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La popularité des aliments fermentés a connu une croissance exponentielle ces dernières années, en grande partie grâce aux allégations concernant leurs effets positifs sur la santé digestive. Toutefois, ces allégations ne sont pas toujours étayées par des preuves scientifiques suffisantes, en particulier pour les légumes lacto-fermentés. Une équipe de chercheurs de l’université du Minnesota a donc décidé de vérifier ces allégations en étudiant si la consommation fréquente de légumes lacto-fermentés, tels que le kimchi ou la choucroute, avait un effet sur les billions de bactéries qui composent le microbiome de l’intestin.
Contexte
Les légumes lacto-fermentés sont des aliments transformés par l’action de bactéries lactiques, un processus qui permet de prolonger leur durée de conservation tout en enrichissant leur profil nutritionnel. Ces aliments, qui incluent des produits populaires comme le kimchi coréen et la choucroute allemande, sont largement consommés dans de nombreuses cultures à travers le monde.
La fermentation lactique est un processus anaérobie qui transforme les sucres en acide lactique. C’est une méthode de conservation traditionnelle qui a été utilisée pendant des milliers d’années. En plus de prolonger la durée de conservation des aliments, la fermentation lactique peut également améliorer la digestibilité des aliments et augmenter leur teneur en vitamines et en minéraux.
L’un des principaux avantages de la consommation d’aliments fermentés est leur teneur en bactéries bénéfiques, également connues sous le nom de probiotiques. Ces micro-organismes vivants peuvent conférer des avantages à la santé de l’hôte lorsqu’ils sont ingérés en quantités adéquates. Les probiotiques peuvent aider à maintenir un équilibre sain de la flore intestinale, améliorer la digestion, stimuler le système immunitaire et même avoir des effets positifs sur la santé mentale.
Cependant, comme évoqué ci-dessus, il existe un manque de recherches scientifiques probantes soutenant les affirmations selon lesquelles ces aliments ont un impact positif sur la santé digestive. Même si les aliments fermentés contiennent des probiotiques, ils peuvent ne pas avoir un impact significatif sur la composition du microbiote intestinal, en raison de la complexité et de la résilience de cet écosystème.
Méthodologie
Pour mener leur étude(1), les chercheurs ont recueilli des échantillons fécaux de 23 personnes qui consommaient fréquemment au moins une portion d’aliments fermentés à base de plantes, cinq fois par semaine pendant deux ans. Cela n’incluait pas les ferments laitiers. Leurs microbiomes fécaux ont été étudiés et comparés à ceux de 24 personnes qui ne consommaient jamais ou rarement de légumes lacto-fermentés ou d’autres aliments fermentés, et qui n’en avaient pas consommé au cours des deux dernières années.
Avant de commencer l’expérience, les chercheurs ont mené une évaluation diététique approfondie des participants. Ils ont examiné leur régime alimentaire habituel pour s’assurer que les consommateurs d’aliments lacto-fermentés et les non-consommateurs partaient d’un point de départ similaire en termes de qualité globale de l’alimentation.
Résultats
L’étude a révélé plusieurs résultats clés concernant l’impact de la consommation régulière de légumes lacto-fermentés sur le microbiome intestinal.
Tout d’abord, les chercheurs ont découvert que des bactéries et des champignons potentiellement probiotiques, probablement dérivés des légumes lacto-fermentés, étaient présents dans les fèces de certains individus consommant régulièrement des aliments fermentés.
De plus, l’étude a révélé que la consommation régulière de légumes lacto-fermentés peut stimuler les bactéries ayant le potentiel de produire du butyrate.
Analyse et interprétation
L’analyse des résultats de l’étude a révélé plusieurs découvertes intéressantes. Tout d’abord, les chercheurs ont constaté que des bactéries et des champignons potentiellement probiotiques, probablement dérivés des légumes lacto-fermentés, étaient présents dans les fèces de certains individus consommant régulièrement des aliments fermentés. Cela suggère que la consommation de ces aliments peut introduire des micro-organismes bénéfiques dans le système digestif.
De plus, l’étude a révélé que la consommation régulière de légumes lacto-fermentés peut stimuler les bactéries ayant le potentiel de produire du butyrate. Le butyrate est un type d’acide gras à chaîne courte qui est largement connu pour ses effets positifs sur la santé. Il joue un rôle crucial dans le maintien de la santé de la paroi intestinale et a des propriétés anti-inflammatoires. De plus, il peut également aider à prévenir certaines maladies, comme le cancer du côlon.
En outre, l’étude a montré que les légumes lacto-fermentés ont un effet significativement plus grand sur certaines des fonctions réalisées par les micro-organismes dans l’intestin et sur les nutriments que notre microbiome utilise pour réaliser des fonctions ayant potentiellement des effets clés sur la santé. Cela est démontré par l’observation que les consommateurs réguliers montraient une plus grande diversité de métabolites fécaux (petits nutriments intestinaux) et une plus grande production de nutriments microbiens ayant des effets positifs connus sur la santé, tels que l’acétate et le propionate (acides gras à chaîne courte).
En somme, ces résultats suggèrent que la consommation régulière de légumes lacto-fermentés peut avoir un impact positif sur la santé digestive, non seulement en introduisant des probiotiques dans le système digestif, mais aussi en améliorant le métabolome. Cependant, il est important de noter que ces résultats ont été obtenus sur un petit échantillon de personnes et que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces découvertes et mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.
Implications et perspectives de recherche
À l’avenir, il serait également intéressant de tester l’effet positif potentiel de la consommation de légumes lacto-fermentés chez des sujets souffrant de maladies spécifiques dont le lien avec la santé des intestins. Par exemple, des études pourraient être menées sur des patients souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn), d’obésité, de dysbiose intestinale ou de maladies auto-immunes. Ces maladies ont toutes été associées à des déséquilibres du microbiote intestinal, il serait donc pertinent de voir si la consommation de légumes lacto-fermentés peut avoir un effet bénéfique.
Ce qu’il faut retenir
Les implications de cette étude vont au-delà de la simple consommation de légumes lacto-fermentés. Elle souligne l’importance d’une alimentation équilibrée et diversifiée pour la santé générale. Cela pourrait avoir des répercussions sur les recommandations alimentaires et nutritionnelles officielles, en encourageant la consommation d’une plus grande variété d’aliments fermentés.
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Sources éditoriales et fact-checking