L’incontinence urinaire est un problème de santé fréquent, touchant environ une personne sur quatre à un moment donné de sa vie. Elle se définit comme toute fuite involontaire d’urine qui pose problème hygiénique et social.
Ses conséquences sont lourdes puisqu’elle altère la qualité de vie des patients, restreint leur vie sociale et peut même conduire à la dépression. Heureusement, il existe différents moyens de prendre en charge ce trouble pour retrouver une vie normale.
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Les différents types d’incontinence urinaire
On distingue plusieurs types d’incontinence urinaire, qui n’ont pas les mêmes causes ni les mêmes traitements :
L’incontinence urinaire d’effort
L’incontinence urinaire d’effort, également appelée incontinence à l’effort ou incontinence d’effort, est la forme la plus courante d’incontinence urinaire. Elle concerne environ 50 % des cas.
Elle se manifeste par des fuites urinaires survenant à l’occasion d’efforts physiques entraînant une augmentation de la pression abdominale, comme la toux, les éternuements, le rire, la course à pied ou le port de charges lourdes.
Cette forme d’incontinence est due à une insuffisance du sphincter urétral et/ou à une hypermobilité vésicale d’origine musculaire ou ligamentaire. En clair, les mécanismes de fermeture de la vessie sont déficients, ce qui entraîne des fuites d’urine lors de la pression.
Les facteurs de risque comprennent l’âge, les grossesses, l’obésité, la ménopause, les antécédents de chirurgie pelvienne, la constipation chronique ou encore certains médicaments.
Le diagnostic repose sur un interrogatoire minutieux, un examen clinique et parfois des examens complémentaires comme l’échographie, l’urodynamique ou la cystoscopie.
Plusieurs traitements sont possibles, médicamenteux ou non, selon l’intensité des troubles : rééducation périnéale, traitements locaux par oestrogènes, dispositifs intra-urétraux, bandelettes sous-urétrales ou intervention chirurgicale en dernier recours. Fort heureusement, pour l’incontinence légère, la culotte anti-fuite femme offre une solution efficace et discrète pour gérer ce type d’incontinence au quotidien.
L’incontinence urinaire par impériosité
Appelée également incontinence par impériosité ou incontinence urinaire d’urgence, elle représente environ 15 à 30 % des cas.
Elle se manifeste par l’incapacité de différer la miction : le patient ressent brutalement une envie pressante d’uriner qu’il ne peut réfréner. Cela aboutit à des fuites urinaires, parfois de grande abondance.
L’incontinence par impériosité est le plus souvent causée par des contractions anarchiques et involontaires du muscle vésical. Celles-ci surviennent suite à une hyperactivité du détrusor (muscle vésical) en réponse à son étirement lors du remplissage.
D’autres causes sont possibles : infection urinaire, calculs, tumeurs bladder, maladie neurologique, médicaments…
Le diagnostic repose sur un interrogatoire ciblé, un calendrier mictionnel et parfois des examens complémentaires comme le bilan urodynamique.
Les traitements associent des mesures hygiéno-diététiques, des médicaments anticholinergiques, des injections de toxine botulique dans le détrusor, la stimulation électrique et parfois la chirurgie.
L’incontinence urinaire par regorgement
Également appelée incontinence par débordement, elle représente 5 à 10 % des cas.
Elle correspond à des fuites urinaires permanentes et involontaires, liées à une distension chronique de la vessie. Celle-ci est provoquée par l’existence d’un obstacle sous-vésical (comprimant l’urètre) empêchant la vidange complète de la vessie.
Les causes les plus fréquentes sont l’hypertrophie bénigne de la prostate chez l’homme et le prolapsus génital chez la femme. D’autres pathologies obstructives sont possibles (rétrécissement urétral, tumeurs, etc).
Le diagnostic est évoqué devant des troubles urinaires obstructifs chroniques, puis confirmé par un examen clinique, un toucher pelvien, des analyses d’urines et un bilan urodynamique.
Le traitement repose avant tout sur la prise en charge de l’obstacle sous-vésical. Chez l’homme, un traitement médical ou chirurgical de l’hypertrophie prostatique sera réalisé. Chez la femme, une chirurgie du prolapsus sera proposée. D’autres gestes comme l’endoscopie urétrale ou la pose d’une sonde sus-pubienne sont parfois nécessaires.
L’incontinence urinaire fonctionnelle
Appelée également incontinence extra-urétrale, elle représente 5 à 10 % des cas.
Il s’agit de fuites urinaires survenant en l’absence de toute anomalie de l’appareil urinaire. Elles sont dues à une altération des fonctions cognitives, motrices ou sensorielles retentissant sur la capacité à se rendre aux toilettes.
On la rencontre surtout chez la personne âgée dépendante, mais également en cas de troubles neurologiques sévères.
Le diagnostic est facilement évoqué devant le contexte médical et l’absence d’arguments pour une autre forme d’incontinence. Des examens complémentaires permettent d’éliminer une cause organique.
Les mesures hygiéno-diététiques sont primordiales : mictions programmées, changes réguliers, surveillance accrue. Certains médicaments comme les anticholinergiques peuvent aider. Mais les résultats sont souvent décevants et cette forme d’incontinence est difficile à prendre en charge.
Diagnostic
Le diagnostic de l’incontinence urinaire s’appuie sur plusieurs éléments :
- L’interrogatoire est capital pour préciser le type, les circonstances et la sévérité des fuites urinaires. Un calendrier mictionnel sur plusieurs jours permet de quantifier les symptômes.
- L’examen clinique comprend un examen neurologique et un toucher pelvien à la recherche d’anomalies organiques (prolapsus, masse abdominale ou pelvienne).
- Le bilan urodynamique analyse par des mesures physiologiques la fonction vésicale et urétrale. Il permet de caractériser précisément le type d’incontinence et guide la prise en charge.
- D’autres examens peuvent être prescrits selon le contexte : échographie, cystoscopie, IRM pelvienne, débitmétrie, etc.
- Enfin, un bilan biologique est souvent réalisé pour dépister une infection ou une autre maladie sous-jacente.
Grâce à ces investigations, le médecin détermine précisément le type et le mécanisme de l’incontinence urinaire avant d’envisager les options thérapeutiques adaptées.
Traitements
Il existe de nombreuses possibilités pour traiter l’incontinence urinaire, en fonction du type et de la sévérité des troubles.
Traitements médicamenteux
Certains médicaments peuvent améliorer les symptômes :
- Les anticholinergiques réduisent l’hyperactivité vésicale et les contractions involontaires à l’origine d’une incontinence par impériosité.
- Les alpha-bloquants facilitent la vidange de la vessie obstruée dans l’incontinence par regorgement.
- Les oestrogènes locaux améliorent la trophicité urogénitale post-ménopausique et soulagent l’incontinence d’effort.
Ces traitements sont parfois suffisants en première intention. Mais ils n’agissent pas sur l’origine du problème et leurs effets indésirables limitent leur utilisation prolongée.
Rééducation périnéale
La rééducation périnéale est efficace dans 60 à 90 % des cas d’incontinence d’effort légère à modérée.
Elle repose sur des exercices quotidiens visant à renforcer les muscles du plancher pelvien, notamment les fameux exercices de Kegel. Pratiqués régulièrement, ils permettent de resserrer le sphincter urétral et d’améliorer son contrôle volontaire lors des efforts.
La rééducation périnéale peut être pratiquée seule ou en complément d’autres traitements. Sa pratique régulière et prolongée conditionne son efficacité.
Traitements chirurgicaux
Lorsque les traitements conservateurs ont échoué et que l’incontinence est sévère, une intervention chirurgicale peut être proposée.
Il existe de nombreuses techniques :
- pose de bandelettes sous-urétrales par voie vaginale ou abdominale ;
- injections de produits de comblement péri-urétraux ;
- sphincter urinaire artificiel ;
- et même interventions de suspension pelvienne ou de réparation de prolapsus chez certains patients.
Le geste est adapté selon la cause de l’incontinence, son type, sa sévérité et les particularités anatomiques du patient.
Prévention
La prévention de l’incontinence urinaire repose sur l’adoption de mesures hygiéno-diététiques et de bonnes habitudes de vie dès le plus jeune âge.
Une alimentation équilibrée
L’alimentation joue un rôle important dans la prévention de l’incontinence urinaire.
Il est recommandé de :
- Consommer des aliments riches en fibres (fruits, légumes, céréales complètes) qui évitent la constipation, facteur aggravant l’incontinence.
- Boire suffisamment d’eau pour une bonne hydratation. Cependant attention à ne pas boire de trop grandes quantités d’un coup, surtout le soir, ce qui favoriserait l’incontinence nocturne.
- Limiter sa consommation d’aliments et boissons irritants pour la vessie : café, thé, alcool, agrumes, chocolat…
Une alimentation équilibrée et adaptée est donc un élément clé de la prévention.
Activité physique et hygiène de vie
Certains comportements hygiéno-diététiques contribuent également à prévenir l’incontinence :
- Pratiquer régulièrement une activité physique adaptée, en évitant les sports à impacts violents.
- Maintenir un poids de forme normal, le surpoids étant un facteur de risque.
- Adopter de bonnes habitudes mictionnelles : ne pas se retenir, uriner en position accroupie.
- Traiter rapidement les infections urinaires.
- Éviter la constipation et la toux chronique.
- Arrêter le tabac qui altère les tissus.
L’adoption de ces mesures d’hygiène de vie réduit significativement le risque d’incontinence urinaire.
Renforcement musculaire du périnée
Le renforcement musculaire du périnée par des exercices réguliers (exercices de Kegel) permet de lutter contre l’incontinence d’effort :
- En tonifiant les muscles sphinctériens, ils resserrent le canal urétral.
- Ils améliorent la proprioception et le contrôle volontaire des contractions.
Réalisés dès le plus jeune âge, puis tout au long de la vie, ces exercices constituent un rempart efficace contre l’incontinence urinaire.
Suivi médical
Enfin, un suivi gynécologique régulier durant l’enfance, l’adolescence et à l’âge adulte permet de dépister précocement d’éventuels facteurs de risque :
- Prolapsus, descentes d’organes ;
- Troubles neurologiques ;
- Médicaments à risque.
Une prise en charge rapide de ces facteurs améliore le pronostic fonctionnel.
Vivre avec une incontinence urinaire
Même avec une prise en charge optimale, il arrive que l’incontinence urinaire persiste à un certain degré et nécessite de s’adapter durablement. Heureusement, de nombreuses solutions permettent de poursuivre ses activités et de préserver sa qualité de vie.

Recourir aux protections adaptées
Le port de protections spécifiques est incontournable pour prévenir les fuites intempestives d’urine. Il en existe toute une gamme, allant de la simple serviette absorbante au changes complets, en passant par les slips, étuis péniens ou couches culottes. Le choix se fait selon le degré d’incontinence et les préférences du patient. Certains modèles intègrent une technologie anti-odeurs et anti-humidité pour plus de discrétion. D’autres présentent une haute capacité d’absorption pour les cas sévères. Les changes complets offrent sécurité et autonomie accrue.
Aménager son environnement
À la maison, l’installation de barres d’appui, de sièges de douche, de toilettes surélevées ou de rampes facilite l’accès à la salle de bain. Le choix d’un mobilier lavable et de revêtements de sol imperméables limite les dégâts en cas d’accident.
À l’extérieur, repérer au préalable les toilettes accessibles dans les lieux publics ou sur son trajet procure davantage de sérénité. Se munir d’une carte géante indiquant son handicap peut aussi s’avérer utile.
Dans la voiture, disposer d’alèses absorbantes sur son siège ou dans son sac à main s’avère indispensable.
Recourir aux astuces pratiques
Quelques astuces supplémentaires permettent de mieux vivre avec l’incontinence urinaire. Avoir toujours une tenue de rechange sur soi rassure en cas de fuite importante. Placer une alarme pour se rendre régulièrement aux toilettes reste efficace. Vider sa vessie avant et après rapports sexuels évite les accidents.
S’organiser et anticiper au maximum la survenue des symptômes est la clé pour profiter sereinement de ses activités en dépit de l’incontinence.
Le mot de la fin
L’incontinence urinaire est un trouble invalidant, beaucoup trop banalisé alors qu’il altère significativement la qualité de vie de millions de personnes.
Pourtant, des solutions existent. Grâce aux progrès médicaux, la majorité des patients peuvent aujourd’hui retrouver un contrôle satisfaisant de leur vessie. Mais encore faut-il oser en parler et consulter.
Alors, si vous souffrez de fuites urinaires, n’hésitez plus. Votre médecin est là pour vous écouter, vous examiner et vous orienter vers la prise en charge la plus adaptée à votre cas. Des traitements simples permettent déjà d’améliorer le quotidien. Et en cas de handicap sévère, la chirurgie réparatrice fait désormais des miracles.
L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité. Ayez le réflexe d’en parler et de vous faire aider. Il existe toujours une solution pour vivre sereinement.