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La consommation de jus de fruits est de plus en plus répandue chez les enfants, notamment en raison des campagnes marketing vantant leurs bienfaits nutritionnels. Cependant, plusieurs études récentes ont soulevé des inquiétudes quant à l’impact de ces boissons sucrées sur la santé et le poids des plus jeunes.
La dernière en date, une méta-analyse(1) publiée le 16 janvier 2024 dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics a notamment montré un lien entre la consommation de jus de fruits et une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) chez les enfants, en particulier chez les moins de 6 ans.
Dans cette méta-analyse, les chercheurs ont compilé les données de 17 études observationnelles portant sur 45 851 enfants. La conclusion est une association significative entre la consommation de jus de fruits et une élévation de l’IMC.
Plus précisément, chaque verre quotidien de jus de fruits (225 ml) était associée à une augmentation de 0,03 unité d’IMC.
Pourquoi le jus de fruit est-il mauvais pour la santé ?
Cela s’explique par plusieurs mécanismes. Tout d’abord, les jus de fruits ont une densité énergétique élevée du fait de leur importante teneur en sucres simples (fructose). Ils peuvent ainsi facilement mener à un excès calorique, d’autant plus que leur consommation ne déclenche pas les mêmes signaux de satiété que des aliments solides.
De plus, les jus de fruits ont perdu la plupart de leurs fibres naturelles lors du processus d’extraction du jus. Or, ces fibres permettent normalement de ralentir l’absorption des sucres et d’éviter les pics de glycémie, impliqués dans le développement du surpoids.
Il est donc essentiel de distinguer les fruits entiers des jus de fruits. Manger un fruit à chaque repas est recommandé pour un enfant, car cela lui apporte fibres, vitamines et minéraux. À l’inverse, boire un grand verre de jus de fruits concentre tous les sucres naturellement présents dans plusieurs fruits, ce qui favorise la prise de poids.
Conséquences de la prise de poids liée aux jus de fruits
Cette augmentation de l’IMC due aux jus de fruits a des conséquences préoccupantes sur la santé des enfants. Elle accroît en effet les risques de surpoids, d’obésité et de problèmes métaboliques associés comme l’insulinorésistance ou le diabète de type 2.
Or l’obésité infantile tend à persister à l’âge adulte et prédispose à de nombreuses complications : maladies cardiovasculaires, cancers, apnées du sommeil, dépression, etc. Son augmentation ces dernières décennies fait d’ailleurs peser un poids considérable sur les finances publiques.
Recommandations
Compte tenu des risques associés, de nombreuses institutions sanitaires recommandent de limiter la consommation de jus de fruits chez les enfants.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise de ne pas donner de jus du tout aux enfants pendant leur première année de vie. Privilégier le lait maternel ou les préparations infantiles. Entre 1 et 3 ans, elle recommande au maximum 125 à 180 ml par jour. Au-delà de 4 ans, un verre de 225 ml par jour suffit amplement.
Ces recommandations insistent sur l’intérêt de remplacer les jus par de l’eau ou par des fruits entiers afin que les enfants bénéficient des fibres protectrices. Elles visent ainsi à endiguer l’épidémie d’obésité infantile et ses complications à long terme.
Actions possibles des pouvoirs publics
Au-delà des recommandations individuelles, des actions de santé publique doivent aussi être envisagées pour limiter l’impact délétère des jus de fruits industriels.
Tout d’abord, une réglementation plus stricte de la publicité et du marketing ciblant les enfants paraît indispensable. Malgré les engagements volontaires de l’industrie, les enfants restent soumis à un bombardement continuel de messages vantant les mérites nutritionnels supposés des jus de fruits.
Une taxation accrue des jus de fruits pourrait aussi être pertinente, à l’image de ce qui a été fait pour les sodas dans certains pays. Cela permettrait de financer en parallèle des campagnes d’information dans les écoles sur les bienfaits de l’eau et des fruits frais.
Enfin, un étiquetage plus explicite sur la teneur en sucre des jus serait de nature à alerter les parents. Actuellement, un jus de fruits industriel moyen contient l’équivalent de 5 à 6 morceaux de sucre, soit plus qu’un soda classique !
Ce qu’il faut retenir
Au-delà de 6 ans, ne pas dépasser 225 ml par jour (1 verre entier) de jus de fruit (même pressé). Toujours privilégier l’eau et les fruits frais qui apportent fibres et vitamines : proposer des quartiers d’orange ou de pamplemousse au petit-déjeuner plutôt qu’un grand verre de jus. Alterner les fruits et légumes de saison pour bénéficier d’un large spectre de micronutriments. En respectant ces quelques règles simples, les parents peuvent ainsi concilier équilibre nutritionnel et prévention de la prise de poids excessive chez leurs enfants.
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Sources éditoriales et fact-checking