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Le constat est alarmant : les enfants qui passent trop de temps devant la télévision ont beaucoup plus de risques de développer à l’âge adulte l’ensemble de troubles métaboliques regroupés sous le terme de “syndrome métabolique”.
C’est ce que révèle une récente étude menée par des chercheurs de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande et publiée en juillet 2023 dans la revue Pediatrics(1).
En suivant pendant 40 ans un groupe de 879 Néo-Zélandais nés en 1972-1973, les scientifiques ont pu établir un lien statistique entre le temps passé devant le petit écran pendant l’enfance et l’apparition à l’âge de 45 ans d’hypertension artérielle, d’hyperglycémie (taux de sucre trop élevé dans le sang), d’excès de graisses corporelles et de cholestérol : l’association de ces troubles, que l’on qualifie de “syndrome métabolique”, triple le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2.
Le syndrome métabolique, un ennemi silencieux
Concrètement, une personne atteinte du syndrome métabolique présente au moins 3 des anomalies suivantes :
- Un tour de taille trop important, révélateur d’une accumulation de graisses au niveau de l’abdomen ;
- Une tension artérielle supérieure à 130/85 mmHg ;
- Un taux de triglycérides sanguins supérieur à 1,5 g/L ;
- Un taux de HDL cholestérol (le “bon” cholestérol) inférieur à 0,4 g/L chez l’homme et 0,5 g/L chez la femme ;
- Une glycémie à jeun supérieure à 1 g/L.
Bien que silencieux au début, ce syndrome est loin d’être anodin. Outre les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète, il favorise également la survenue de certains cancers, de maladies du foie, des reins et cognitives.
On estime qu’un adulte sur quatre souffrirait aujourd’hui de ce syndrome métabolique en France. Et les chiffres ne cessent d’augmenter, notamment chez les plus jeunes.
La télévision pointée du doigt
D’après l’étude néo-zélandaise, l’exposition précoce et prolongée aux écrans serait l’un des principaux facteurs de risque de ce syndrome à l’âge adulte.
En interrogeant les participants sur leurs habitudes télévisuelles dans l’enfance puis en mesurant certains paramètres biologiques à 45 ans, les chercheurs ont pu établir un lien statistique entre le temps passé devant la télévision entre 5 et 15 ans et le risque de syndrome métabolique à l’âge adulte.
Ainsi, les enfants qui regardaient la télévision plus de 3h par jour en moyenne avaient environ deux fois plus de risque de présenter un syndrome métabolique à 45 ans que ceux qui y étaient exposés moins d’une heure par jour.
Pourquoi la télévision favorise-t-elle ces troubles ?
Plusieurs mécanismes entrent en jeu pour expliquer ce phénomène :
La sédentarité
Rester de longues heures assis ou allongé devant un écran dès le plus jeune âge réduit considérablement l’activité physique des enfants.
Or l’inactivité physique est reconnue comme étant un facteur de risque majeur de prise de poids, mais aussi de troubles métaboliques et cardiovasculaires. Elle favorise également la résistance à l’insuline et le développement d’un diabète de type 2.
L’alimentation
Les longues séances télévisuelles s’accompagnent souvent de grignotage, avec une consommation accrue d’aliments gras, salés et sucrés peu nourrissants.
De plus, les enfants sont exposés à un déluge de publicités vantant les mérites de ces produits ultra-transformés, ce qui peut durablement façonner des préférences alimentaires néfastes pour la santé.
Le sommeil
Le temps passé devant la télévision se fait bien souvent au détriment du sommeil, essentiel à une bonne santé métabolique. Des études montrent qu’un déficit en sommeil peut perturber certaines hormones régulant la faim, accentuant les risques de surpoids.
Des effets amplifiés chez les filles
Bien que les garçons passent en moyenne plus de temps devant la télévision que les filles, le syndrome métabolique à l’âge adulte est plus fréquent chez ces dernières.
20 % des femmes de l’étude présentaient ce syndrome à 45 ans, contre 34 % pour les hommes.
Cet écart pourrait s’expliquer par une plus grande sensibilité des filles aux effets délétères de la sédentarité et à une surexposition aux images de minceur véhiculées par les médias.
Que faire ?
Ces résultats confirment le rôle majeur joué par les habitudes acquises dans l’enfance sur la santé à l’âge adulte. Ils soulignent l’importance de limiter et d’encadrer l’exposition télévisuelle des plus jeunes.Voici quelques recommandations pour préserver la santé de vos enfants :
- Limitez le temps d’écran à 1h maximum par jour jusqu’à 6 ans, puis 2 h maximum entre 7 et 12 ans ;
- Privilégiez les émissions éducatives, les documentaires et les dessins animés aux programmes passifs ;
- Accompagnez votre enfant dans ses activités télévisuelles : commentez ce que vous regardez ensemble ;
- Favorisez les activités en plein air et le sport ;
- Veillez à ce que votre enfant dorme suffisamment ;
- Surveillez son alimentation : évitez la malbouffe et les grignotages devant la télévision.
Le Dr Andrew Smyth, co-auteur de l’étude, résume bien les enjeux : “Bien que nous ne puissions pas prouver que le temps passé devant la télévision pendant l’enfance cause directement le syndrome métabolique à l’âge adulte, nos résultats renforcent les recommandations actuelles de limiter le temps d’écran chez les enfants”.
Alors à vos agendas : planifiez dès aujourd’hui des activités en plein air pour partager des moments privilégiés avec vos enfants ! Leur santé future vous en sera reconnaissante.
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Sources éditoriales et fact-checking