Nous avons tous entendu parler des systèmes de transmission qui existent dans notre corps, par exemple le système nerveux sympathique, qui nous permet de faire face aux dangers en combattant ou en fuyant.
En revanche, rares sont ceux qui ont déjà entendu parler du système endocannabinoïde (SEC), découvert plus récemment, et qui joue un rôle essentiel dans presque toutes les fonctions de l’organisme.
Le SEC régule et contrôle entre autres le fonctionnement de l’apprentissage et la mémoire, les émotions, le sommeil, la régulation de la température, la gestion de la douleur, les réactions inflammatoires et immunitaires et la faim(1). Le système endocannabinoïde est aujourd’hui au centre des recherches internationales pour le développement de nouveaux médicaments.

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Qu’est-ce que le système endocannabinoïde ?
Le système endocannabinoïde est constitué d’un vaste réseau de récepteurs cellulaires et de transmetteurs chimiques répartis en grand nombre dans notre cerveau et notre corps.
Parmi ces différents récepteurs cannabinoïdes, les CB1 sont les plus nombreux dans le cerveau.
Ils agissent comme des régulateurs pour contrôler les taux et l’activité de la plupart des autres neurotransmetteurs.
C’est ainsi qu’ils régulent tout : par une rétroaction immédiate, en augmentant ou en diminuant l’activité des différents paramètres à régler, qu’il s’agisse de la faim, de la température ou de la vigilance.
Pour activer ces récepteurs, notre corps produit des molécules appelées endocannabinoïdes, dont la structure est similaire à celle des molécules de la plante de cannabis. Autrement dit, nous avons tous de petites molécules semblables au cannabis qui circulent dans notre cerveau.
Le premier endocannabinoïde découvert a été nommé anandamide, d’après le mot sanskrit ananda qui signifie “félicité”.
La plante de cannabis, que les hommes utilisent depuis environ 5 000 ans, agit essentiellement en exploitant cette importante machinerie cellulaire.
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Un deuxième type de récepteur cannabinoïde, les récepteurs cannabinoïdes CB2, intervient principalement au niveau de notre système immunitaire et joue un rôle essentiel dans sa régulation.
Il contribue notamment à réguler l’inflammation intestinale, le transit et les douleurs liées aux maladies inflammatoires de l’intestin(2).
Les récepteurs CB2 sont des cibles particulièrement intéressantes pour le développement de médicaments, car ils ne causent pas le phénomène de défonce du cannabis associé à la stimulation des récepteurs CB1 et qui constitue fréquemment un effet secondaire indésirable.
Le rôle du système endocannabinoïde dans l’apprentissage et la mémoire
Nous savons que le SEC joue un rôle essentiel dans l’apprentissage et la mémoire grâce à plusieurs travaux de recherche.
La première évidence est que l’un des principaux effets secondaires de la consommation récréative de cannabis à haute dose est la perturbation temporaire de la mémoire à court terme. Le retour à la normale de la mémoire se fait dès l’abstinence.
Des études approfondies ont également été menées sur la façon dont les humains réagissent de manière aiguë à l’administration de THC (l’ingrédient actif du cannabis) et sur la façon dont cela modifie à la fois leur capacité à mémoriser des informations à court terme et les caractéristiques observées par imagerie cérébrale fonctionnelle(3).
D’après le célèbre journaliste Michael Pollan, dans son livre à succès “The Botany of Desire”, le cannabis est l’une des plantes que les humains cultivent, et avec laquelle ils ont évolué, depuis des milliers d’années.
C’est en partie, explique Pollan, parce que la capacité d’oublier joue un rôle important dans la capacité de notre cerveau à fonctionner sans être surchargé de données provenant de nos sens dont nous sommes continuellement inondés.
Selon Pollan, si nous ne pouvions pas oublier, nous ne pourrions pas fonctionner, et le cannabis nous aide à le faire.
Le rôle que joue le SEC dans la mémorisation ouvre également des perspectives pour le traitement du trouble de stress post-traumatique(4), un état dans lequel les gens ne peuvent s’empêcher de se rappeler des souvenirs indésirables et envahissants, qui provoquent toute une série de complications et de symptômes dangereux liés à ces souvenirs obsessionnels.
Le rôle du SEC dans la faim et les médicaments pour perdre du poids
L’histoire édifiante du rimonabant, un médicament qui bloque le récepteur CB1, est un exemple intéressant du rôle central que joue le SEC dans un grand nombre de fonctions vitales. Ce médicament a été développé pour lutter contre l’obésité.
L’idée était que le SEC contrôle la faim. Nous connaissons ce phénomène, car le cannabis entraîne des fringales, entre autres, et si l’on bloque le récepteur CB1, cela devrait donc entraîner une perte de poids.
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Le rimonabant a effectivement provoqué une perte de poids, avec un certain succès. Mais, comme le SEC régule également l’humeur, il a dû être retiré du marché en urgence, car les personnes qui le prenaient devenaient suicidaires.
On peut toutefois imaginer, à mesure que nous comprenons mieux les complexités du SEC, un scénario dans lequel nous serions en mesure de créer un médicament amaigrissant qui agirait sur les récepteurs cannabinoïdes influant sur la perte de poids, mais qui n’agirait pas sur les récepteurs contrôlant l’humeur.
L’exploration du SEC pourrait permettre la découverte de nouveaux médicaments
L’étude du système endocannabinoïde s’est d’abord concentrée sur la compréhension (et la diabolisation) d’une drogue illégale, mais les nouvelles recherches ont depuis lors débouché sur une exploration beaucoup plus large de ce qu’est ce système étonnamment complexe et vaste qui permet à notre corps d’apprendre, de ressentir, de se motiver et de se maintenir en équilibre.
Nous sommes véritablement à l’aube d’une ère de découverte du système endocannabinoïde et de développement de nouveaux produits pharmaceutiques qui pourraient contribuer à soigner certaines des maladies les plus cruelles dont souffrent les personnes (et les animaux).
Références