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La stéatose hépatique non alcoolique (MAFLD) est la maladie chronique du foie la plus répandue dans le monde. Elle touche près de 25 % de la population mondiale, soit environ 2 milliards de personnes. La MAFLD se caractérise par une accumulation de graisses dans les cellules du foie chez des personnes ne consommant pas d’alcool de façon excessive.
Cette maladie invisible est associée à l’obésité, au diabète de type 2 et aux maladies cardiovasculaires. Sans traitement, elle peut évoluer vers des stades plus sévères comme la stéato-hépatite non alcoolique (NASH), la fibrose, la cirrhose et même le cancer du foie. La NAFLD est donc un véritable problème de santé publique.
L’exercice physique peut réduire la sévérité du foie gras
Une récente étude(1) menée sur des modèles animaux et publiée dans la revue Metabolism suggère que la pratique d’une activité physique d’intensité modérée pourrait aider à faire reculer cette pathologie hépatique. L’étude, dirigée par la Professeure María Isabel Heràndez-Alvarez de l’Université de Barcelone, ouvre la voie à l’identification de ce processus chez les patients et donc à la conception de nouvelles stratégies pour prévenir la progression de la maladie.
Mécanismes expliquant les effets bénéfiques de l’exercice physique
L’étude a identifié plusieurs mécanismes par lesquels l’exercice physique aérobie modéré permet de réduire l’accumulation de graisses dans le foie et donc la sévérité de la MAFLD :
Réduction de la taille des gouttelettes lipidiques dans les hépatocytes
Chez les souris atteintes de MAFLD et soumises à un programme d’entraînement physique modéré, l’étude a observé une réduction significative de la taille des gouttelettes lipidiques à l’intérieur des cellules du foie.
Or, plus ces gouttelettes sont grosses, plus elles sont toxiques pour les cellules et aggravant la maladie. Leur réduction en taille grâce à l’exercice physique permet donc de limiter les dégâts.
Stimulation du transport des gouttelettes lipidiques vers les mitochondries
L’étude a également montré que l’exercice physique stimule le transport des gouttelettes lipidiques vers les mitochondries, ces dernières étant les centrales énergétiques des cellules.
Cette meilleure connexion facilite le transfert des acides gras des gouttelettes lipidiques vers les mitochondries pour être “brûlés”. L’exercice physique favorise donc la combustion des graisses par les cellules hépatiques.
Augmentation des niveaux de mitofusine-2
L’équipe de recherche a identifié que ces effets bénéfiques passent par une augmentation des niveaux de mitofusine-2. Cette protéine joue un rôle central dans le transfert des gouttelettes lipidiques vers les mitochondries.
Selon l’auteure de l’étude, “la protéine Mfn-2 régulerait la courbe de la membrane mitochondriale en favorisant l’oxydation des graisses dans une population spécifique de mitochondries (NDLR : mitochondries péridroplétiques), grâce à son interaction et sa capacité à former des domaines spécifiques avec les phospholipides membranaires”.
Cela suggère que “la fluidité membranaire augmente dans les mitochondries”, note la chercheuse.
Ainsi, en stimulant la production de mitofusine-2, l’exercice physique permet d’améliorer le fonctionnement des mitochondries hépatiques et la combustion des graisses dans le foie.
Effets anti-inflammatoires
L’inflammation joue un rôle central dans la physiopathologie et la progression de la stéatose hépatique vers des lésions plus sévères comme la NASH ou la fibrose.
En effet, l’accumulation de graisses dans les hépatocytes entraîne un stress du réticulum endoplasmique qui active des voies pro-inflammatoires dans les cellules hépatiques. Cela conduit au recrutement de cellules immunitaires et à la sécrétion de médiateurs de l’inflammation comme les cytokines TNF-α, IL-6 ou IL-1β.
Or, l’activité physique diminue l’expression de marqueurs pro-inflammatoires comme TNF-α, IL-6 et CRP. Elle inhibe également l’activation de voies de signalisation pro-inflammatoires impliquant NF-kB ou JNK.
Ainsi, par son action inhibitrice sur les médiateurs et les voies de signalisation de l’inflammation hépatique, l’activité physique pourrait freiner la progression de la simple stéatose vers la NASH et la fibrose chez les patients atteints de maladie du foie gras.
Pistes thérapeutiques
“Compte tenu des fonctions de Mfn-2 dans le métabolisme des mitochondries du foie, des traitements thérapeutiques ciblant les niveaux et l’activité de Mfn-2 pourraient contribuer à l’amélioration de l’inflammation et de la fibrose liées à la maladie du foie gras”; conclut la Professeure María Isabel Heràndez-Alvarez.
Ce qu’il faut retenir
Cette nouvelle étude met en évidence le rôle bénéfique potentiel de l’exercice physique aérobie modéré dans la réduction de la sévérité de la MAFLD, notamment via une meilleure combustion des graisses par les cellules hépatiques. À terme, la stimulation de la mitofusine-2 pourrait devenir une cible thérapeutique prometteuse.
En attendant, sur base du principe de précaution, il semble déjà pertinent d’intégrer la pratique régulière d’une activité physique dans la prise en charge de la MAFLD, en complément des adaptations du mode de vie (alimentation, poids, etc.).
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Sources éditoriales et fact-checking