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Vous en avez peut-être entendu parler dans les salles de sport. Le HMB, ou β-hydroxy-β-méthylbutyrate, est un supplément très apprécié des adeptes de musculation pour ses effets sur la masse musculaire. Mais saviez-vous que cette molécule pourrait aussi muscler… votre cerveau ? C’est ce que suggère une récente étude américaine. Les chercheurs ont découvert que le HMB pourrait aider à :
- Protéger la mémoire ;
- Réduire les plaques amyloïdes, ces amas de protéines qui s’accumulent dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ;
- Prévenir le développement de cette maladie neurodégénérative.
Décryptage de cette découverte potentiellement révolutionnaire dans la lutte contre le déclin cognitif lié à l’âge et à Alzheimer.
Du muscle au cerveau, il n’y a qu’un pas
Comment les scientifiques en sont-ils arrivés à s’intéresser aux effets du HMB sur le cerveau ? Tout est parti d’un constat : le HMB est depuis longtemps utilisé par les sportifs pour augmenter leur masse musculaire.
Les chercheurs de la Rush University de Chicago ont donc eu l’idée de tester si ce supplément pouvait aussi avoir un impact sur le muscle… cérébral ! Ils ont mené une série d’expériences sur des souris génétiquement modifiées pour développer une pathologie similaire à la maladie d’Alzheimer chez l’Homme(1).
Les résultats sont sans appel. Chez les rongeurs ayant reçu du HMB par voie orale :
- Les plaques amyloïdes, ces agrégats de protéines toxiques pour les neurones, sont réduites dans le cerveau ;
- La production de facteurs de croissance des neurones est stimulée ;
- Les connexions entre les neurones sont restaurées ;
- Les capacités de mémoire et d’apprentissage sont améliorées.
En clair, le HMB semble protéger le cerveau des souris du déclin cognitif et des lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Des effets neuroprotecteurs prometteurs, qui restent à confirmer chez l’Homme. Mais comment ce supplément agit-il sur le cerveau au niveau moléculaire ?
Un supplément qui booste des protéines clés du cerveau
Pour comprendre les mécanismes d’action du HMB, les chercheurs ont réalisé une analyse poussée des protéines (on parle de « protéomique ») dans le cerveau des souris traitées. Ils ont ainsi identifié une cible clé : le récepteur PPARα.
Ce récepteur, surtout connu pour réguler le métabolisme des graisses, est en fait un acteur majeur de la plasticité cérébrale. En se liant au HMB, il stimule la production de facteurs de croissance des neurones essentiels pour :
- La protection des neurones ;
- La formation de nouvelles connexions neuronales (synapses) ;
- La mémoire et l’apprentissage.
L’interaction entre le HMB et PPARα semble donc être la clé des effets bénéfiques observés sur le cerveau des rongeurs. Pour le vérifier, les scientifiques ont utilisé des souris génétiquement modifiées dépourvues du récepteur PPARα. Résultat : le HMB n’a plus aucun effet sur la mémoire et les lésions cérébrales chez ces animaux.
La preuve que l’action neuroprotectrice du HMB passe bien par l’activation de PPARα. Une découverte qui ouvre de nouvelles pistes pour comprendre et traiter le déclin cognitif lié à l’âge et à la maladie d’Alzheimer.
Vers un repositionnement du HMB contre Alzheimer ?
Au vu de ces résultats prometteurs chez l’animal, les chercheurs suggèrent que le HMB, déjà utilisé comme complément alimentaire, pourrait être « repositionné » comme traitement potentiel de la maladie d’Alzheimer.
L’avantage de cette stratégie ? Le HMB est déjà commercialisé et a prouvé son innocuité chez l’Homme. Son développement comme médicament contre Alzheimer pourrait donc être accéléré, en passant certaines étapes d’évaluation de la sécurité.
Évidemment, il faudra d’abord confirmer que les effets neuroprotecteurs observés chez la souris se vérifient aussi chez les patients atteints de la maladie. Les prochaines étapes seront donc de tester le HMB dans des essais cliniques chez l’Homme.
Si son efficacité est avérée, ce supplément bon marché et facilement disponible pourrait devenir un traitement de choix pour ralentir le déclin cognitif et retarder l’apparition des symptômes d’Alzheimer. Une perspective enthousiasmante quand on sait que cette maladie touche près de 900 000 personnes en France et qu’aucun traitement curatif n’existe à ce jour.
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Sources éditoriales et fact-checking