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Le sémaglutide, un médicament initialement développé pour traiter le diabète de type 2, s’est récemment fait connaître pour ses effets bénéfiques sur la perte de poids et la santé cardiovasculaire. Vendu sous différentes marques comme Ozempic, Wegovy ou Rybelsus, ce traitement suscite un intérêt croissant dans la communauté médicale. Cependant, malgré ses avantages indéniables, le sémaglutide peut également entraîner des effets secondaires gastro-intestinaux non négligeables.
Un allié de poids dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires
Une récente méta-analyse, publiée dans l’International Journal of Obesity(1), a mis en lumière les bienfaits cardiovasculaires du sémaglutide. En analysant 38 études portant sur des individus diabétiques et non-diabétiques, les chercheurs ont constaté une réduction significative des risques cardiovasculaires associée à l’utilisation de ce médicament.
Concrètement, le sémaglutide permettrait de diminuer :
- Le risque d’infarctus du myocarde ;
- Le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ;
- La mortalité cardiovasculaire ;
- La mortalité toutes causes confondues.
Si la perte de poids induite par le sémaglutide contribue certainement à ces bénéfices, les chercheurs ont utilisé des outils statistiques pour isoler les effets propres au médicament. En effet, le sémaglutide agirait directement sur les vaisseaux sanguins en améliorant le flux sanguin vers le cœur et en réduisant la pression artérielle. Il stabiliserait également les plaques d’athérosclérose, prévenant ainsi la survenue d’infarctus.
De plus, ce traitement aurait un impact positif sur les reins en ralentissant le déclin du débit de filtration glomérulaire, sur le foie en réduisant la stéatose et en améliorant le profil lipidique, ainsi que sur le système nerveux central. Des effets anti-inflammatoires systémiques liés à l’obésité ont aussi été rapportés.
Une piste thérapeutique au-delà du diabète et de l’obésité ?
Au vu de ces résultats prometteurs, on peut légitimement se demander si le sémaglutide pourrait bénéficier aux personnes présentant un risque cardiovasculaire accru, indépendamment de la présence d’un diabète ou d’une obésité. Pour la Dre Jayne Morgan(2), cardiologue non impliquée dans la méta-analyse, la réponse est clairement oui.
Elle souligne le potentiel de cette classe de médicaments, les agonistes du récepteur du GLP-1, et en particulier du sémaglutide. Selon elle, ils seraient actuellement les plus performants pour réduire les risques cardiovasculaires et les hospitalisations liées à l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée. Chez les personnes atteintes de diabète de type 2, le sémaglutide diminuerait même de 35 % le risque d’AVC.
La méta-analyse a également révélé une supériorité de la forme orale du sémaglutide par rapport à la forme sous-cutanée en termes de réduction de la mortalité toutes causes confondues. Cependant, les chercheurs appellent à la prudence dans l’interprétation de ce résultat, car une seule grande étude a évalué les effets cardiovasculaires de la voie orale à ce jour.
Des effets secondaires gastro-intestinaux fréquents
Malgré ses bénéfices indéniables, le sémaglutide n’est pas exempt d’effets indésirables. La méta-analyse a mis en évidence une fréquence élevée d’effets secondaires gastro-intestinaux, pouvant conduire certains patients à interrompre leur traitement.
Parmi les utilisateurs de sémaglutide sous-cutanée, la prévalence des nausées augmentait de 23 % à 68 % et celle des vomissements de 9 % à 45 % entre les doses de 0,5 mg et 2,4 mg. Au total, 9 % à 11% des patients ont décidé d’arrêter leur traitement en raison de ces désagréments.
Avec la forme orale, le nombre d’abandons dus aux effets indésirables augmentait progressivement entre 3 mg et 25 mg, puis diminuait à partir de 50 mg.
Voie orale vs injection : des différences notables
La méta-analyse a également mis en lumière une supériorité du semaglutide oral par rapport à la forme injectable en ce qui concerne la réduction de la mortalité toutes causes confondues. André Saad(3) émet l’hypothèse qu’une meilleure observance et des effets indésirables moindres associés à la voie orale pourraient expliquer ce résultat favorable. Toutefois, il appelle à la prudence dans l’interprétation de ces données, car une seule grande étude a évalué les issues cardiovasculaires avec la forme orale.
Optimiser le traitement pour limiter les effets secondaires
Face à ces effets secondaires parfois difficiles à gérer, il est crucial de considérer le traitement de l’obésité comme celui de toute autre maladie chronique. Tout comme un diabétique ne doit pas arrêter son traitement sous peine d’aggraver son diabète, un patient obèse ne doit pas interrompre prématurément son traitement, au risque de reprendre du poids.
Selon André Saad, premier auteur de la méta-analyse, la prise en charge doit être individualisée. Si certains patients peuvent progressivement réduire leur traitement, ce n’est pas le cas de la majorité. Un arrêt précoce peut conduire à une reprise pondérale.
Pour le Dr Mir Ali(4), chirurgien bariatrique non impliqué dans l’étude, plusieurs stratégies permettent de limiter les effets gastro-intestinaux :
- Commencer par la dose la plus faible et l’ajuster toutes les 4 semaines pour laisser le temps au patient de s’adapter.
- Conseiller aux patients de manger lentement, car le sémaglutide ralentit la vidange gastrique. Manger comme avant peut entraîner une sensation de satiété excessive et des nausées.
- Réduire l’apport en glucides et privilégier les protéines et les légumes pour favoriser la perte de poids et minimiser les symptômes.
- Prescrire des médicaments anti-nauséeux dans les cas extrêmes.
Le mot de la fin
Le sémaglutide apparaît comme un traitement prometteur dans la prise en charge de l’obésité et la prévention des maladies cardiovasculaires. Ses bénéfices semblent aller au-delà de la simple perte de poids, avec des effets directs sur le système cardiovasculaire, rénal, hépatique et nerveux central.
Cependant, les effets secondaires gastro-intestinaux fréquents ne doivent pas être négligés. Une adaptation posologique progressive, des conseils diététiques ciblés et un suivi médical rapproché sont essentiels pour optimiser l’observance et les résultats du traitement.
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Sources éditoriales et fact-checking