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Les carences en micronutriments sont aujourd’hui un problème mondial du fait de la consommation de calories vides, c’est-à-dire d’aliments très énergétiques, mais qui n’apportent pas ou très peu de micronutriments.
Dans notre organisme, les micronutriments sont à considérer comme des matières premières. Notre corps a besoin de toute une gamme de minéraux, vitamines, acides gras essentiels, acides aminés essentiels, pour que nos cellules fonctionnent correctement.
Toute déficience en un nutriment essentiel entraînera des pertes de différentes fonctions biologiques au niveau cellulaires et participera à l’apparition de symptômes de maladies.
Le rôle essentiel de l’iode pour la thyroïde
L’iode est un composant essentiel des hormones thyroïdiennes T3 (triiodothyronine) et T4 (thyroxine). Sans un apport suffisant en i
ode, la thyroïde ne peut pas produire ces hormones en quantité adéquate, ce qui peut entraîner des problèmes de santé, tels que le goitre ou l’hypothyroïdie.
Autres fonctions importantes de l’iode
Outre son rôle dans la production d’hormones thyroïdiennes, l’iode contribue également au développement du système nerveux central, en particulier chez les enfants, et à la régulation de la température corporelle.
Iode et santé
Carences et faibles taux d’hormones thyroïdiennes
Nous devons donc veiller à apporter à notre corps tous les micronutriments dont il a besoin. Parmi les différentes carences nutritionnelles, la carence en iode est incontestablement la déficience la plus reconnue au niveau mondial.
En effet l’iode est un élément chimique qui a un rôle extrêmement simple et facile à comprendre dans notre organisme : l’iode fait partie de nos hormones thyroïdiennes.
Si les besoins en iode ne sont pas satisfaits, la thyroïde ne devient plus capable de synthétiser des quantités suffisantes d’hormones thyroïdiennes.
Les taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang seront alors anormalement faibles ce qui entraînera une hypothyroïdie et une série d’anomalies fonctionnelles et développementales, collectivement dénommées Troubles dus à une Déficience en Iode (TDI).
Réserve en iode et distribution géographique des TDI
Les océans sont les principaux dépôts d’iode de la planète et très peu d’iode se trouve dans le sol.
Les dépôts d’iode dans le sol se produisent essentiellement grâce à la volatilisation de l’eau de mer.
Les sols des régions côtières sont donc riches en iode et les sols intérieurs en seront dépourvus(1).
Les cultures sur des sols carencés en iode produisent des récoltes également carencées en iode.
De même l’eau souterraine dans ces zones intérieures est carencée en iode.
Ceci explique la distribution endémique des Troubles dus à une Déficience en Iode (TDI) dans le monde. Ces distributions sont strictement géographiques et ne sont pas sensibles aux niveaux socio-économiques des individus.
Les troubles liés à la carence en iode sont reconnus comme un problème de santé publique dans 118 pays. On estime qu’au moins 1 572 millions de personnes dans le monde présentent un risque de TDI(2).
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Déficience en iode et apparition de goitre
Parmi les différents troubles dus à une déficience en iode, le goitre est généralement le plus connu. Notre corps doit normalement contenir de 15 à 20 mg d’iode, dont environ 70 à 80% sont présents dans la glande thyroïde.
Chaque jour notre thyroïde doit capter 60 μg d’iode pour pouvoir produire des taux adéquats d’hormones T4 et T3. Pour extraire cette quantité d’iode à partir du sang circulant, la thyroïde filtre quotidiennement plusieurs centaines de litres de plasma.
En cas de déficience en iode, la thyroïde doit augmenter ce travail de filtration et pour faire face à cette charge de travail accrue, la thyroïde augmente alors de taille.
Ce mécanisme compensatoire provoque une augmentation de volume de la glande thyroïde et l’apparition d’un goitre : un gonflement caractéristique de la région antérieure du cou.
On considère qu’au niveau mondial, au moins 655 millions de personnes sont touchées par un goitre(3).
Autres troubles dus à une déficience en iode
La carence en iode et la production insuffisante d’hormones thyroïdiennes qui en découle conduit non seulement à la formation de goitres, mais également à un retard sévère de la croissance, du développement et de la maturation de presque tous les tissus du corps, en particulier des tissus et organes qui se développent rapidement, ainsi que du cerveau.
Une carence sévère en iode au cours de la grossesse entraîne une hypothyroïdie fœtale qui provoque un retard mental irréversible appelé crétinisme.
Le crétinisme était autrefois très courant dans les populations éloignées des régions maritimes, notamment en montagne. Les carences en iode auront également des implications sur l’abaissement du niveau de QI chez les enfants.
Ces dommages cérébraux sont les troubles les plus importants induits par une carence en iode.
L’hypothyroïdie chez les enfants entraîne également des retards de croissance.
En raison de la carence en iode maternelle, on estime qu’environ 1/5 des femmes enceintes en Inde donneront naissance à des enfants qui n’atteindront pas leur potentiel physique et mental optimal(4).
Les effets de la carence en iode chez l’homme à différents stades de la vie sont les suivants(5) :
- Grossesse : avortements spontanés, mort-nés, mauvais développement du cerveau chez le fœtus, crétinisme ;
- Enfance : goitre, faible QI, troubles d’apprentissage, retard mental, retard du développement moteur, retard de croissance, apathie, troubles musculaires, paralysie, troubles de la parole et de l’audition, mortalité périnatale élevée ;
- Adolescence : retard mental, retard de croissance ;
- Âge adulte : goitre, hypothyroïdie, apathie, fonction mentale altérée, difficulté de concentration.
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Découverte des fonctions de l’iode et iodation universelle du sel
En médecine traditionnelle chinoise, la consommation d’éponge marine réduite en poudre était déjà connue pour lutter contre les goitres. Il fut ensuite montré en 1830 en Europe que c’était l’iode qui produisait cet effet.
En 1896 Eugen Baumann découvre que la thyroïde contient un composé organique composé d’iode : le traitement et la prévention du goitre par l’iode sont alors instaurés. L’iode est alors reconnu comme un oligo-élément ne devant être absorbé qu’en petites quantités.
Le médecin suisse Otto Bayard est le premier à mélanger de l’iode avec du sel de cuisine pour lutter contre les carences chez les populations montagnardes ; son initiative est reprise par la Suisse puis par d’autres pays : ce sont les débuts de la prophylaxie par l’iode.
Durant la Première Guerre mondiale, en 1917, le sel iodé distribué aux goitreux et dans des régions goitreuses s’est révélé efficace pour prévenir le goitre endémique et le risque de crétinisme.
C’est enfin en 1983 que Basil Hetzel, dans un article fondamental du Lancet, a forgé l’expression “troubles dus à une déficience en iode” (TDI)(6).
Actuellement l’Organisation mondiale pour la Santé poursuit son combat pour l’iodation universelle du sel qui a été définie comme la stratégie de première intention pour éliminer les carences en iode.
Les sources alimentaires d’iode
L’iode se trouve dans divers aliments, mais sa concentration dépend de la quantité présente dans le sol et l’eau où ces aliments sont cultivés ou élevés.
Les aliments les plus riches en iode
Les meilleures sources d’iode sont les algues (kelp), les fruits de mer (crevettes, palourdes, morue), les produits laitiers et les œufs. Les compléments alimentaires à base d’iode sont également disponibles pour ceux qui ont besoin d’un apport supplémentaire.
L’iode dans le sel de table
Le sel iodé est une autre source importante d’iode. L’ajout d’iode au sel de table est une mesure de santé publique mise en place dans de nombreux pays pour prévenir les carences en iode. Il est important de noter que le sel de mer naturel contient également de l’iode, mais en quantité moindre.
Comment bien choisir son sel ?
- Sel de table : sel pour la consommation alimentaire, composé à 95 % minimum de chlorure de sodium.
- Sel naturel : non raffiné et récolté à la main dans les marais salants. À la différence des autres sels, il n’est pas enrichi en iode ce qui peut provoquer à terme des carences.
Le sel marin ne contient presque pas d’iode, contrairement à l’eau de mer dont il est tiré. La raison en est simple: l’iode s’évapore à la fabrication. D’autres sels à la mode en sont également exempts : sel rose de l’Himalaya, du Kalahari, de Hawaï, de Perse, sel de pyramide ou de bambou ou encore fleur de sel… aucun n’apporte assez d’iode pour entretenir le bon fonctionnement de la thyroïde.
Si le sel enrichi en algues en contient davantage, il présente aussi des résidus d’arsenic dont il vaut mieux limiter l’absorption. Conclusion: optez pour du sel iodé au quotidien.
L’allergie à l’élément iode est une idée fausse
Certaines personnes présentent une allergie à des produits contenant de l’iode, par exemple à la Bétadine (un antiseptique contenant de l’iode), à certains fruits de mer, ou encore aux produits de contraste injectés lors d’examens de radiologie (PDCI).
Il s’est donc répandu l’idée fausse que l’on pouvait être allergique à l’iode. Ceci est en réalité impossible.
En effet, il est impossible d’être allergique au composé chimique iode, qui comme nous l’avons vu est indispensable à la vie.
C’est à un des composés associés à l’iode que l’on peut être allergique, mais jamais à l’élément iode.
Pour la Bétadine, c’est la povidone iodée, le véhicule de l’iode, qui sera responsable de l’allergie.
Concernant les produits de la mer (poissons et crustacés), ce sont des protéines musculaires qui sont en cause. Pour les produits de contraste iodés, il s’agit souvent de l’osmolalité qui est mise en cause.
Puisque l’élément iode seul n’est jamais allergène, il n’existe donc aucune réaction croisée, ni de facteurs de risques entre ces différentes allergies.
De plus, il n’y a aucune allergie rapportée dans le cas d’utilisation de solution alcoolique ou aqueuse d’iode, tels que la solution de Lugol, les teintures d’iode ou autres suppléments d’iode.
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Sources éditoriales et fact-checking