Le bêta-carotène est un nutriment essentiel pour notre organisme. En plus des fonctions antioxydantes qui lui sont propres, le bêta-carotène peut être converti par notre organisme en vitamine A ou rétinol. C’est pourquoi le bêta-carotène est aussi appelé provitamine A.
Cet article propose un résumé des connaissances actuelles sur les apports en bêta-carotène, les propriétés chimiques et les fonctions physiologiques de ce nutriment essentiel. Nous aborderons également la question de la conversion du bêta-carotène en vitamine A.
Le β-carotène, ce pigment orangé
Dans le système de captation de la lumière des plantes, les caroténoïdes sont des pigments qui empêchent les dommages photo-oxydants, en inhibant la génération d’oxygène singulet.
Tous les caroténoïdes sont capables de ces processus antioxydants. Mais la particularité du bêta-carotène est sa capacité à être biotransformé en vitamine A dans notre organisme. Le bêta-carotène montre un pic d’absorption dans le spectre visible autour de 450 nm : il s’agit d’un pigment de couleur rouge-orangée.
Le bêta-carotène est une molécule liposoluble, c’est-à-dire qu’elle est soluble dans les graisses.
Pour bien absorber le bêta-carotène contenu dans nos aliments, il sera donc nécessaire d’ajouter un peu de graisses. Par exemple, si vous consommez un jus de carotte ou un jus d’abricot, l’ajout d’une cuillerée à café d’huile de coco vous permettra d’absorber le bêta-carotène contenu dans votre jus de manière optimale.
Quels sont les aliments les plus riches en bêta-carotène ?
Le bêta-carotène est présent dans certains légumes et fruits : carottes, patates douces, abricots, mangues. Il est également présent dans certains légumes vert foncé comme les épinards ou le persil.
Le bêta-carotène, un antioxydant puissant
Ce pigment possède une fonction antioxydante puissante. Il s’agit d’un antioxydant lipidique, c’est-à-dire d’un antioxydant des graisses. Le bêta-carotène protège donc les graisses de notre corps des dommages dus aux radicaux libres.
Les graisses ou acides gras polyinsaturés sont particulièrement sensibles à cette oxydation. Les radicaux libres induisent la peroxydation lipidique.
Ces réactions d’oxydation en chaîne vont détruire les membranes de nos cellules, en particulier les membranes de nos neurones et leurs gaines de myéline, qui sont particulièrement riches en acides gras polyinsaturés.
En plus de la vitamine E, il a été postulé que le bêta-carotène constituait un agent antioxydant important, piégeant les radicaux de l’oxyde lipidique et du peroxyde lipidique.
Le bêta-carotène et la protection de notre peau contre les UV
Le bêta-carotène présente également des vertus protectrices pour notre peau. Il a été démontré que la concentration de bêta-carotène dans la peau augmente lorsqu’on en consomme davantage dans notre alimentation ou en supplémentation(1).
Des études montrent que le bêta-carotène présente des effets protecteurs contre les UV. Dans la plupart de ces études, un apport élevé de bêta-carotène atténue partiellement les coups de soleil (érythème solaire) induits par les UV(2).
Conversion du bêta-carotène en vitamine A
Le bêta-carotène ne se transforme en vitamine A que dans la mesure où l’organisme en a besoin. C’est la concentration en vitamine A qui va contrôler cette conversion.
Si les taux de vitamine A sont bas dans notre organisme, le bêta-carotène sera converti en vitamine A, et des concentrations en vitamine A normales viendront inhiber cette conversion.
Le clivage du bêta-carotène en vitamine A est hautement contrôlé dans notre organisme par des mécanismes de rétroaction ; par conséquent, seule la quantité requise sera transformée en rétinol(3).
La vitamine A, la première vitamine
La vitamine A a été la première vitamine à être découverte en 1913. C’est pourquoi on l’a désignée par la première lettre de l’alphabet. C’est seulement en 1930 que sa structure a été totalement déterminée.
On savait alors que des apports suffisants en vitamine A étaient essentiels pour la croissance des enfants et pour leur résistance aux maladies infectieuses. C’est pour cela que l’on donnait aux enfants beaucoup d’huile de foie de morue, un aliment très riche en vitamine A.
La vitamine A est présente seulement dans les produits d’origine animale : dans le foie, les viandes, les poissons et les oeufs. Elle est présente également dans les produits laitiers : le lait entier, le beurre, les fromages, etc.
Le lait écrémé, lorsqu’il est allégé en graisses, va également perdre son contenu en vitamine A, une vitamine liposoluble. C’est pour cette raison que le lait écrémé est habituellement enrichi secondairement en vitamine A.
Types et fonctions de la vitamine A
La vitamine A a été isolée et découverte à partir de la rétine, d’où son nom scientifique : le rétinol.
Dans notre organisme, il existe plusieurs variantes de vitamine A : le rétinol dans notre rétine, l’acide rétinoïque, forme qui se retrouve principalement dans les os et les muqueuses, et le palmitate de rétinyle qui constitue nos réserves de vitamine A, stockées dans le foie.
La vitamine A joue un rôle important dans la vision, notamment dans les processus d’adaptation de l’œil à l’obscurité.
Cette vitamine est également essentielle à la croissance des os et à notre système reproducteur. Elle permet également un bon fonctionnement du système immunitaire.
Possibilités de carences en vitamine A ?
De nos jours toute personne qui suit un régime équilibré et non végétarien trouvera très facilement des apports suffisants en vitamine A dans son alimentation. Les carences en vitamine A sont très rares dans nos pays développés.
La supplémentation en vitamine A est utile dans les pays en voie de développement, dans lesquels la malnutrition cause des carences marquées en vitamine A, une carence alors très problématique, car elle entraîne une moindre résistance aux infections pour ces populations.
Les personnes qui peuvent présenter des carences en vitamine A sont celles qui souffrent de pathologies qui entraînent une malabsorption généralisée ou une malabsorption des graisses.
En effet, la vitamine A, comme le bêta-carotène, est une molécule liposoluble, c’est-à-dire soluble dans les graisses. Les personnes concernées par ces carences sont par exemple celles atteintes de la maladie de Crohn, de diarrhées chroniques ou de colites ulcéreuses.
Il fait également consensus que les personnes suivant un régime végétarien strict peuvent obtenir leur apport journalier recommandé (AJR) de vitamine A à partir de la conversion du bêta-carotène, s’ils veillent à bien consommer des aliments contenant ce pigment.
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Excès de vitamine A ou de bêta-carotène ?
La vitamine A est une vitamine liposoluble : elle est soluble dans les graisses. Les vitamines hydrosolubles, solubles dans l’eau, comme la vitamine C ou les vitamines du groupe B, pourront être éliminées dans l’urine, si on les consomme en excès. Il en est tout autrement pour les vitamines liposolubles, dont la consommation excessive pourra entraîner des problèmes de santé.
Il faudra donc veiller à ne pas dépasser la limite maximale. En raison des risques de malformations congénitales et des possibilités d’ostéoporose, l’automédication en vitamine A est vivement déconseillée.
En revanche, le bêta-carotène, qui ne se transforme en vitamine A qu’en fonction des besoins du corps, ne cause pas ces inconvénients. D’ailleurs, une grande consommation d’aliments riches en bêta-carotène peut provoquer son accumulation dans la peau. On parle de caroténodermie ou d’hypercaroténémie.
On constatera alors une coloration orange de la peau, plus marquée au niveau du nez et des lèvres et au niveau de la palme des mains et de la plante des pieds. La caroténodermie n’est pas du tout dangereuse et ne conduira en aucun cas à un excès de vitamine A.
Il y a un consensus sur le fait que le bêta-carotène est une source sûre de vitamine A, et que la fonction provitamine A du bêta-carotène contribue à l’apport en vitamine A. Le bêta-carotène et donc l’unique source sûre en vitamine A.
Références