La prévalence des maladies chroniques du foie ne cesse d’augmenter. Les pathologies hépatiques constituent un problème de santé majeur qui devient extrêmement préoccupant.
La silymarine, le composé actif du Chardon-Marie a été historiquement utilisé dans les pathologies hépatiques. Cliniquement, la silymarine exerce ses effets hépatoprotecteurs à travers des effets antioxydant, antifibrotique, anti-inflammatoire, antitoxine et possède également des mécanismes d’action anticancéreux.
Dans cet article nous faisons le point sur les études scientifiques menées sur cette plante.
Prévalence des maladies du foie
Au cours de la dernière décennie, il y a eu une augmentation significative de la prévalence de toutes les maladies chroniques du foie.
En particulier la stéatose hépatique non alcoolique (“le foie gras”), associée au métabolisme est désormais une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde.
Le nombre croissant de patients à risque de cirrhose et nécessitant une transplantation hépatique devient une préoccupation sanitaire importante. Des études montrent que les hospitalisations dues à la stéatose hépatique non alcoolique ont doublé en nombre au cours de la dernière décennie(1).
La silymarine, principe actif du chardon Marie
Le principe actif du chardon Marie est la silymarine. La silymarine est un mélange complexe qui comprend toute une gamme de différents types de flavonolignanes. Un obstacle important à l’utilisation clinique de la silymarine est sa faible biodisponibilité. En effet ce composé est de nature nature lipophile, c’est-à-dire non soluble dans les milieux aqueux. Les tentatives d’amélioration de la solubilité de la silymarine ont conduit au développement de nombreuses formulations de silymarine testées commercialement, qui diffèrent par leur composition de flavonolignanes.
Effet antioxydant
Les activités antioxydantes de la silymarine ont différents mécanismes potentiels. Ceux-ci comprennent : l’inhibition d’enzymes produisant des espèces réactives de l’oxygène (ce qui empêche la formation de radicaux libres), le piégeage desdits radicaux libres, la chélation des ions intestinaux, ainsi que la promotion de la synthèse de molécules protectrices et l’activation des enzymes antioxydantes(2).
De plus, il a été démontré que les capacités antioxydantes de la silymarine permettaient d’améliorer l’homéostasie des lipides hépatiques. La silymarine diminue la production de graisses hépatiques en diminuant la lipogenèse de novo(3).
Effet antifibrosant
La fibrose hépatique est une accumulation anormalement élevée de constituants de la matrice extracellulaire. Ces tissus fibrotiques non fonctionnelles viennent remplacer les cellules hépatiques fonctionnelles. La fibrose hépatique aboutit alors à la perte de la fonction hépatique et a tendance à évoluer en cirrhose.
L’activité antifibrotique de la silymarine est principalement due à sa capacité à inhiber la conversion des cellules étoilées hépatiques en myofibroblastes. Cette inhibition de la fibrose repose sur une inhibition des voies fibrogènes, tels que celles impliquées dans la formation du cytosquelette, le collagène pro fibrogénique et les chaînes de transfert d’électrons.
Plus spécifiquement, la silymarine régule à la baisse l’ARNm du TGF-ß1, inhibe le NF-kB et empêche la stimulation des cellules étoilées hépatiques. Ces effets bénéfiques sont étayés par des études sur des modèles animaux, dans lesquelles la silymarine a montré être capable de ralentir la progression de fibrose précoce(4)(5).
Effet anti-inflammatoire
L’activité immunomodulatrice de la silymarine exerce un effet anti-inflammatoire très efficace en empêchant l’activation d’inflammasomes et de NF-kB, qui jouent un rôle important dans les états inflammatoires.
La silymarine peut également restaurer une voie métabolique connue sous le nom de “substrat de récepteur d’insuline-1/PI3K/Akt”, ce qui peut réduire la résistance à l’insuline induite par la stéatose hépatique.
Les capacités anti-inflammatoire et antioxydante de la silymarine ont même montré pouvoir réduire les dommages hépatiques provoqués par l’hépatite C chronique.
Effet antitoxine
Dans les cas d’atteinte hépatique liée à des médicaments ou à d’autres types de toxicité, la silymarine protège les cellules hépatiques contre des dommages plus avancés. En effet la silymarine permet de réguler la perméabilité des membranes cellulaires et d’inhiber l’entrée de composés toxiques.
La silymarine empêche l’absorption de ces substances nocives via une compétition pour la liaison des sites spécifiques d’entrée, en particulier au niveau du transporteur phalloïdine(6).
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Effet anticancéreux
La silymarine a également montré posséder des effets anticancéreux que l’on croit être lié à une inhibition du stress oxydatif, à la promotion de l’apoptose (la mort cellulaire programmée des cellules devenues non fonctionnelles), à l’arrêt du cycle cellulaire et à l’inhibition de la voie mitochondriale(7).
Des essais in vitro et in vivo, ainsi que des études sur modèles animaux ont montré les effets antitumoraux de la silymarine, et ce à divers stades de l’hépatocarcinogenèse (stades d’initiation, promotion et progression)(8).
La capacité de la silymarine à aider à la régénération hépatique est également un facteur important caractéristique qui le rend bien adapté comme thérapie potentielle chez les patients atteints d’hépatocarcinome(9).
Références