Une nouvelle étude révèle que l’infection au COVID-19 pourrait avoir des conséquences cardiovasculaires bien plus graves et durables qu’on ne le pensait initialement. Les résultats, publiés dans la revue Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology(1), montrent que le risque d’infarctus, d’AVC et de décès reste élevé jusqu’à trois ans après l’infection. Cette découverte soulève des questions cruciales sur la prise en charge à long terme des patients ayant contracté le virus.
Un risque doublé, voire quadruplé
L’étude, menée conjointement par la Cleveland Clinic et l’Université de Californie du Sud, a analysé les données de santé de plus de 225 000 adultes issus de la UK Biobank. Les chercheurs ont comparé l’évolution de l’état de santé de personnes ayant contracté le COVID-19 en 2020, avant la disponibilité des vaccins, à celle d’un groupe témoin n’ayant pas été infecté.
Les résultats sont frappants :
- Le risque d’infarctus, d’AVC et de décès était plus de deux fois plus élevé chez les adultes ayant eu le COVID-19.
- Pour les patients hospitalisés en raison du virus, ce risque était presque quadruplé.
“Nous avons constaté un risque cardiovasculaire à long terme associé au COVID, en particulier chez les personnes ayant présenté des cas plus graves nécessitant une hospitalisation”, explique James Hilser, auteur principal de l’étude et doctorant à l’Université de Californie du Sud.
Un impact comparable aux facteurs de risque traditionnels
Plus surprenant encore, l’étude révèle que l’infection au COVID-19 pourrait représenter un facteur de risque cardiovasculaire aussi important que des pathologies bien connues :
- Les personnes hospitalisées pour COVID-19, sans antécédents cardiovasculaires ni diabète de type 2, présentaient un risque 21 % plus élevé d’événements cardiovasculaires graves par rapport aux personnes atteintes de maladies cardiovasculaires mais n’ayant pas eu le COVID-19.
“Dans certains cas, l’augmentation du risque était presque aussi élevée que pour un facteur de risque cardiovasculaire connu comme le diabète de type 2 ou l’artériopathie périphérique”, souligne James Hilser.
Le groupe sanguin, un facteur aggravant inattendu
L’étude a également mis en lumière une interaction génétique surprenante : les personnes de groupe sanguin non-O (A, B ou AB) présentaient un risque encore plus élevé après une infection au COVID-19.
- Le risque d’infarctus et d’AVC était environ 65 % plus élevé chez les adultes de groupe sanguin non-O par rapport à ceux du groupe O.
Cette découverte fait écho à des recherches antérieures montrant que les personnes de groupe sanguin A, B ou AB étaient plus susceptibles de contracter le COVID-19. “L’association mise en évidence par notre recherche indique une interaction potentielle entre le virus et la partie de notre code génétique qui détermine le groupe sanguin”, explique le Dr Stanley Hazen, co-auteur senior de l’étude.
Le mot de la fin
Ces découvertes soulignent l’importance d’une surveillance cardiovasculaire accrue chez les personnes ayant contracté le COVID-19, même plusieurs années après l’infection. Elles ouvrent également de nouvelles pistes de recherche pour comprendre les mécanismes sous-jacents à cette augmentation du risque cardiovasculaire.
“Une meilleure compréhension de ce que fait le COVID-19 au niveau moléculaire pourrait potentiellement nous en apprendre davantage sur les voies liées au risque de maladie cardiovasculaire”, conclut le Dr Hazen.
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Sources éditoriales et fact-checking