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Vous aimez le goût fumé des chips, des lardons ou encore des saucisses ? Mauvaise nouvelle : l’Union Européenne a décidé d’interdire les arômes de fumée dans les aliments. La raison ? Un risque accru de cancer a été identifié. Explications.
Qu’est-ce qu’un arôme de fumée ?
Traditionnellement, le fumage est utilisé pour conserver et donner du goût à certains aliments comme le poisson, la viande ou les produits laitiers. Mais depuis quelques années, une alternative existe : les arômes de fumée.
Ces arômes sont fabriqués par pyrolyse du bois, c’est-à-dire par sa combustion à haute température en l’absence d’oxygène. Ils permettent de donner un goût fumé à des aliments qui ne le sont pas naturellement, comme les chips, les soupes ou encore les sauces.
Un risque pour la santé longtemps sous-estimé
Pourtant, dès 2007, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait alerté sur les risques potentiels liés à ces arômes. Des études suggéraient en effet qu’ils pouvaient endommager l’ADN et donc potentiellement favoriser l’apparition de cancers.
Mais à l’époque, les preuves n’avaient pas été jugées suffisantes pour interdire ces substances. Il aura fallu attendre novembre 2023 pour que l’EFSA rende un nouvel avis, cette fois-ci sans appel : le risque de génotoxicité des arômes de fumée ne peut être exclu.
Une interdiction qui ne fait pas l’unanimité
Suite à cet avis, la Commission Européenne a donc décidé de ne pas renouveler les autorisations pour 8 arômes de fumée utilisés dans l’Union Européenne. Une décision qui devrait entrer en vigueur dès mars 2024.
Mais cette interdiction ne fait pas l’unanimité. Certains industriels dénoncent une mesure disproportionnée et s’inquiètent de devoir revoir toutes leurs recettes. Ils arguent également que le fumage traditionnel, qui reste autorisé, présente lui aussi des risques.
Du côté des associations de consommateurs en revanche, on se réjouit de cette décision qui va dans le sens d’une meilleure protection de la santé. Même si pour certains, elle arrive bien tard…
Des arômes de fumée toxiques
Mais pourquoi donc bannir ces saveurs qui font le bonheur de nos papilles ? Tout simplement parce que les experts européens ont tiré la sonnette d’alarme. Huit substances aromatiques utilisées par les industriels sont particulièrement pointées du doigt. Le verdict est sans appel : aucun des huit arômes incriminés n’est exempt de risques génotoxiques.
Concrètement, cela signifie que ces additifs contiennent tout un cocktail de molécules organiques complexes, dont certaines sont clairement toxiques. Elles peuvent notamment :
- Attaquer l’ADN ;
- Provoquer des mutations ;
- Favoriser le développement de cancers, en particulier au niveau du tube digestif (côlon, estomac).
Pas vraiment rassurant quand on sait que ces arômes se cachent dans de nombreux produits peu onéreux et très prisés des consommateurs. Chips, soupes en sachet, lardons, pizzas… Difficile d’y échapper !
Un effet d’addiction chez les plus jeunes
Outre leur toxicité avérée, ces arômes de fumée posent un autre problème : leur attrait gustatif et olfactif peut créer une accoutumance, surtout chez les enfants. Comme l’explique Alfred Bernard, toxicologue à l’UCL, il faut éviter que les plus jeunes s’habituent à ce type de saveurs artificielles, au risque qu’ils continuent à plébisciter ces aliments peu sains une fois adultes.
Comment repérer les produits concernés ?
Pas toujours facile de s’y retrouver dans la jungle des étiquettes… Pour savoir si votre paquet de chips ou votre pizza surgelée contient ces fameux arômes de synthèse, il faut éplucher la liste des ingrédients. Et chercher la mention “arôme de fumée”, obligatoirement écrite en toutes lettres. Un conseil : méfiez-vous des produits industriels au goût fumé à petit prix !
Attention cependant à ne pas faire l’amalgame avec les aliments fumés de façon naturelle et traditionnelle, comme certains saumons, jambons ou saucisses. Eux arborent la mention “arômes naturels” et ne sont pas concernés par cette interdiction.
Les industriels ont 5 ans pour s’adapter
Pas de panique pour autant : cette mesure ne va pas chambouler les rayons du jour au lendemain. Les fabricants qui utilisent ces arômes de fumée de synthèse ont un délai de 5 ans pour modifier leurs recettes.
D’ici là, à nous consommateurs d’être vigilants et de privilégier une alimentation la moins transformée possible. Cuisiner soi-même avec des produits bruts et de saison reste la meilleure façon de contrôler ce que l’on met dans notre assiette. Et accessoirement, de préserver notre santé sur le long terme !
En somme, cette décision européenne est une avancée majeure en matière de sécurité alimentaire et de santé publique. Elle prouve que les instances réglementaires n’hésitent plus à sévir face à des additifs potentiellement dangereux, même très appréciés des consommateurs.
Gageons que cette interdiction en appellera d’autres à l’avenir. Car il reste encore de nombreuses substances controversées qui se cachent dans nos aliments du quotidien. Des conservateurs aux exhausteurs de goût en passant par certains édulcorants, la route est encore longue pour une alimentation 100 % saine et naturelle.
En attendant, à nous d’être des consommateurs avertis et exigeants. En lisant les étiquettes, en privilégiant le fait-maison et en variant notre alimentation. C’est certainement le meilleur moyen de prendre notre santé en main, dans notre assiette et au-delà !