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Le mélanome est un cancer de la peau particulièrement agressif qui se développe à partir des mélanocytes, les cellules pigmentaires. En France, l’incidence du mélanome ne cesse d’augmenter avec 15 000 nouveaux cas et près de 2 000 décès par an. Malgré les progrès récents, les traitements actuels comme l’immunothérapie atteignent vite leurs limites et de nouvelles options thérapeutiques sont nécessaires.
Une équipe de chercheurs vient de mettre en évidence le potentiel d’un extrait de cannabis, le PHEC-66, pour cibler et éliminer les cellules cancéreuses du mélanome(1). Leurs résultats publiés dans la revue Cell montrent que PHEC-66 déclenche des mécanismes de mort cellulaire dans les cellules de mélanome en culture.
Le mélanome cutané : une urgence médicale
Contrairement aux idées reçues, il ne résulte pas seulement d’une exposition excessive au soleil mais aussi de facteurs génétiques.
C’est une tumeur maligne dont la caractéristique principale est sa grande capacité à générer des métastases, c’est-à-dire à disséminer des cellules tumorales dans l’organisme. Ces métastases sont à l’origine de la majorité des décès.
L’explosion épidémiologique actuelle s’explique en partie par l’augmentation des expositions solaires à visée esthétique. Le changement climatique et le vieillissement de la population sont aussi des facteurs aggravants.
Face à ce constat alarmant, la recherche médicale s’active pour mieux comprendre cette maladie et proposer de nouvelles approches thérapeutiques.
Des traitements encore limités
Lorsqu’il est détecté à un stade précoce, le mélanome peut généralement être traité avec succès par chirurgie. Celle-ci consiste à retirer la tumeur avec une marge de tissu sain tout autour afin d’éliminer d’éventuelles cellules cancéreuses résiduelles.
Néanmoins, le risque de récidive locale ou à distance reste important. Dans certains cas, la chirurgie peut être complétée par des traitements médicamenteux ou de la radiothérapie.
L’immunothérapie et les thérapies ciblées ont également fait la preuve de leur efficacité, notamment contre les formes métastatiques. Mais de nombreux patients présentent ou développent des résistances à ces traitements.
Dans ce contexte, de nouvelles pistes thérapeutiques sont activement explorées. L’une d’elles concerne l’utilisation du cannabis à des fins médicales. En effet, certains cannabinoïdes, les molécules actives du cannabis, ont montré des propriétés anticancéreuses prometteuses dans des modèles précliniques de mélanome.
Le PHEC-66, un espoir dans la lutte contre le mélanome ?
Des chercheurs australiens ont récemment étudié un extrait de cannabis, nommé PHEC-66.
Des tests en laboratoire ont été réalisés en cultivant in vitro différentes lignées de cellules de mélanome humain et en les traitant par le PHEC-66.
Les résultats obtenus sont très prometteurs : le PHEC-66 déclenche l’apoptose de ces lignées cellulaires de mélanome en augmentant l’expression de marqueurs pro-apoptotiques (ARNm de BAX) tout en réduisant simultanément l’expression de marqueurs anti-apoptotiques (ARNm de Bcl-2).
De plus, PHEC-66 induit la fragmentation de l’ADN, stoppant la progression cellulaire au point de contrôle du cycle cellulaire G1 et augmentant considérablement les niveaux de ROS intracellulaires.
L’analyse fine des mécanismes moléculaires révèle que l’extrait de cannabis induit un stress oxydant fatal dans les cellules de mélanome. Ce stress oxydant provoque des dommages irréversibles à différents organites cellulaires, conduisant à l’activation de voies de signalisation de mort et au déclenchement de l’apoptose.
Rappels sur les différents types de mort cellulaire
La mort cellulaire programmée, ou apoptose, est un processus physiologique essentiel par lequel des cellules endommagées ou indésirables sont éliminées. Il en existe plusieurs formes :
- Apoptose : mort « propre », avec fragmentation de l’ADN et bourgeonnement de la membrane plasmique ;
- Nécrose : mort « sale », avec gonflement cellulaire et rupture de la membrane ;
- Autophagie : autodigestion du contenu cellulaire par les lysosomes.
Ces mécanismes participent au développement embryonnaire, au maintien de l’homéostasie tissulaire chez l’adulte mais aussi à certaines pathologies comme les maladies neurodégénératives ou le cancer.
Ce qu’il faut retenir
Ces résultats in vitro suggèrent que le PHEC-66 pourrait avoir un potentiel en tant que traitement adjuvant dans le traitement du mélanome malin. D’autres études devront être menées pour confirmer son efficacité antitumorale chez l’humain.
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Sources éditoriales et fact-checking