réduisait de manière significative plusieurs molécules inflammatoires : le facteur de nécrose tumorale alpha (TNFα), la protéine C-réactive (CRP) et l’interleukine-6 (IL-6).
En dépit de ces résultats, cette méta-analyse a également révélé des lacunes notables dans la recherche. Par exemple, presque toutes les études retenues utilisaient soit une combinaison d’EPA et de DHA, soit un seul de ces acides gras pris isolément.
On ne pouvait donc pas savoir si l’EPA et le DHA ont des effets similaires ou différents sur les marqueurs inflammatoires.
L’étude(5) présentée ici a été conçue spécifiquement pour combler ce manque de connaissances et déterminer comment l’EPA et le DHA se distinguent lorsqu’il s’agit de réduire l’inflammation.
Qui et quoi a-t-il été étudié ?
Cette étude a été réalisée en double aveugle, avec une répartition aléatoire et un contrôle par placebo. Les participants ont pris un supplément de 2,7 grammes par jour d’EPA, de 2,7 grammes de DHA ou de trois grammes d’huile de maïs (contrôle) pendant environ 10 semaines.
Les suppléments étaient fournis sous forme de trois capsules identiques d’un gramme. L’EPA et le DHA se présentaient sous la forme de triglycérides réestérifiés provenant d’huile de poisson (ce qui signifie que les acides gras EPA et DHA ont été séparés du squelette de glycérol des triglycérides présents dans l’huile de poisson, puis réassemblés de sorte que les trois acides gras composant chaque triglycéride étaient soit de l’EPA soit du DHA).
Au total, 154 hommes et femmes ont commencé à suivre cette étude, mais seulement 123 l’ont terminée. Ce taux d’abandon d’environ 20 % était important, mais considéré comme acceptable pour une étude de cette durée (environ un an).
Tous les participants retenus pour cette expérience souffraient d’obésité abdominale (tour de taille supérieur à 80 centimètres pour les femmes et supérieur à 94 centimètres pour les hommes) associée à une valeur de CRP plasmatique supérieure à 1, mais inférieure à 10, et étaient par ailleurs en bonne santé.
Les personnes ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires, prenant des médicaments connus pour affecter l’inflammation, ou ayant utilisé des suppléments d’huile de poisson dans les deux mois précédant le début de l’étude ont été exclues.
Le respect de la supplémentation a été évalué par la comptabilisation des gélules, et les concentrations plasmatiques d’EPA et de DHA dans les phospholipides d’un sous-échantillon de 30 participants ont également été mesurées. Les changements de régime alimentaire ont été surveillés par le biais d’un questionnaire sur les habitudes de consommation.
Avant et après chaque étape de l’étude, des mesures de la composition corporelle (DXA), des marqueurs inflammatoires (CRP, IL-6, TNFα, IL-18 et adiponectine) et des lipides sanguins ont été effectuées.
Toutes les variables, à l’exception du TNFα et de l’IL-18, ont été mesurées deux fois sur des jours consécutifs afin de réduire la variation et d’augmenter la puissance statistique.
Quels ont été les résultats de cette étude ?
Les résultats de l’étude sont présentés dans le graphique ci-dessous. Par rapport au groupe témoin, seul le DHA a réduit significativement la CRP (-7,9 %), ce qui n’était pas le cas de l’EPA (-1,7 % par rapport au groupe témoin).
En outre, l’EPA et le DHA ont tous deux réduits significativement l’IL-6 (-13,4 % et -12 %, respectivement), mais seul le DHA a réduit significativement l’IL-18 (-7 %) et le TNFα (-14,8 %) et a augmenté significativement l’adiponectine (+3,1 %) par rapport au groupe de référence.
La réduction de l’IL-18 et l’augmentation de l’adiponectine étaient significativement plus importantes avec le DHA par rapport à l’EPA.
Les différences entre les hommes et les femmes pour les changements des marqueurs inflammatoires n’étaient pas significatives.
Par rapport au groupe témoin, l’EPA et le DHA ont augmenté de manière significative le LDL (+2,2 et +6,9 %) et réduit les triglycérides (-11,9 et -13,3 %), mais seul le DHA a augmenté de manière significative le cholestérol total (+3,8 %), le HDL (+7,6 %) et l’apoB (+4,5 %) et a réduit de manière significative le rapport cholestérol total/HDL (-2,5 %). Par ailleurs, les augmentations du cholestérol total, du LDL, du HDL et les diminutions des triglycérides et du rapport cholestérol total/HDL étaient significativement plus importantes avec le DHA qu’avec l’EPA.
La seule différence significative entre les hommes et les femmes dans les réponses lipidiques sanguines était que la supplémentation en DHA augmentait le LDL plus que l’EPA chez les hommes (12,5% contre 5,1%) mais pas chez les femmes (4,4% contre 3,0%). Il n’y avait pas de différence significative entre l’EPA, le DHA et le groupe témoin quant aux changements de poids de corps ou de la composition corporelle.
Ce qu’il faut retenir
Cette étude suggère que les effets bénéfiques d’une supplémentation en huile de poisson sur les marqueurs de l’inflammation et les lipides sanguins pourraient être attribués principalement au DHA plutôt qu’à l’EPA, du moins chez les hommes et les femmes souffrant d’obésité abdominale et présentant une inflammation systémique de faible intensité.
La question demeure de savoir si une combinaison d’EPA et de DHA serait plus efficace que l’un ou l’autre pris isolément. Un quatrième groupe consommant à la fois de l’EPA et du DHA dans l’étude actuelle aurait pu répondre à cette question.
En outre, on ne sait pas si les résultats seraient similaires ou différents chez les personnes ne souffrant pas d’obésité abdominale ou d’inflammation de bas grade.
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Sources éditoriales et fact-checking