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Le sucre, cet ingrédient si familier et apprécié, est devenu un véritable fléau dans notre alimentation moderne. Une récente étude menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) vient confirmer ce que beaucoup soupçonnaient déjà : le sucre est partout, même là où on ne l’attend pas.
Un ingrédient aux multiples visages
Lorsqu’on parle de sucre, on pense immédiatement au sucre blanc, ou saccharose. Mais les industriels utilisent en réalité une multitude d’ingrédients sucrants aux noms parfois obscurs : sirop de glucose-fructose, dextrose, sirop de mélasse, concentré de jus de fruits, etc. Même les édulcorants comme l’aspartame, qui n’apportent pas de calories, contribuent à cette omniprésence du goût sucré.
Selon Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm, cette étude est “une photographie inédite et très large de la présence de ces ingrédients dans les aliments en France”. En analysant plus de 54 000 produits entre 2008 et 2020, les chercheurs ont pu dresser un état des lieux précis de l’utilisation des sucres et édulcorants.
Le sucre caché, une réalité préoccupante
Si la présence de sucre dans les desserts, biscuits ou boissons n’est pas une surprise, l’étude révèle qu’il s’invite aussi dans des aliments insoupçonnés. Plats préparés, charcuterie, sauces : difficile d’y échapper. “Les sucres sont également présents dans les aliments sous d’autres appellations, telles que le sucre inverti ou le dextrose”, précise Mathilde Touvier.
Cette omniprésence s’explique en partie par les propriétés technologiques du sucre. Au-delà du goût, il peut servir de correcteur d’acidité, d’exhausteur de goût ou encore de conservateur. Autant de raisons qui poussent les industriels à en ajouter dans leurs recettes.
Une tendance à la baisse, mais des efforts encore nécessaires
L’étude de l’Anses apporte toutefois une note d’espoir : la part des ingrédients sucrants a globalement diminué depuis les années 2010. Une prise de conscience des consommateurs et des pouvoirs publics qui commence à porter ses fruits.
Mais attention, prévient l’Anses, cette baisse ne signifie pas forcément que les aliments sont moins sucrés dans l’absolu. Et les efforts doivent se poursuivre pour “diminuer ces teneurs dans les boissons et les aliments transformés”, insiste l’agence.
Vers une meilleure information du consommateur
Face à la complexité des étiquettes et à la diversité des ingrédients sucrants, le consommateur peut facilement se sentir perdu. L’Anses plaide donc pour une meilleure information, notamment via l’étiquetage nutritionnel simplifié Nutri-Score.
Des applications comme Yuka ou Open Food Facts permettent aussi de scanner les produits et de décrypter leur composition. De quoi aider chacun à faire des choix plus éclairés lors de ses courses.
L’impact sur la santé, une préoccupation majeure
Car au-delà des questions de goût ou de plaisir, l’enjeu est avant tout sanitaire. La surconsommation de sucre est en effet associée à de nombreux problèmes de santé : obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires…
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il faudrait limiter les apports en sucres libres à moins de 10% des apports énergétiques totaux. Un objectif encore loin d’être atteint pour beaucoup de Français, grands ou petits.
Repenser notre rapport au sucre
Plus qu’une simple question de réglementation ou d’étiquetage, c’est bien notre relation au sucre qu’il faut repenser en profondeur. Réapprendre à apprécier des saveurs moins sucrées, privilégier les aliments bruts et peu transformés, limiter les grignotages… Autant de pistes pour retrouver une alimentation plus saine et équilibrée.
Les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer, en encourageant la reformulation des produits par les industriels et en régulant la publicité, notamment celle destinée aux enfants.
Car comme le souligne Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’Université Sorbonne Paris Nord, “on ne peut pas s’en remettre uniquement au libre arbitre des consommateurs”. Face à l’omniprésence du sucre ajouté, c’est un véritable enjeu de santé publique qui se dessine. À nous tous, consommateurs, industriels et décideurs, d’en prendre la mesure pour construire une alimentation plus favorable à notre santé et à celle des générations futures.