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La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus courante. Elle se caractérise par une dégénérescence progressive des cellules nerveuses entraînant des pertes de mémoire, des troubles du langage, des changements d’humeur et un déclin des capacités de raisonnement.
Aujourd’hui, près de 50 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, dont 60 à 70 % de cas d’Alzheimer. Et les projections sont alarmantes, avec un triplement potentiel des cas d’ici 2050 si aucun traitement n’est trouvé.
Face à ce constat, la recherche de facteurs de risque modifiables capables de réduire la prévalence de la maladie revêt un caractère d’urgence.
H. pylori, une bactérie très répandue
Helicobacter pylori (H. pylori) est une bactérie qui colonise l’estomac et qui provoque une inflammation de la muqueuse gastrique. Très répandue, elle infecterait la moitié de la population mondiale, avec des taux atteignant 80 % dans certains pays en développement.
Si elle est le plus souvent asymptomatique, H. pylori est néanmoins responsable de nombreuses pathologies gastriques comme les ulcères et le cancer de l’estomac. Son éradication par traitement antibiotique permet de guérir ces affections ou d’en réduire significativement les risques.
Étude sur le lien entre H. pylori et Alzheimer
Une récente étude publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia s’est intéressée au lien potentiel entre une infection à H. pylori et le risque de développer la maladie d’Alzheimer(1).
Portant sur une large cohorte de 4,2 millions d’adultes de plus de 50 ans, elle a analysé les données de santé des personnes testées pour H. pylori. Après ajustement sur divers facteurs de confusion, les chercheurs ont constaté que les personnes présentant une infection symptomatique avaient un risque accru de 11 % de développer la maladie par rapport aux personnes non infectées, et encore plus 10 ans après l’infection, avec un risque supérieur de 24 %.
Bien que rétrospective, cette étude observationnelle présente une méthodologie solide. Ses résultats suggèrent un lien entre H. pylori et Alzheimer, même si d’autres travaux seront nécessaires pour confirmer ce lien et en comprendre les mécanismes.
Explications possibles du lien
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer l’association observée. On sait par exemple que H. pylori dérègle l’équilibre de certaines substances dans le sang impliquées dans le fonctionnement cérébral, comme le cortisol ou les hormones thyroïdiennes.
De plus, comme le souligne Antonios Douros, pharmacoépidémiologiste et co-auteur de l’étude : “Lorsque l’estomac a été endommagé par ces microbes, il n’est également plus capable d’absorber efficacement la vitamine B12 ou le fer, ce qui augmente également le risque de démence.”
Une étude sur des modèles animaux a également montré que des protéines libérées par H. pylori pouvaient s’accumuler anormalement dans le cerveau, à l’instar des plaques amyloïdes caractéristiques d’Alzheimer(2).
Enfin, la bactérie pourrait exercer un effet pro-inflammatoire systémique contribuant à la neurodégénérescence. Mais des recherches complémentaires sont nécessaires pour étayer ces différentes hypothèses.
Le mot de la fin
Cette découverte d’un lien entre H. pylori et Alzheimer ouvre des perspectives prometteuses. En ciblant cette bactérie répandue, on pourrait espérer prévenir ou ralentir l’apparition de la maladie chez certains patients.
Plus largement, cette étude rappelle l’importance d’adopter une approche globale en santé. En effet, notre cerveau peut être affecté par des troubles apparemment éloignés, comme une inflammation de l’estomac. Une meilleure compréhension des interactions entre nos organes permettra sans doute de progresser vers de nouveaux traitements contre cette maladie dévastatrice qu’est Alzheimer.
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Sources éditoriales et fact-checking