C’est une découverte très prometteuse qu’ont fait les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Cochin à Paris. Ils ont publié un article dans la revue Nature Communications(1) le 10 décembre 2019 pour détailler leurs recherches sur le microbiote intestinal.
Les troubles de la flore intestinale : maladies chroniques et surcharge pondérale
Les maladies chroniques de l’intestin sont un vrai fléau pour les personnes qui en souffrent. Une des plus connues est probablement la maladie de Crohn qui provoque des douleurs abdominales intenses et ne connaît pas de remède à long terme. La majorité de ce type de maladies chroniques est due à une inflammation permanente du système digestif. En agissant sur le microbiote, il pourrait être possible d’empêcher ces inflammations en synthétisant des “anti-corps” naturels.
Les personnes souffrant de diabètes et/ou de surcharge pondérale sont aussi concernées. En effet, certaines d’entre elles présentent une flore intestinale de mauvaise qualité, avec très peu de diversité au sein des micro-organismes et des bactéries. Elles développeraient donc des troubles métaboliques directement liés à la prise de poids et même à l’obésité. Bien sûr, ce seul facteur n’est pas suffisant et est souvent lié à une mauvaise alimentation et à un manque d’activité physique.
Qu’est-ce que le microbiote et comment peut-on agir dessus ?
Le microbiote représente en réalité l’intégralité des bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes qui vivent avec nous. Il existe différents microbiotes : cutané, buccal, vaginal… Le microbiote intestinal (anciennement appelé “flore intestinale”) est le plus important d’entre eux.
Cette flore intestinale, aussi appelée “le deuxième cerveau” est composée de 100 000 milliards (oui 1014) de bactéries. Il relève d’un équilibre fragile entre les différentes sortes de bactéries présentes dans le gros intestin tout au long de notre vie. Certaines d’entre elles sont dédiées à la digestion en décomposant les fibres ingérées et pré-digérées. D’autres participent au renouvellement de la paroi intestinale, combattent les “mauvaises bactéries”, préviennent des infections, synthétisent de nouvelles molécules, comme la vitamine k, etc. Certaines personnes souffrant de maladies intestinales chroniques possèdent généralement trop de bactéries produisant de la flagelline. Cette substance laisse passer des agents pathogènes à travers la paroi protectrice de l’intestin, provoquant des inflammations.
Le “vaccin miracle” conçu par les chercheurs de l’Inserm a pour but d’empêcher ce type de réaction. Le principe est simple : on injecte de la flagelline dans le corps du patient pour qu’il développe en réaction des anticorps anti-flagelline. Cela entraîne donc une diminution des agressions bactériennes, et par conséquent une réduction de l’inflammation. Le vaccin a jusque là été testé sur des souris qui ont réagi très positivement. De plus, les souris qui avaient un régime riche en graisses ne sont pas devenues obèses grâce à la très bonne réaction de leur flore intestinale.
Ce vaccin ouvre donc de très belles perspectives pour les personnes atteintes de maladies chroniques intestinales (200 000 personnes en France) et de surcharge pondérale (6,5 millions de personnes en France). Les recherches continuent pour étendre les applications du vaccin à l’homme.
Références