Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
Quel est votre taux de sérotonine et de dopamine aujourd’hui ? Les recherches menées ces dernières années ne laissent aucun doute sur le fait qu’un déséquilibre bactérien dans l’intestin provoque non seulement des troubles gastro-intestinaux, mais aussi des sentiments d’anxiété, des difficultés de concentration, des troubles de l’humeur et d’autres effets émotionnels ou cognitifs.
Que sont les psychobiotiques ?
Vous avez probablement entendu parler récemment des effets bénéfiques que certains aliments fermentés, comme les kéfirs de lait ou de noix de coco, peuvent avoir sur l’organisme, notamment sur la santé et le bien-être émotionnel. Et bien les psychobiotiques (qui se trouvent dans les aliments fermentés) sont des bactéries bénéfiques (probiotiques) ou des substances nutritives pour ces bactéries (prébiotiques) présentes dans le microbiome, produisant des neurotransmetteurs qui ont une influence directe sur la relation entre l’intestin et le cerveau.
“Les scientifiques ont découvert que la plupart des bactéries intestinales produisent des neurotransmetteurs (comme la dopamine et la sérotonine)”.
Donc, quand toutes les bactéries qui composent votre microbiome intestinal sont heureuses, vous êtes heureux. Examinons de près l’axe microbiote-intestin-cerveau et ce que nous entendons par “psychobiotiques”.
Crédit photo © Adobe Stock
Ce qui se passe dans le nerf vague
Le nerf vague est une ligne de communication directe entre notre intestin et notre cerveau. Ce nerf, qui constitue une voie de communication, est bidirectionnel, ce qui signifie que tout ce qui se passe dans notre intestin peut influencer notre cerveau et que tout ce qui se passe dans notre cerveau peut affecter notre intestin.
Pour la plupart d’entre nous, cela semble intuitif. Nous avons tous connu cette sensation de nœuds dans l’estomac quand nous sommes nerveux. Et si vous avez déjà eu des troubles digestifs pour une raison quelconque, il y a de fortes chances que cela ait également affecté votre humeur.
Alors, comment fonctionne cette connexion entre l’intestin et le cerveau et, surtout, comment pourrions-nous en tirer parti pour améliorer la santé, y compris notre santé mentale et émotionnelle ?
Les bactéries bénéfiques (probiotiques) présentes dans notre intestin peuvent affecter notre état psychique et émotif de nombreuses façons. En effet, le microbiote présent dans notre intestin peut, par exemple, agir sur la quantité de certains neurotransmetteurs, notamment l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), la sérotonine, les catécholamines et l’acétylcholine. Ces neurotransmetteurs ont un effet direct sur les fonctions cérébrales, affectant notre humeur, notre façon de penser et de nous sentir, et même notre comportement(1).
Une autre façon dont les probiotiques affectent l’axe intestin-cerveau réside dans l’inhibition de la surcroissance des bactéries pathogènes dans l’intestin. Ces agents pathogènes peuvent produire des substances qui ont un effet négatif sur notre humeur, notamment des molécules pro-inflammatoires(2)(3).
Les lactobacilles et les bifidobactéries sont les principales bactéries présentes dans notre intestin, et leur altération peut avoir des répercussions considérables sur l’inflammation et l’activité du système immunitaire, avec des effets secondaires sur les fonctions cérébrales et l’humeur(4).
À l’inverse, notre humeur et notre état émotionnel peuvent affecter notre système gastro-intestinal, là encore via le nerf vague. Un stress prolongé et intense peut fortement nuire à la santé de notre intestin, créant un cercle vicieux par le biais du nerf vague.
Comment pouvons-nous utiliser des psychobiotiques pour se sentir mieux ? Voyons quelques exemples spécifiques.
Lactobacillus helveticus R0052 and Bifidobacterium longum R0175
Ces deux probiotiques sont parmi les plus étudiés dans le domaine des psychobiotiques. Ces bactéries soutiennent le système de réponse au stress de l’organisme appelé axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) et peuvent réduire les taux de cortisol, “l’hormone du stress”, contribuant à soulager l’anxiété et à améliorer notre humeur(5).
Cette combinaison de probiotiques contribue également à réduire divers marqueurs inflammatoires et agit sur nos quantités de neurotransmetteurs tryptophane et sérotonine. Il n’est donc pas surprenant que la combinaison de ces probiotiques ait été associée à des améliorations de l’anxiété et de la nervosité, de la qualité du sommeil, de l’humeur, et même des symptômes de la dépression tels que le manque de plaisir éprouvé dans une activité ordinaire(6).
Ces deux probiotiques ont également été associés à un soulagement des douleurs abdominales, qui pourrait être en partie lié à leur capacité à réduire de manière significative les taux de lipopolysaccharides dérivés de l’intestin (LPS)(7).
Ces molécules sont essentielles dans le développement et la progression des inflammations chroniques de bas grade et de maladies métaboliques(8).
De nombreux probiotiques, notamment dans les aliments fermentés, contribuent également à renforcer la barrière muqueuse intestinale. Ainsi, avec une barrière intestinale plus saine, les risques de voir des organismes pathogènes pénétrer dans le sang au travers de l’intestin sont moindres.
De nombreux probiotiques résistants à l’acide gastrique contribuent à empêcher les agents pathogènes de coloniser l’intestin(9)(10).
Notre ami L. helveticus R0052, par exemple, empêche Escherichia coli O157:H7 de se fixer aux cellules de l’intestin, et B. longum subsp. longum peut également inhiber la “viscosité” et l’activité des bactéries pathogènes d’origine alimentaire(11)(12).
Les probiotiques producteurs d’acide lactique
Ces bonnes bactéries que l’on trouve dans les légumes fermentés augmentent les quantités d’enzymes antioxydantes, notamment la glutathion-S-transférase, le glutathion, la glutathion réductase, la glutathion peroxydase, la superoxyde dismutase et la catalase(13).
Ainsi, avec une meilleure protection antioxydante du cerveau, vous avez plus de chances de rester en bonne santé et en forme sur le plan cognitif en vieillissant. Comme l’axe intestin-cerveau peut également avoir une incidence sur l’inflammation cérébrale, cela a des conséquences sur le vieillissement en bonne santé et l’acuité cognitive à un âge plus avancé(14)(15).
Un nouveau pan de la recherche est en train de naître. Le professeur Jeroen Raes, microbiologiste à la Katholieke Universiteit Leuven (Belgique), déclare à ce sujet : “Si vous aviez demandé à un neuroscientifique, il y a dix ans, s’il pensait que le microbiote intestinal pouvait être lié à la dépression, beaucoup d’entre eux vous auraient dit que vous étiez fou”.
Crédit photo © Adobe Stock
Comment gérer le stress grâce à l’alimentation ?
Les recherches menées ces dernières années ne laissent aucun doute sur le fait qu’un déséquilibre bactérien dans l’intestin provoque non seulement des troubles gastro-intestinaux, mais aussi un sentiment d’anxiété, des difficultés de concentration, des troubles de l’humeur et d’autres troubles émotionnels et cognitifs.
Optimiser la santé de notre intestin en adoptant un régime alimentaire riche en aliments fermentés est une façon naturelle de favoriser le bon fonctionnement du cerveau et une meilleure capacité à gérer le stress.
Pour beaucoup d’entre nous, nos stratégies habituelles de gestion du stress peuvent être interdites en ce moment en raison de l’épidémie de COVID-19, notamment pour faire du sport en salle, suivre un cours de yoga ou passer du temps avec des amis et des membres de sa famille. Et il y a de fortes chances que notre stress soit plus élevé que d’habitude !
Ainsi, même si ce n’est pas la panacée, les aliments probiotiques (miso, kéfir, kombucha, cornichons, pickles, levure de bière, pain au levain, les légumes fermentés, etc.), riches en une grande variété de bactéries bénéfiques, sont de précieux alliés dans notre panoplie de moyens de lutte contre le stress. Ajoutez-les à votre régime alimentaire, si ce n’est déjà fait, car ils contribuent à favoriser la production de neurotransmetteurs essentiels, à soutenir le système immunitaire et à assurer une bonne santé générale.
Sur le même sujet
Sources éditoriales et fact-checking
