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Le médicament Ozempic du laboratoire Novo Nordisk fait beaucoup parler de lui ces derniers mois. Pourtant, à la base Ozempic n’a pas été conçu pour faire perdre du poids. Explications.
Ozempic a été mis sur le marché en 2018 comme traitement du diabète de type 2. Son principe actif, le sémaglutide, est un analogue du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), une hormone intestinale. Le sémaglutide stimule la libération d’insuline et diminue la production de glucagon, permettant ainsi de contrôler la glycémie des patients diabétiques.
Mais rapidement, Ozempic s’est retrouvé au cœur d’un détournement d’usage à des fins amincissantes. En effet, le sémaglutide a également pour effet secondaire de réduire l’appétit, d’où son utilisation hors AMM (autorisation de mise sur le marché) comme coupe-faim.
Pourquoi et comment l’Ozempic ferait-il maigrir ?
- Le sémaglutide stimule la sécrétion d’insuline de façon glucose-dépendante, aidant à contrôler le taux de sucre dans le sang ;
- Il ralentit également la vidange de l’estomac, augmentant la satiété et réduisant l’appétit. C’est cet effet coupe-faim qui est utilisé à des fins d’amaigrissement.
Un engouement qui inquiète les autorités sanitaires
En France, après analyse des données de remboursement, le mésusage d’OZEMPIC est estimé à environ 1 % en septembre 2022, puis à 1,4 % fin mai 2023. Cela représente plus de 2 000 personnes ayant abusé de ce médicament injectable. Cet usage détourné d’Ozempic comme “pilule minceur” préoccupe les autorités sanitaires. L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a publié un communiqué pour alerter sur les risques liés à la prise d’Ozempic en dehors d’une prescription médicale adaptée.
Chez les personnes non diabétiques, Ozempic peut provoquer des effets secondaires graves : troubles gastro-intestinaux, pancréatites ou hypoglycémies pouvant entraîner la mort.
La dose utilisée comme coupe-faim serait aussi supérieure à celle prescrite pour le diabète. Résultat : le risque de pénurie pour les patients diabétiques augmente, ce qui est très problématique.
En effet, comme indiqué dans les colonnes de Ouest France : l’entreprise pharmaceutique danoise Novo Nordisk admet que sa “capacité d’approvisionnement actuelle ne répond pas toujours à la demande excédentaire” et déplore “une disponibilité intermittente et des ruptures de stock périodiques”.
Une promotion controversée sur les réseaux sociaux
L’engouement autour d’Ozempic peut s’expliquer en partie par une promotion controversée sur les réseaux sociaux. De nombreuses célébrités et influenceurs plébiscitent les mérites d’Ozempic pour perdre du poids rapidement. Parmi eux, beaucoup de sportifs et pratiquants de la musculation vantent ses effets pour faire une sèche et perdre de la graisse.
Sur TikTok, le #Ozempic cumule des millions de vues, rappelant le buzz des capteurs de glucose. Pourtant, cette promotion auprès du grand public est totalement contraire aux recommandations de bon usage du médicament. Elle participe à banaliser une utilisation potentiellement dangereuse d’Ozempic.
Pourtant de nombreux témoignages d’utilisateurs rapportent aucune perte de poids, malgré des effets indésirables bien réels : diarrhées, nausées, fatigues liés aux hypoglycémies, constipations, et ce même à faibles doses.
Un buzz qui inquiète certaines multinationales
Aux États-Unis, ce médicament rencontre un succès fulgurant auprès des personnes souhaitant perdre du poids rapidement.
Certains n’hésitent pas à dépenser des centaines de dollars par mois pour se procurer Ozempic et profiter de ses effets coupe-faim. Résultat : les ventes d’Ozempic ont explosé, au point d’inquiéter des géants de l’agroalimentaire comme Coca Cola ou McDonald’s.
En effet, la perte de poids liée à Ozempic signifie une baisse de la consommation d’aliments caloriques et de sodas, faisant chuter les revenus de ces entreprises. Le cours de leurs actions en bourse s’en ressent.
Les risques d’acheter de l’Ozempic sur internet
Le prix de l’Ozempic vendu en pharmacie est de 76,58 euros par stylo, selon l’information trouvée sur le site Vidal. Ce prix élevé peut motiver la recherche de produits en dehors des officines. Cependant, l’achat de stylo-injecteurs d’Ozempic sur des sites internet non autorisés comporte de graves dangers pour la santé. En effet, la qualité et la composition réelle des médicaments vendus sur ces sites ne sont absolument pas garanties. Il peut s’agir de faux médicaments ou de contrefaçons, avec des principes actifs différents, voire des substances toxiques.
Le risque est donc très élevé d’acheter un produit inefficace, ou pire, dangereux pour l’organisme. De plus, l’automédication sans suivi médical adapté majore les risques d’effets secondaires graves liés à Ozempic, même s’il s’agit du vrai médicament.
Quelles solutions pour mieux encadrer cet usage ?
Face à ce phénomène inquiétant, les autorités sanitaires cherchent des solutions. L’ANSM a demandé aux médecins de renforcer leur vigilance avant de prescrire Ozempic.
De leur côté, les pharmaciens vont être plus vigilants sur les ordonnances potentiellement falsifiées pour se procurer Ozempic frauduleusement.
Mais au-delà des aspects réglementaires, il est essentiel de sensibiliser le public aux risques liés à l’utilisation de médicaments sans accompagnement médical. Le rôle des influenceurs et des réseaux sociaux doit aussi être questionné.
Une prise en charge globale de l’obésité reste la meilleure solution, avec un suivi diététique, psychologique et médical personnalisé. Les médicaments coupe-faim ont leur place dans cet accompagnement, à condition d’être prescrits à bon escient.