Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire courante, évitable et traitable. Elle se caractérise par une obstruction progressive et non complètement réversible des bronches causant une limitation des débits aériens. Cette obstruction bronchique est due à une inflammation chronique et à des lésions des voies aériennes et du parenchyme pulmonaire en réponse à l’inhalation de particules nocives, le plus souvent la fumée de cigarette.
La BPCO est un problème majeur de santé publique. C’est la troisième cause de mortalité dans le monde avec environ 3,2 millions de décès en 2019. Elle touche 65 millions de personnes dans le monde et sa prévalence ne cesse d’augmenter. En France, entre 5 et 10 % de la population adulte est atteinte de BPCO, soit environ 3 à 6 millions de personnes.
Causes et facteurs de risque
Le tabagisme actif est de loin le principal facteur de risque de BPCO. Il est responsable d’environ 85 % des cas. Le tabagisme passif est également un facteur de risque.
L’exposition professionnelle à des agents irritants pulmonaires comme les poussières organiques, les fumées, les gaz toxiques ou la pollution de l’air intérieur augmente aussi le risque de développer une BPCO. Les professions les plus à risque sont celles du bâtiment, de l’agriculture, de la métallurgie, de l’exploitation minière ou du traitement des déchets.
Certains facteurs génétiques comme un déficit en alpha-1 antitrypsine prédisposent également à la BPCO.
L’âge est aussi un facteur de risque. La BPCO touche surtout les personnes de plus de 40 ans.
Symptômes
Les symptômes de la BPCO sont insidieux et s’aggravent progressivement avec le temps. Ils comprennent :
- Une toux chronique, souvent grasse le matin ;
- Des crachats (expectorations) ;
- Un essoufflement à l’effort (dyspnée) qui s’aggrave au fil du temps ;
- Une respiration sifflante (wheezing).
L’essoufflement est le symptôme le plus handicapant de la BPCO. Au début, il survient lors d’efforts importants puis apparaît pour des efforts de plus en plus modérés. Dans les stades avancés, il peut même être présent au repos.
Des infections bronchiques à répétition appelées exacerbations, caractérisées par une augmentation de la toux, des crachats et de l’essoufflement, surviennent également.
Diagnostic
Le diagnostic de la BPCO repose sur :
- L’interrogatoire médical (symptômes, facteurs de risque) ;
- L’examen clinique ;
- La spirométrie : test respiratoire mesurant le volume et le débit de l’air expiré. Elle met en évidence une diminution non complètement réversible du débit expiratoire.
- La mesure de la diffusion du monoxyde de carbone (DLCO) : optionnelle, elle évalue la capacité de transfert des gaz au niveau des alvéoles pulmonaires.
D’autres examens comme une radiographie pulmonaire, un scanner thoracique ou une gazométrie artérielle peuvent être réalisés pour évaluer l’atteinte respiratoire.
Classification de la sévérité
La BPCO est classée en 4 stades de sévérité croissante selon le degré d’obstruction bronchique mesuré par spirométrie :
- Stade 1 – BPCO légère : VEMS ≥ 80 % de la valeur prédite ;
- Stade 2 – BPCO modérée : 50 % ≤ VEMS < 80 % de la valeur prédite ;
- Stade 3 – BPCO sévère : 30 % ≤ VEMS < 50 % de la valeur prédite ;
- Stade 4 – BPCO très sévère : VEMS < 30 % de la valeur prédite.
VEMS = Volume Expiratoire Maximal par Seconde
Plus le VEMS est diminué, plus l’obstruction bronchique et les symptômes sont importants.
Complications
La BPCO peut entraîner plusieurs complications :
- Exacerbations : aggravation aiguë des symptômes respiratoires, souvent déclenchée par une infection. Elles altèrent la qualité de vie et accélèrent la dégradation de la fonction respiratoire.
- Insuffisance respiratoire chronique : incapacité des poumons à assurer correctement les échanges gazeux. Elle se manifeste par un manque d’oxygène et une rétention de dioxyde de carbone.
- Hypertension artérielle pulmonaire : augmentation de la pression dans les artères pulmonaires qui irriguent les poumons. Elle est due à un rétrécissement des vaisseaux sanguins pulmonaires provoqué par un manque d’oxygène.
- Infections pulmonaires : pneumonies, tuberculose.
- Cancer du poumon : le risque de cancer bronchique est multiplié par 5 à 10 chez les patients BPCO.
- Troubles cardiaques : arythmies, insuffisance cardiaque.
- Ostéoporose
- Dépression
Traitements
Bien qu’incurable, la BPCO peut être traitée pour soulager les symptômes, améliorer la qualité de vie et ralentir la dégradation de la fonction respiratoire.
Arrêt du tabac
L’arrêt du tabac est le traitement le plus efficace pour prévenir l’aggravation de la BPCO. Un sevrage tabagique doit être entrepris le plus tôt possible.
Bronchodilatateurs
Ils permettent de dilater les bronches et de faciliter la respiration :
- Bêta-2 agonistes : salbutamol, terbutaline ;
- Anticholinergiques : ipratropium, tiotropium.
Ils sont administrés par inhalation.
Corticoïdes inhalés
Ils réduisent l’inflammation bronchique. Ils ne sont pas recommandés en monothérapie mais en association avec des bronchodilatateurs en cas d’exacerbations fréquentes.
Vaccinations
Les vaccins contre la grippe et le pneumocoque permettent de réduire le risque d’infections pulmonaires.
Réhabilitation respiratoire
Elle associe un entraînement physique adapté, une éducation thérapeutique et un soutien psychologique. Son objectif est d’améliorer la tolérance à l’effort, la qualité de vie et de limiter les hospitalisations.
Oxygénothérapie
En cas d’insuffisance respiratoire chronique, l’oxygénothérapie (apport d’oxygène) améliore la survie et la qualité de vie.
Chirurgie
Exceptionnellement, une chirurgie de réduction du volume pulmonaire ou une transplantation pulmonaire peuvent être envisagées dans les BPCO très sévères.
Traitement des comorbidités
La prise en charge des complications et des maladies associées à la BPCO (cardiopathies, dépression, ostéoporose…) est également importante.
Prévention
La prévention de la BPCO repose essentiellement sur la lutte contre le tabagisme par :
- La prévention du tabagisme chez les jeunes ;
- L’aide au sevrage tabagique ;
- La lutte contre le tabagisme passif.
L’éviction des expositions professionnelles aux agents irritants par des mesures de protection collective et individuelle est également recommandée.
Le dépistage précoce par spirométrie chez les personnes à risque (fumeurs, expositions professionnelles…) permet également de diagnostiquer la BPCO à un stade débutant où les traitements sont plus efficaces pour prévenir la progression de la maladie.
Vos questions fréquemment posées
Quelle est la différence avec l’asthme ?
La BPCO et l’asthme sont deux maladies respiratoires chroniques qui peuvent présenter des symptômes similaires comme la toux, l’essoufflement et les sifflements. Cependant, contrairement à l’asthme, l’obstruction bronchique dans la BPCO est peu réversible et s’aggrave progressivement avec le temps. L’asthme débute souvent dans l’enfance alors que la BPCO apparaît plutôt chez l’adulte.
Quels sont les signes devant alerter et consulter ?
Il faut consulter rapidement en cas d’aggravation brutale des symptômes respiratoires (toux, crachats, essoufflement) qui peuvent signer une exacerbation de BPCO. La survenue d’un essoufflement pour des efforts de plus en plus légers doit également conduire à consulter pour dépister une éventuelle BPCO.
Peut-on en guérir ?
La BPCO est une maladie chronique non guérissable à l’heure actuelle. Cependant, avec un traitement adapté et un suivi régulier, il est possible de stabiliser l’évolution de la maladie, de contrôler les symptômes et d’améliorer la qualité de vie.
Quels sont les traitements naturels ?
Certains traitements naturels peuvent soulager les symptômes de la BPCO, en complément des traitements médicamenteux. On peut citer la sophrologie et la relaxation pour gérer l’essoufflement, les plantes expectorantes comme le thym ou le plantain pour faciliter l’élimination des sécrétions bronchiques, ou encore l’aromathérapie. Mais ils ne remplacent pas les bronchodilatateurs prescrits par le médecin.
Le mot de la fin
La bronchopneumopathie chronique obstructive est une maladie respiratoire fréquente, sous-diagnostiquée et aux conséquences graves. La prévention primaire par la lutte contre le tabagisme et la pollution atmosphérique est capitale. Le dépistage précoce et la prise en charge globale sont nécessaires pour améliorer le pronostic des patients et leur qualité de vie. Bien que non curable, la BPCO doit être considérée comme une maladie traitée pour stabiliser son évolution. Les traitements médicamenteux et non médicamenteux permettent de soulager les symptômes, prévenir les exacerbations et ralentir la dégradation de la fonction respiratoire.